Au cours des semaines qui suivirent le retour en classe de «ses» deux adolescents, Henri Pelletier eut le plaisir de constater que son fils semblait reprendre du poil de la bête : il se présentait à ses cours et avait même recommencé à faire assidûment ses devoirs, aidé par Édith, qui possédait une patience presque christique. Le gendarme était heureux de voir les deux Cracmols sortir ensembles le soir, car lui-même ne pouvait pas faire grand-chose et il ne voulait pas les empêcher de s'amuser. Respectueux de son fils, il n'osait pas poser de question mais il se chargea quand même de glisser discrètement une boîte contenant le nécessaire au cas où ils voudraient aller plus loin. Henri Pelletier n'avait nullement envie de devenir grand-père à quarante-deux ans, et il avait profité d'une douche très longue d'Édith pour en toucher un mot à son fils unique, qui avait plutôt bien réagi et compris les enjeux s'ils ne prenaient pas de précautions.
Durant l'après-midi du 28 février, tandis qu'il revenait d'une rencontre avec sa psychologue, Henri Pelletier fût très surpris d'entendre la sonnette de l'entrée, alors que son fils et sa petite-amie étaient partit avec leurs copains en ville. En grognant, le gendarme se leva du canapé grâce à sa canne et boita pour ouvrir la porte, tombant nez à nez avec un homme un peu plus jeune que lui, accompagné d'une femme asiatique aux étonnants cheveux bleus coiffés en pétards.
- Monsieur Pelletier?, demanda l'homme aux tempes grisonnantes en glissant ses doigts entre ceux de sa compagne.
- Oui?, acquiesça le père d'Armand en regardant ce duo d'un air perplexe. Que puis-je pour vous?
Après s'être échangés un regard angoissés, le couple se présenta comme étant Jean et Béatrice Beaufort, le père et la belle-mère (anciennement tante) d'Édith. D'abord surpris de voir deux sorciers sur le pas de sa porte, Henri Pelletier eut la politesse de les laisser expliquer la raison de leur venue.
- Nous voudrions voir ma...notre fille, articula Jean Beaufort en regardant discrètement par-dessus l'épaule du gendarme.
- Elle n'est pas là, répondit M. Pelletier en prenant appui sur le cadre de la porte. Voulez-vous que je lui dise que...
- Nous avons des raisons de penser que quelqu'un nous empêche de la contacter, monsieur, le coupa précipitamment Béatrice. Je vous en prie, écoutez-nous avant de claquer la porte!
Étant un homme conciliant, le père d'Armand accepta de laisser entrer le couple dans son appartement et referma la porte derrière eux.
- Faites comme chez vous, soupira-t-il en boitant avec difficulté vers la cafetière. Vous voulez un thé ou...?
- Le café nous convient parfaitement, sourit aimablement Béatrice en prenant place à la table usagée aux côté de son époux.
Pendant qu'il essayait de remplir les tasses sans faire de dégâts, le gendarme en échappa une qui s'écrasa sur le sol. Aussitôt, Jean dégaina sa baguette :
- Reparo!...Accio.
Immédiatement, la tasse revint à son état d'origine et vola jusqu'à sa place, permettant à un Henri Pelletier légèrement pris au dépourvu de remplir la dite tasse pour ensuite la servir à Jean.
- Merci!, fit le Sang-Pur en acceptant la jolie tasse verte.
- C'est à moi de vous remercier, rigola le gendarme. Vous m'avez évité de me pencher pour ramasser ma bêtise! Avec ma jambe, ce n'est pas évident de passer le balais...
Après avoir servi Béatrice et lui-même, Henri se laissa tomber sur sa chaise et invita ses invités à parler. Durant une dizaine de minutes, le couple Beaufort lui fit part de ses craintes par rapport à leur fille, dont ils n'avaient plus de nouvelles depuis des semaines.
VOUS LISEZ
La révolte d'une Cracmolle
Fiksi PenggemarLe premier tome de «La révolte d'une Cracmolle» suit l'histoire d'une Cracmolle de Sang-Pure, Édith Beaufort, durant les années 1990 en France. Alors que tout la destine a intégrer les Moldus, la jeune fille décide de tracer son propre chemin, malgr...