Chapitre 28

214 7 3
                                    

Pdv Lucian :

Je flippe. Je suis devant la porte à me demander comment j'en suis arrivé là. Ma fille est de l'autre côté de la porte avec sa mère. Mon enfant est là, c'est réel.

Je toque faiblement et une petite voix m'autorise à entrer. Je passe le seuil et la lumière blanche qui se reflète sur les murs me pique les yeux.

Mon regard se pose directement sur ma fille, sur Edene qui est dans les bras de sa mère. Je m'approche lentement, comme si j'avais peur que cette vision si idyllique ne s'en aille.

Heather caresse doucement la joue dodu de notre fille, avec tendresse et malgré les traits de son visage fatigués, elle semble aux anges.

Je m'assois sur le bord du lit et elle m'accorde un ultime regard. Ce regard que j'attendais, ce regard que je voulais tant revoir à travers ses belles émeraudes.

Exactement le regard qu'elle avait lorsqu'elle et moi c'était encore possible, ce même regard qu'elle me portait alors que tous les autres ne portaient sur moi qu'un regard de pitié.

Si j'avais ce droit, je l'aurai embrassé comme jamais je ne l'avais fait. Mais je crois que les premiers gazouillis de ma fille m'ont retenu. Elle ouvre de petits yeux sombres avant d'étirer ses lèvres en ce qui semblerait être un sourire.

-Tu veux la prendre ?

Me demande-t-elle avec une voix enrouée. Je hoche la tête bien trop impatient de connaître cette sensation. Je passe mes mains là où sont les siennes pour soutenir son crâne et son frêle petit corps.

Je ramène cet être contre moi, caressant lentement sa tête parsemée d'une légère touffe de cheveux. Nos yeux entre en contact et la même décharge que précédemment sa mère avait pu m'envoyer dans le corps, s'empare de ma peau.

Je viens faire le même geste que Heather contre sa pommette. Sa main remonte jusqu'à la mienne jusqu'à attraper mon doigt. Doucement elle finie par fermer les yeux, gardant mon doigt enfermé entre les siens.

Je la garde encore un peu près de moi avant de la poser délicatement dans son berceau qui est près du lit de sa maman. J'enlève tout aussi lentement mon index pour éviter d'être coincé tout en évitant de la réveiller. Je reviens ensuite m'installer auprès d'Heather.

-Comment tu te sens ?

Je demande, inquiet vu la rapidité des évènements.

-Comme quelqu'un qui vient d'extirper 2,4kg et qui a failli me déchirer de l'intérieur.

Je pouffe alors qu'elle ricane de la situation.

-J'aurai aimé être là.

Je dis sans vraiment réfléchir.

-T'inquiétes pas, tu n'as rien manqué d'extraordinaire. Tu serais rester debout tout ce temps et je t'aurai broyer la main.

-Et j'aurai pu couper le cordon ombilical de ma fille, j'étais pas là alors que j'aurai pu l'être. C'est Carter qui l'a fait c'est ça ?

Elle fronce soudainement les sourcils.

-Oui, il l'a fait.

-Il s'est aussi présenté comme le père alors qu'il n'avait aucun droit.

Je continue sur la même lancé, peut-être même un peu trop brusquement.

-Tu me fais quoi là Lucian ? Il était là point final, pourquoi tu veux revenir sur ce qui est fait ? Tu aurais préféré que je t'attende ?

-Bah oui.

Je rétorque sèchement et en haussant le ton.

-Moins fort, tu vas la réveiller.

Dit-elle en se redressant puis laissant une grimace prendre place sur son visage, de douleur. Elle se plaque contre son lit, une main sur le front, essayant de calmer la probable sensation désagréable qui prend place sur son corps.

-Ce que je veux dire c'est que je comprends pas pourquoi tu l'as laissé faire. C'est moi le père non ?

-Et personne ne t'enlevera ce titre, qu'est ce que tu t'imagines ?

Je souffle bruyamment.

-Bordel tu ne comprends rien.

Je me lève passant mes mains dans mes cheveux.

-Tu comprends pas qu'il veut tout ce que j'ai.

-Tu deviens paranoïaque.

C'est à son tour de souffler.

-T'as pas remarqué ? Depuis que j'ai foiré à la soirée, il fait tout pour être là où je suis par rapport à toi et à Edene maintenant. Son but c'est de t'avoir, il en a profité et le pire c'est que tu t'en es même pas rendu compte.

Elle me regarde les sourcils haussés comme si j'avais dit la plus grosse bourde.

-Toi qui voulait tout bien faire pour le bébé, là t'as merdé en beauté.

-Tu me parles de merder alors que littéralement ça a bien failli mal finir ?! Si on doit se reprocher des choses dont on est pas le fautif, fallais pas aller à ta réunion de famille et peut-être que tu aurais pu assumer comme il fallait ton rôle.

-Tu te cherches des excuses, ça fait pitié. Tu n'essayes même pas de comprendre pourquoi ça me fume autant. Je t'ai pas assez prouvé que je voulais faire partie de sa vie et que c'était important pour moi.

-T'es venu pour me faire des reproches ou pour quelque chose de plus utile.

Je regarde un instant par la fenêtre. J'ai même plus envie de lui parler et de lui dire ce pourquoi je suis là. Je suis saoulé.

-J'étais venu pour te parler de mes responsabilités.

Je commence malgré tout.

-Je peux pas t'assurer que je pourrais tout gérer, que je pourrais tout assumer maintenant. J'ai envie de faire des efforts encore plus que ces derniers temps, d'entrer dans sa vie et de la partager. Je veux en faire parti, simplement mais je peux rien garantir sur quand tout sera comme tu l'imaginais.

-Alors c'est non.

Je fronce les sourcils.

-Pardon ?

-Je ne veux pas que tu fasses partis de notre vie si c'est pour que ça ne soit pas stable. C'est soit oui, soit non, mais pas de peut-être. Si t'es pas prêt totalement, c'est non.

Je suis sur le cul, j'ai mal.

-Tu pourras toujours revenir quand tu seras prêt, réellement prêt.

Je viens de me prendre une gifle monumentale.

-Désolée Lucian mais je ne reviendrais pas sur ma décision.

Sa voix se brise tout de même sur les dernières syllabes. J'aime à croire qu'elle a autant mal que moi, que toute cette situation n'éclate pas le coeur qu'à moi.

Je hoche la tête une fraction de seconde, avant de pincer mes lèvres et d'aller vers le lit de ma fille. Je la regarde, je détail chacun de ses traits, je les imprime. Je glisse deux de mes phalanges sur sa joue et sa petite main revient attraper la mienne, comme si elle sentait que c'est moi.

Je souris automatiquement à ce geste si particulier. Je me penche vers mon bébé, dépose délicatement mes lèvres sur son front avant de lui chuchoter un "je t'aime".

Je me redresse et retire ma main avant de quitter la chambre de la maternité, sans manquer bien sûr de tomber sur Carter qui s'apprêtait à ouvrir la porte.

Je le jauge un instant, de haut en bas.

-T'as gagné.

Je lâche sans réfléchir avant de définitivement me casser de cet endroit. Je le laisse prendre la place qu'il a toujours voulu et pour laquelle il se bat depuis cette fameuse soirée ou mon monde a cessé de tourner.

Je passe par la salle d'attente ou tous me voient partir. Aucun ne me retient, sûrement parce que tout le monde sait comment ça devait finir.

Real [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant