♡ Chapitre 19 : un vent de liberté ♡

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Till

— Je veux une explication. Tout de suite, ordonna la reine Annabelle à l'esclave effrayé.

Le coeur de Till battait à cent à l'heure. Il était possible qu'il ait malencontreusement utilisé la Mélodie, ce don qui n'en était pas un, pour éloigner les gardes de la porte et permettre à quelques esclaves de s'enfuir.

Il était également possible qu'après avoir entendu Ayna menacer une esclave de douze ans de la battre à mort si elle n'apprenait pas à lui servir à manger plus rapidement, il avait sauté sur la princesse en plein milieu du dîner et avait poussé sa tête dans son bol de soupe de tomate.

Un vent de rébellion soufflait dans le coeur de Till. Mais devant la reine, il perdait légèrement ses moyens.

— Donc ? Toi, le prisonnier modèle, sage et docile, qui se rebelle un beau jour ? Je n'y crois pas. Je pensais que tu étais différent de ces énergumènes dépressifs qui nous servent de personnel.

Elle le poussa d'une main. Till n'étant pas bien lourd, il retomba un bon mètre plus loin, mais se releva aussitôt, affrontant le regard de la reine de tous ces fous.

— Je te pensais différent, presque digne de gagner ta liberté dans quelques mois. Mais visiblement, je me suis trompée sur ton compte. Je suis déçue, je pensais réellement que tu serais le premier esclave à gagner le droit de retourner chez les tiens.

La bouche de Till s'ouvrit légèrement tellement il était stupéfait.

— Emmenez le aux cachots et laissez-y le une journée entière, ordonna-t-elle à des gardes. Mes enfants iront lui rendre une petite visite.

Till, complètement abasourdi par ce que la reine venait de lui dire, ne se débattit même pas. Il aurait pu gagner sa liberté... ? S'il était resté docile quelques mois de plus... ?

Il aurait pu rentrer chez lui, retrouver sa famille, ne plus être traqués par les Ailés ? Il était vraiment passé à côté de cette opportunité ?

***

De lourdes chaînes en métal froid le retenaient près du mur cimenté. Il était dans le noir complet. Il respirait calmement, essayant de maîtriser la tempête de sentiments qui tournait dans sa tête.

Till réalisa que la reine avait peut-être menti. Oui, elle avait sûrement menti. Les Scriruslèmiens n'auraient jamais laissé quelqu'un - de vivant - partir.

La porte de sa cellule s'ouvrit, laissant deux silhouettes entrer, avant de se refermer. Till se tassa sur lui-même, même si cela ne servait à rien : les Scriruslèmiens pouvaient quasiment voir dans le noir.

— Voilà donc le petit rebelle, s'amusa la voix d'Ayan.

Till se rappella de respirer. Il se mit à trembler. De toute la famille royale de Scriruslème, c'était Ayan qu'il détestait le plus. Il avait fait vivre un cauchemar à son meilleur ami Carl. Et aussi, il le détestait encore plus personnellement. En fait, il le détestait car il le terrifiait.

— De la soupe de tomate, fulmina Ayna en attrapant l'esclave par les cheveux. Mes cheveux étaient sales, ma coiffure ruinée, et j'ai sentit la tomate pendant des heures !

— B... bien fait, balbutia Till. Il ne fallait pas s'en prendre aux plus jeunes.

Quitte à s'être enfoncé dans les ennuis, autant y rester pour de bon. Sa docilité était révolue.

Gayleri : les prisonniers des Ailés - 2 [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant