Les 3 élus tome 1 : l'ancêtre

11/Enterrement et nouvelle ennemie :

            Les pompiers étaient arrivés plusieurs heures après. Ils avaient trouvé Pauline sur le perron. Manu prétendait qu'ils s'étaient disputés et qu'elle avait quitté son domicile. Il ne découvrit, le corps, que le lendemain matin.

L'hôpital avait cherché Marion et quand celle-ci y était retournée en pleine forme. Elle usa de son don pour modifier la mémoire des médecins les forçant à signer l'autorisation de sortie.

Marion n'aimait pas obliger les gens à faire des choix dictés par elle-même. A chaque fois, elle avait l'impression de violer leur esprit. Durant le laps de temps où elle prenait possession des personnes, elle connaissait aussi leurs pensées, leurs souvenirs et leurs désirs les plus profond.

Les parents de Pauline devaient rentrer le lendemain matin. Manu préparait déjà les funérailles avec leur accord, à croire qu'il commençait à avoir une quelconque expérience.

L'enterrement devait avoir lieu le cinq Décembre.

Manu s'enferma dans un mutisme ne parlant que quand cela été nécessaire. Le reste du temps, il évitait ses sœurs.

Il était dans le salon assis, sur le canapé, à préparer les funérailles.

Le temps était pluvieux. Il entendit un bruit dehors. Il regarda par la fenêtre et il se souvint.

La pluie dégoulinait sur les carreaux. C'était un début de week-end où l'on ressent qu'on va rester enfermé à la maison. Manu devait avoir six ans. Il était en train de jouer dans le salon. Son père, Eric, mettait la table dans la salle. Il n'y avait pas encore la cuisine à l'américaine. Un mur se tenait droit à l'emplacement du bar. Seule, une porte laissait entrevoir une cuisine rustique. Eric était jeune, du haut de ses vingt-cinq ans. Il imposait toujours par son charisme.

Le petit Manu s'affairait avec sa petite voiture à la faire rouler sur le canapé. Le vent cinglait contre les vitres et la pluie les martelait mais, malgré ce bruit, il entendit et il regarda par la fenêtre.

Un camion de déménagement s'était garé devant la maison d'en face, déchargeant les meubles rapidement pour ne pas les abimer. Il approcha son nez de la vitre pour mieux voir. Là, se tenait une petite fille qui devait avoir son âge. Des petites bottes en caoutchouc rouge, un petit ciré jaune ! Manu s'imaginait, déjà, en train de jouer avec elle.

« Papa ! Je peux aller jouer, dehors, avec la petite fille ! » Demanda-t-il le nez contre les carreaux.

Eric revenait avec une pile d'assiette.

« Tu ne vois pas qu'il pleut. Tu ne peux pas ! »

Manu était triste. Il aurait voulu être plus proche pour mieux voir la petite fille. Il bascula, alors, au dehors. Il se retrouva le nez contre le gazon humide devant les yeux de la petite fille qui regardait au travers le mur de pierre et les trouées de la haie. Elle se mit à rire ce qui déclencha un fou rire général entre Manu et elle.

C'était les parents de Pauline qui arrivèrent. Il se précipita au dehors pour les accueillir. La mère de Pauline lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, en plus vieille et en plus joufflu et ronde. Dès qu'elle vit Manu, elle vint l'enlacer ; Manu était comme un fils pour la famille Noivix. Il l'avait vu grandir. Il était ami avec leur fille depuis si longtemps. Et ça avait été un bonheur d'apprendre, il y a six mois, qu'ils s'étaient, enfin, mis ensemble. La pluie continuait de tomber. Le père de Pauline les fit rentrer dans leur maison.

Elle était aussi grande que celle d'en face. On rentrait directement dans la pièce principale. Une porte sur le côté donnait accès à l'escalier et la porte du fond sur la cuisine. Une impression de chaleur émanait du salon. Il faisait bon y vivre. Et ils l'avaient aménagée de manière à pouvoir accueillir plusieurs convives. Le chauffage n'avait pas été encore allumé, il faisait plutôt frais. Manu s'assit à côté de la mère de Pauline qui lui tenait la main. Elle avait les yeux rougis par le chagrin et des gros cernes sous les yeux. Le père de Pauline s'installa sur le fauteuil, en face d'eux. Son visage était beaucoup plus ridé qu'à l'ordinaire et ses cheveux avaient grisonné encore plus.