DES VŒUX EN HÉRITAGE [Terminé]

Le livre

Le lendemain matin, Eline et Julia étaient réveillées de bonne heure avec la même ambition que la veille, mais pour se faire, elles devaient avoir le ventre plein. Le petit-déjeuner les attendait comme chaque matin sur la grande table du salon. Elles ne se firent pas prier, ingurgitèrent leur jus d'orange et se goinfrèrent de muffins et autres petits gâteaux. Repues, elles se mirent en quête du très convoité parchemin magique.
Après des heures de recherches vaines, les deux filles avaient perdu tout espoir.
- On a cherché partout... Je suis sûr que Papa nous a raconté des bobards... Cet héritage magique n'existe pas.
Elles étaient sur le point d'abandonner quand une illumination vint à l'esprit de Julia.
- Il reste un endroit où on n'a pas cherché...
Eline interrogeait sa sœur du regard.
- Le bureau de Papa !
- Mais tu es folle ! Tu sais bien que Papa nous a interdit de rentrer dans son bureau.
- Et pour quelle raison à ton avis ? répondit Julia d'un air malicieux.
Eline écarquilla les yeux. Sa sœur avait raison, c'était une évidence, le parchemin ne pouvait être que là.
- D'accord, on y va ! finit-elle par céder après une courte réflexion.
Cachées sous une table, les deux soeurs attendirent patiemment que Madame Pommesec - leur nourrice qu'elles adoraient tourmenter - passe son chemin.
Une fois la voie libre, elles sortirent de leur cachette, tournèrent délicatement le loquet de la grande porte en chêne du bureau interdit et y pénétrèrent discrètement après avoir vérifié que le périmètre était bien dégagé. Elles ne tardèrent pas à trouver l'objet tant convoitisé. Une jolie boite en bois sombre vernis trônait sur une des étagères de l'immense bibliothèque murale, et en l'ouvrant, elles constatèrent avec émerveillement qu'elle renfermait bien un livre. Il était en bien meilleur état que ce qu'elles s'étaient imaginées. Leur père ne leur avait donc pas menti, il existait bel et bien. Restait encore à voir si celui ci était capable d'exaucer des vœux comme il se plaisait à leur raconter. Cependant, l'encrier et la plume qui permettaient de donner vie aux vœux n'étaient pas conservé ensemble. Heureusement, ceux-ci ne furent pas si difficile à trouver, ils avaient été déposés dans un tiroir qui n'était même pas fermé à clef. Julia souffla dessus pour chasser la poussière et l'essuya avec le revers de sa manche pour confirmer son authenticité. Les résidus de poussière voletaient ici et là, accompagnés d'une fumée et les firent éternuer simultanément. L'encre bleu Marine était la même que celle utilisée dans le livre. Elles commencèrent à lire des vœux remontant à des siècles puis les abandonnèrent pour une page vierge succédant aux vœux de leur père.
- Hey regarde Des phrase apparaissent sur la page ! S'extasia l'une d'elles
Des dessins apparurent décorant la page. L'encre s'illuminait d'abord puis devenait sombre.
Bouche-bée, Eline et Julia ne pipaient pas mot. Elles n'en croyaient pas leurs yeux. Les dessins prirent vie et un oiseau s'installa à côté de leurs prénoms. Eline et Julia Voss, Le Vypérine du Manoir.
Les enfants n'en revenaient pas Comment savait-il leurs prénoms...
Une seconde phrase apparues ; Tous vœux peuvent être exaucés à l'exception de certains. Si vous avez découvert ce livre aujourd'hui, vous avez des vœux à formuler. Attention, ils sont tres important et changerons votre avenir. D'habitude les Voss héritent de ce livres lors de leur vingtième anniversaire. Vous avez même pas douze ans. Etes vous bien sûr de vous ?
Eline et Julia s'échangèrent un regard paniqué. Il pouvait lire dans leurs pensées
Puis, il demanda de manière rhétorique :
Vous connaissez les règles ? Elle y écrivirent à leur tour : Non.
Eline et Julia sentaient l'excitation monter. Elles jubilaient à l'idée de pouvoir réaliser le moindre de leurs désirs.
Vous avez le droit à trois vœux chacune. Voici conditions : vous ne pouvez pas souhaiter d'avoir un nombre de vœux illimité, le souhait de ramener les défunts à la vie n'est pas accordé, tout comme souhait n'annuler le vœu précédent, aussi, il ne vous sera accordé la vie éternelle.
Elles poussèrent un soupir de déception.
Attention à bien formuler vos souhaits, car une fois prononcés ou écrits, vous ne pourrez revenir en arrière !
La porte du bureau s'ouvrit brusquement sur Madame Pommesec qui entra en trombe dans la pièce. Eline avait réussi à dissimuler le livre sous son tee-shirt à temps. Affolée, la pauvre femme les cherchait partout depuis une bonne heure. Elle se précipita vers elles pour les serrer fortement dans ses bras, puis une fois la panique évacuée, elle les tira par les oreilles, les entraînant hors du bureau de Monsieur Voss.
- Je me suis fait un sang d'encre ! Que faisiez-vous dans le bureau de votre père ? Vous savez bien que vous n'avez pas le droit de jouer ici ! Allez vite vous changer, c'est l'heure de votre cours de tennis !
Les enfants détestaient jouer au tennis, surtout depuis que c'était Madame Pommesec qui leur donnait le cours. Elle était constamment sur leur dos. Quand ce n'était pas pour jouer au tennis, c'était pour partir en excursion, ou pour faire de la pâtisserie, ou des leçons... Il y avait toujours une bonne raison. Elles n'en pouvaient plus, la gouvernante était après elles à longueur de journée. Elles, voulaient simplement être tranquilles et s'amuser ensemble comme n'importe quels autres enfants de leur âge. Si seulement cet vieille dame pouvait ne plus leur courir après...
- J'aimerais qu'elle n'ait qu'une jambe... Elle ne pourrait plus nous suivre partout comme ça, dit Julia.
En une fraction de seconde, Madame Pommesec trébucha dans l'escalier, dévalant les marches en roulé-boulé jusqu'en bas.
Les deux enfants se précipitèrent en haut des marches et soupirèrent de soulagement en découvrant qu'elle était toujours vivante. En revanche, elle semblait souffrir le martyre et criait de douleur.
- Ma jambe ! Ma jambe !
Un autre domestique accouru à son secours et contacta les urgences qui arrivèrent en quelques minutes et emmenèrent Madame Pommesec pour soigner sa jambe cassée. Elle fut ramenée le soir-même à la propriété, la jambe dans le plâtre. Les cours de tennis étaient annulés jusqu'à nouvel ordre.