Chapitre 1

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La fête avait lieu sur la plage secrète, après la forêt. Tout le monde avait attendu ce moment avec impatience : les beaux jours les avaient nargués derrière les fenêtres du lycée mais, enfin , l'année était finie, le diplôme était en poche, et il était temps de fêter ça. Ils étaient une vingtaine autour du feu, et les crépitements illuminaient leurs visages. Côte à côte, comme toujours, Lily et Daisy observaient Nick. Il était brun, plutôt grand, un sourire d'ange. Toutes les filles en pinçaient pour lui alors qu'il n'en valait pas la peine. D'ailleurs, aux yeux des deux amies, aucun garçon n'en avait jamais valu la peine dans ce lycée de gamins, et elles n'avaient pas de temps à perdre avec des ados immatures. Seule Daisy, qui aimait aussi les filles, avait de quoi se distraire ce soir-là, et regardait d'un oeil amusé une petite rousse, de l'autre côté du feu.

 -Elle te plaît, dit Lily, perspicace. Va lui parler !

 -Non, j'oserai jamais... J'ai encore jamais rien tenté avec une fille. Mais laisse-moi au moins en rêver !

Un joint tournait. Daisy l'attrapa entre ses doigts pour le porter à ses lèvres comme si elle avait fait ça toute sa vie, et à en croire le motif sur ses socquettes - de petites feuilles de cannabis roses -, c'était le cas. Lily fuma à son tour. Elles se sentaient bien, la chaleur et la beuh leur embrumait l'esprit et elles renversaient parfois des bières plantées dans le sable en essayant de danser. Vers 4 heures du matin, le feu ne fut plus qu'un tas de braises, et la fête commença à se calmer. Chacun prit un chemin différent ; la plupart conduisait, mais Daisy et Lily préféraient rentrer à pied. La route, dans le noir, était calme et l'on pouvait entendre les paroles lointaines des autres ados sur le départ. Lorsqu'elles furent tout à fait seules, pourtant, leurs ombres se mirent à virevolter de droite à gauche dans des éclairs bleus et rouges.

 Lorsqu'elles furent tout à fait seules, pourtant, leurs ombres se mirent à virevolter de droite à gauche dans des éclairs bleus et rouges

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 -Merde, les flics, pesta Lily.

Daisy eut l'air embarrassée, mais ne dit rien et s'agrippa aux bretelles de son sac à dos. La voiture de police se gara à quelques mètres d'elles, et un policier sortit du côté passager.

 -Bonsoir mesdemoiselles, lança-t-il. Que faites-vous à une heure pareille, toutes seules, comme ça ? C'est pas prudent.

 -On sait, on rentre juste d'une soirée entre amis, on habite pas loin, au foyer...

 -Vous venez du foyer de jeunes filles ? Je vois. Sans parents pour vous surveiller, normal que vous trainiez à cette heure.

Le ton de l'officier se fit plus ferme. Dans l'obscurité, il était encore difficile de voir son visage et ce qui lui passait par la tête.

 -On va vous ramener, c'est préférable.

 -Non merci, on va marcher, c'est vraiment pas loin, dit Daisy, de plus en plus paniquée.

 -Vous n'avez rien à craindre, tant que vous n'avez rien à vous reprocher, pas vrai ?

 -Laissez-nous, grogna Lily. On a rien fait, on veut juste rentrer tranquillement... 

 -On va juste faire un petit test de routine, pour s'en assurer, d'accord ? 

A ces mots il prit entre ses doigts le menton de Daisy, qui se figea, et approcha son visage près de ses lèvres entrouvertes. Puis ce fut le tour de Lily.

 -Marijuana, dit-il simplement. Et pour l'alcool, pas besoin d'un éthylotest pour savoir que vous en avez bu, vous ne tenez pas du tout. Bon, vous savez ce qu'il va se passer pour vous j'imagine.

 -Quoi ? demanda innocemment Lily.

 -Au poste, toutes les deux, jusqu'à nouvel ordre.

 -Vous voulez dire en cellule ? Mais personne ne pourra venir nous chercher !

 -C'est pas mon problème, ni celui de mon collègue. On vous embarque, vous n'aviez pas qu'à jouer les grandes.

D'une poigne ferme, il saisit le bras de Daisy et la fit entrer dans la voiture en poussant sa tête. Lily, pétrifiée, regarda autour d'elle à la recherche d'une issue possible, mais avant même de songer à s'enfuir, l'autre policier, qui jusqu'alors était resté derrière le volant, sortit. La porte claqua dans la nuit. Malgré son visage froid, elle eut l'impression de le voir réprimer un léger sourire lorsqu'il lui passa les menottes. Son intuition se confirma lorsqu'il resserra ses bracelets.

 -Aïe, fit-elle.

 Ces flics étaient tout bonnement sadiques et les filles allaient en baver.

GOOD COP, BAD COPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant