9. Conflit

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Il était une fois, dans un Royaume lointain, un conflit d'intérêt qui durait depuis des décennies déjà. Resté stable durant les dernières années, les hostilités ne pouvaient que reprendre.

* * *

Une nouvelle journée débutait, aussi calmement que toutes les précédentes.
Jurdi se réveilla rapidement de sa couche, et après une rapide toilette aux sanitaires du camp enfila son armure pour se rendre à son poste. Jeune homme sortant à peine de l'adolescence, Jurdi s'était rapidement engagé dans l'armée n'ayant pas vraiment d'autre choix que celui de paysan, qui rebutait son esprit aventurier.
Affecté depuis quelques mois seulement à un fort frontalier à l'Empire Qairin, le jeune soldat aux longs cheveux bruns s'était vite habitué à la routine du lieu, et les longues années de paix avaient tôt fait de rendre cette affectation l'une des moins dangereuses du Royaume.

Ainsi, l'homme se dirigea comme à son habitude vers les créneaux pour y passer quelques heures avant de s'entraîner pour le reste de la journée. Saluant ses camarades au passage, il s'installa rapidement contre un mur d'une tour et se mit rapidement à rêvasser pour passer le temps. Le fort n'était pas imposant, et seule une centaine d'hommes l'habitait. Une affectation calme qui ne protégeait qu'un étroit col qui prendrait des semaines à être franchi par une armée. Tout cela était cependant bien loin des rêves de grandeurs du jeune homme, et le fougueux soldat n'espérait que de combattre sur un champs de bataille et d'accumuler les exploits et faits d'armes.

Comme chaque jour, son tour de garde se termina sans accroc, et Jurdi descendit des rempart, lassé. Il alla s'asperger le visage et se dirigea vers les cuisines pour prendre sa ration avant de s'installer sous un des rares arbres du fortin. Il mangeait lentement et mastiquait longtemps chaque aliment, pensif à la vie qu'il aurait mené s'il ne s'était pas retrouvé à cette affectation reculée, et, son déjeuner finit, commença à s'entraîner seule à l'épée, ses compagnons les plus proches étant de garde. Enchaînant les coups d'estoc et plongeant sa frustration dans l'exercice, il ne vit pas le rassemblement de soldats aux murailles.
Il dut finir un énième enchaînement avant de se rendre compte du calme qui régnait autour de lui, et, surpris de l'attroupement silencieux aux murailles s'empressa de le rejoindre. L'homme dut péniblement se frayer un chemin à travers les armures pour enfin arriver à un créneau duquel il pouvait contempler le spectacle qui s'offrait à lui.
Au loin, une immense nuage noir s'approchait lentement du camp, cachant le ciel et s'avançant à travers l'étroit col, le recouvrant petit à petit dans l'obscurité. La forme irréelle rampait inlassablement et le camp était plongé dans le silence. Ce deuxième point ne manqua pas de faire réagir le capitaine qui était réfugié dans sa tente, et il sortit à son tour constater l'étrange phénomène. Semblant être le seul avec un minimum de jugeote il s'empressa de réveiller ses subordonnés à grand cris.

- Mais que ce passe t-il dans votre esprit de paysan ? Tout le monde à son poste, fermez les portes et mettez vous en alerte bande d'enfants de shaniets !

Tous les soldats furent bousculés par cette soudaine animosité, et, bien qu'ils n'aient pas compris ce qui devait être une insulte, se mirent directement en action, le capitaine, satisfait, se tourna une fois de plus au loin pour contempler la curieuse masse. Ne détectant aucun changement alarmant, il se tourna et apostropha Jurdi qui s'avéra être le soldat le plus proche, et lui ordonna de prévenir le haut commandement de la situation.

- Prends un cheval, et ne t'arrêtes sous aucun prétexte. Utilises les relais et ne poses pied à terre que lorsque tu auras atteint ton but.

Avant que l'intéressé ne puisse répondre, mécontent de rater une certaine occasion de prouver sa valeur, il ajouta

- La valeur ne s'acquiert pas uniquement au combat, et il vaut mieux être celui qui conte que le sujet du poème. Maintenant va.

Jurdi ne se fit pas attendre plus longtemps, et bondit vers un cheval, décidé à mener sa première vraie mission à bien. Il n'avait pas encore franchi les portes arrières qu'un bruit sourd se fit entendre des montagnes. Le jeune homme se tourna sur son cheval pour examiner la provenance de ce bruit et eu juste le temps d'apercevoir une énorme boule de feu traverser le camp pour s'écraser dans l'une des tours de garde. L'alarme fut directement sonnée et une grande clameur se fit entendre derrière les murs. Peu désireux de rester plus longtemps dans les parages le jeune soldat talonna son cheval de plus belle et accéléra son galop, laissant le camp derrière lui le camp promettant de ramener des renforts.

La Légende de KiraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant