Chapitre 5

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Les coups de poing et pieds qui atteignaient la jeune femme n'en finissaient pas . Elle ne savait plus depuis combien de temps , Ousman s'acharnait sur elle . Une heure , deux ? Trente minutes , trois heures ? La jeune n'avait plus la notion du temps et se sentait partir . Fermant les paupières , elle pria silencieusement le tout puissant pour que ce dernier l'accueille dans son paradis .

Quand elles virent leur jeune soeur fermée progressivement les yeux sous les coups brutaux de leur mari , Adja , Aïcha et Sekina entreprirent de séparer l'homme en fureur du corps inerte de la petite .

Lorsque ce fut fait , elle portèrent Jenewa dans sa chambre .

Trois heures plus tard , la petite ne se réveillait toujours pas . Sa respiration était régulière mais cela devenait inquietant .

_ On devrait l'emmener à l'hôpital ! Proposa Aïcha en tournant en rond dans la chambre .

_ Ousman n'acceptera jamais et tu le sais . Déclara Adja en touchant le front brûlant de la petite .

_ Et si on faisait appel à Ma'a Salimta ?

Après un temps de réflexion , Adja accorda sa permission à Sekina pour qu'elle aille appelé la guérisseuse .

Sur son trajet , Sekina ne cessait de plaindre cette petite qui avait déjà vécu autant de malheurs et ce en si peu de temps . La vie n'avait pas été tendre avec cette petite et cela n'avait rien d'alarmant pour la communauté dans laquelle ils vivaient . Pour eux , marier de force leurs enfants d'à peine treize , quatorze , quinze n'avait de rien d'inconvenant . Non au contraire . Pour eux , une fille n'était bonne qu'à rester à la maison pour cuisiner et à pondre des dizaines d'enfants .
Nombreuses sont les jeunes filles dont les parents font les commerces tout en prétendant vouloir leur assurer un avenir meilleur . Mais ce n'est pas un avenir qu'ils leur assurent , non , c'est bien la mort . Une mort lente et douloureuse .

Lorsqu'elle arriva enfin devant l'humble demeure de la tradi-practicienne qui n'était rien d'autre qu'une petite maison modeste en bois . Elle poussa l'entrée de la clôture et pénétra la cour de la maison . Sillonnant du regard la cour , elle finit par apercevoir une femme dans la soixantaine aux tempes grisonnantes assise sur une natte en paille tressée .
Après avoir respectueusement saluer celle qui aurait pu être sa mère , cette dernière lui demanda la raison de sa visite .

Après lui avoir exposer les faits en omettant bien sûr de dire à la vieille femme que c'est son mari qui en est l'auteur , elles se dirigèrent toutes deux vers la villa des Aké .

Quand elle fit entrer la vieille dame dans la chambre de Jenewa , Sekina appréhendait fortement la réaction de la femme quand elle verrait l'état de la jeune fille toujours inconsciente .
Et pourtant la guérisseuse n'émit aucun commentaire et leur demanda de sortir toutes les trois .

Trente minutes après , Ma'a Salimta sortit de la chambre en leur présentant une mine grave .

_ Alors elle est réveillée ? S'enquit Aïcha impatiente et inquiète .

_ J'ai besoin de voir votre mari ! Déclara la vieille dame en ignorant délibérément la question d'Aïcha .

Ce fut le coeur tambourinant de peur et les mains moites que Sekina prit les escaliers pour rejoindre la chambre de son mari .
Soufflant pour se donner du courage , elle donna trois coups timide à la porte et sursauta quand elle entendit son mari lui demander qui c'était .
Prenant une inspiration , elle entra dans la chambre et le trouva coucher sur son lit de trois place entrain de visionner le grand écran de sa chambre .

_ T'ai-je donné la permission de rentrer dans ma chambre ? S'énerva Ousman .

_ Pardon . Dit-elle d'une petite voix .

_ Qu'y t-il ? Parle !

_ C'est euh ... Ma'a Salimta , elle aimerait s'entretenir avec toi .

_ Que me veut-elle ?

_ je n'en sais rien !

Ce fut après l'avoir lorgner que son mari se leva pour rejoindre le salon .

_ Je t'écoute femme ! Déclara t-il en s'asseyant sur l'un des riches fauteuils rembourrés de son salon .

Debout devant Ousman , la vieille dame le regarda avec mépris avant de lui cracher à la figure ces mots .

_ Vous battez votre femme alors que dans l'etat dans lequel elle est , elle devrait plus tôt être entourée et aimée .

_ C'est ma femme et j'ai tous les droits de la corriger .... Attendez , de quel état parlez-vous ? Demanda t-il soudain curieux .

_ Votre femme est enceinte .

_ Quoi ? Soudain intéressé , Ousman invita Ma'a Salimta à s'asseoir .

Hypocrite , il se mit à hurler sur ces femmes pour qu'elles apportent des rafraîchissements à la vieille dame .

_ Alors dite moi , Jenewa est vraiment enceinte ? Commença t-il après que la guérisseuse eut fini de boire son jus .

_ Oui , Ousman . Et cette grossesse pourrait etre fatale pour elle .

Le visage d'Ousman blêmit mais elle continua .

_ Il faudra qu'elle aille à ces consultations prénatales pour qu'il puisse la suivre de près .

_ Non , je ne peux pas me permettre de la ramener à l'hôpital dans cet état .

_ C'est vous qui l'y avez mise je vous signale ! Lui rappela la dame .

_ Je vous en prie , je n'ai confiance qu'en vous . Ils ne s'occuperont pas bien d'elle mais vous Oui.

Puis pour donner plus de poids à ces mots il sortit de la poche de son gros pantalon en Bazin ,une enveloppe dont il retira des liasse de billets de banque clinquants .

_ Je vous en prie . Supplia t-il en lui tendant les billets .

Après avoir pris les billets , La guérisseuse partit en lui faisant la promesse de revenir .

***Quelques mois plus tard***


Le ventre grotesquement rond , Jenewa se tenait droite dans cette camisole en Bazin riche devant son miroir . Cela allait faire six mois qu'elle était enceinte , et la jeune fille de quatorze ans avait cessé de pleurer sur son sort et se contentait de voir les jours passés . Elle n'était pas inquiéte pour cette grossesse que toute la famille Ake appréhendait tant . En vrai elle n'en avait cure de ce bébé et priait pour perdre la vie pendant ce maudit accouchement . Cela pourrait paraître cruel venant d'une femme de vouloir abandonner son enfant mais pour elle cet enfant représentait les viols , les abus de cet homme qui était devenu son mari sans son consentement . Cet enfant représentait la trahison de son père , à chaque fois qu'elle poserait les yeux sur lui , elle sentirait un arrière goût d'amertume et de haine dans l'âme .

_ J'espère que je mourrai en couche ! Souhaita t-elle en regardant avec mépris son ventre à travers le miroir .


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Merci de me lire 😘.

Les Hommes Au Pouvoir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant