Chapitre 1

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"Désolé Monsieur Park, il n'a pas survécu."

Entre vous et moi, je n'ai même pas assez de larmes pour pleurer. Il a eut le destin qu'il devait avoir, grand homme qu'il est. Lui et ses éternelles ailes noires d'ébène.

"Je vous demanderais de bien vouloir me suivre, nous devons parler du testament."

Cela ne faisait que quelques minutes qu'il était parti et me voilà déjà sollicité. Il n'y a plus aucune honte, plus aucune décence au deuil.

Après tous, les morts ne parlent pas.

Je lui lançai un dernier regard, croisant une dernière fois ses yeux livides. Dévêtu de toute humanité, comme toujours. Sauf que cette fois-ci, il était mort. La jeune femme censée s'occuper de moi me regardait avec pitié. Un "enfant" seul, démuni, abandonné à lui-même, devait-elle se dire. Je la regardais faire, sortant un tas de dossiers, tous écrits par des macchabés. Elle s'arrêta sur un dossier en particulier, celui me concernant. Il était plutôt différentiable des autres, étant muni d'un liseré rouge sang sur sa tranche et d'un signe bien particulier en son milieu, une fleur blanche, une fleur de magnolia.

"Je lègue à mon fils unique, ma vie vécue."

Je souris. C'est adorable père.

"C'est tout ce que votre père a écrit. Tous ses biens matériels comme spirituels vous reviennent donc."

Je sens déjà son âme se moquer de moi. Me hantant... dictant ce qu'il aurait voulu me voir faire, encore une fois. Il s'attendait sûrement à ce que je reprenne tout en main, comme il a tenté de m'apprendre des millions de fois. Depuis combien d'années déjà ? Depuis combien de temps maman est morte ? Sept ans... Bientôt huit.

Lorsque qu' elle était encore parmi nous, quelle belle vie de famille nous avions ! Puis mon père  commis l'adultère. Et pas qu'une seule fois. Pourtant, ma mère lui a toujours été fidèle, toujours aux petits soins pour lui. À lui préparer ses repas, repasser ses chemises, lui sourire chaque jour, même le dernier. Ce fameux jour, où elle n'est jamais rentrée. Celui de sa disparition. Celui où on m'avait dit qu'elle était partie refaire sa vie.

Pardon, le jour où mon père m'a dit qu'elle était partie refaire sa vie. Et dire que je l'ai cru, enfin, tout du moins avant que je ne découvre sa mort. Assez stupide, de laisser trainer la facture de la morgue sur la table du salon. J'avais dix ans à l'époque, cela faisait un peut plus d'un an que j'attendais désespérément un signe de vie venant de ma mère, une lettre, rien qu'un petit mot... Et j'ai eu le droit à une facture. Très charmant.

Depuis tout ce temps maintenant, je le vois monter tout son petit monde, créer ses contacts, agrandir sa richesse. Ma richesse désormais. Depuis mes dix ans, je l'observe jouer avec des vies, la mienne comprise. 

Maintenant, je suis en faculté de droit, j'ai toujours aimé la justice. Plutôt ironique. Je me demande encore chaque matin pourquoi j'ai choisi cette voie. Surtout le lundi à 6 h 25. Enfin, je m'en sors, c'est tout ce qui compte. Je travaille dans un des karaokés de mon père, qu'il m'avait offert lors de l'obtention de mon diplôme. J'ai réussis à en faire un endroit assez accueillant, jusqu'au point où j'appréciais y passer du temps. Me défouler comme je ne pouvais pas le faire devant mon paternel. Danser, chanter à ne plus avoir de voix. Les clientes adoraient regarder ce spectacle, moi et moi seule abandonnant mon masque.

Ma collection de masques, aussi polyvalente que les filles avec qui je finissais la soirée quand je l'enlevais. Elles disaient que mes danses étaient affrivolantes. Je leur disais qu'elles étaient bandantes et sans plus de cérémonie, on finissait dans un endroit clos. Je souris les yeux baissés rien que d'y penser. Éveillant la curiosité de la charmante demoiselle qui me parlait du dossier.

𝐁𝐮𝐭𝐭𝐞𝐫𝐟𝐥𝐲 ❞ [ʏᴏᴏɴᴍɪɴ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant