Chapitre 1 : D'un ennuis mortel

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Alice DETHOOR n'avait aucune idée de ce qui lui était passé par la tête. Mais elle était sure d'une chose : Elle ne regrettait pas. Elle ne regretterait pas !

« On est au 21ème siècle après tout ! J'ai le droit d'inviter un homme dans ma suite si l'envie m'en prend... Même si c'est un homme que je ne connais pas. Même si c'est un homme plus jeune que moi... »

Une heure plus tôt, isolée au bout de sa table, seule femme d'affaire occidentale au milieu d'un cocktail emplis d'hommes majoritairement Coréens, elle s'ennuyait comme un rat mort depuis 2 heures déjà quand les SMS avaient commencé à tomber.

« Son Ex ! »

Toute sa famille semblait d'être mise en tête de lui parler de lui.

« Cédric nous a invité à déjeuner après le déménagement. Ça s'est super bien passé. Tu es sure de toi ? » Commença sa mère.

« Trop sympa. Cédric est quand même venu nous filer un coup de main ! Gentil de sa part non ? » Fit sa sœur cadette quelques minutes plus tard.

« Jouer au foot avec C. On a gagné ! Vive nous ! » Commentait son beau-frère la demi-heure suivante.

« Mais putain ça fait quasiment 2 mois qu'on a rompu ! » Aurait-elle voulu crié à sa famille. « Lâchez l'affaire ! »

Mais ils ne comprenaient pas ; Comment l'auraient-ils pu ? Alice elle-même ne comprenait pas pourquoi elle avait rompu avec lui. Il était parfait. Il avait été un petit-ami doux et attentionné, d'un caractère facile à vivre et généreux durant l'année qu'avait duré leur relation.

« Sans compter qu'il est plutôt beau gosse ! » Avait régulièrement commenté la sœur cadette d'Alice durant l'année en question.

Et la jeune femme reconnaissait que tout ça était vrai, tout ce que ses parents et sa famille lui répétaient en boucle depuis leurs ruptures étaient vrai. Ils étaient parfaits l'un pour l'autre. Et Alice – comme sa mère aimait à le lui rappeler – était largement en âge de se marier.

« Qu'est-ce que tu veux de plus bon sang ? » S'était énervée Mme Dethoor lorsque sa fille aînée lui avait fait l'annonce de leur séparation. « Tu attends le Prince Charmant ? C'est ça ? Bah, si c'est ça, tu vas t'en mordre les doigts ma fille ! Le Prince Charmant n'existe pas ! Et, à ce rythme, tu finiras seule et vieille fille ! »

Alice avait haussé les épaules. Non, elle n'attendait pas le Prince Charmant. Et la perspective de vieillir seule ne l'effrayait pas le moins du monde. Moins en tous cas que l'idée de partager sa vie avec un homme aux côtés duquel elle s'ennuyait.

« Et les vieilles filles, ça n'existe plus ! » Avait-elle répliqué à sa mère. « On est au 21ème siècle je te rappelle ! ... Et ce n'est pas comme si j'avais 70 ans non plus... »

« Non, juste 36 ! Elles en sont où tes amis de ton âge ? Hein ? »

Alice avait répliqué qu'elles étaient coincées avec un mari – voir un Ex-mari – et une tripoté d'enfants là où elle, elle pouvait se permettre de vivre sa vie comme elle l'entendait, de mener la brillante carrière qu'elle connaissait et de gérer son temps comme l'envie lui en prenait...

La jeune femme n'aurait probablement pas été aussi cynique envers ces prétendues « amies » si ces dernières – devancées par sa mère et sa sœur cadette – ne se sentaient pas obligée de dénigrée son style de vie, et ses choix, régulièrement.

Alors à présent, la patience d'Alice était à bout. Elle ne voulait plus entendre parler ni de Cédric, ni de mariage, ni de petites vies bien rangées avec les 1,9 enfants, le pavillon familial entouré de barrières blanches et le chien requit par la norme et les statistiques.

Elle voulait de l'excitation et de l'aventure. Des grands espaces et des rencontres exaltantes. Du dépaysement et de la nouveauté.

Voilà comment elle était arrivée en Corée du Sud !

Sauf que depuis son arrivée à Séoul, tout ce qu'Alice en avait vu, c'était la suite du luxueux hôtel où elle séjournait, et les couloirs qui y menaient depuis la salle de conférence du rez-de-chaussée.

« Et à présent, la salle de réception ! » Corrigea-t-elle mentalement en avalant sa 3ème coupe de champagne, agacée.

Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. C'était elle qui, avant même son arrivée, s'était imposé des horaires de fous, enchaînant RDV sur RDV, conférences après conférences et n'éteignant son PC que bien après minuit. La brillante carrière dont elle aimait à se vanter devant sa mère avait un prix.

Elle abandonna sa coupe vide sur la table et, lasse, ôta les escarpins qui lui ceignaient douloureusement les chevilles. Sa montre indiquait 21h35.

« Une heure décente pour se retirer ! » Décréta-t-elle finalement.

Elle quitta sa chaise et, chaussures, blazer et smartphone en main, s'éclipsa du cocktail qui clôturait les 2 semaines de congrès dédiées à la finance internationale auxquelles elle venait d'assister. Elle aurait aimé aller courir. Mais n'en avait pas le courage. Elle aurait aimé un bon bain. Mais sa suite ne comportait d'une douche – veste certes, mais un douche néanmoins.

« Si j'aborde le sujet Cédric, tu vas m'envoyer bouler ? » Lui demanda sa cousine tandis qu'elle traversait le hall moquetté de l'hôtel.

« Y'a des chances ! » Répondit la jeune femme. « Qu'est-ce qu'il a encore fait de fabuleux cette fois ?! Sauver le monde d'une invasion de zombies ? Trouver un remède contre le Cancer ? »

Le nez vissé à son smartphone, elle ne vit pas les 3 hommes qui, sortant du tourniquet qui marquait l'entrée de l'élégant hôtel, se dirigeaient dans sa direction. Absorbés par leurs conversations, ils ne la virent pas non plus.

Et c'est comme ça qu'Alice Dethoor, 36 ans, brillante analyste financière française, rencontra Jung Hae In, 32 ans, acteur Sud-Coréen au succès et à la popularité avérés...

Un instant d'égarementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant