I- Se jeter dans l'inconnu

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Enola Oakriver avançait d'un pas lent et peu convaincue dans la gare, essayant de se frayer un chemin parmi les nombreux étudiants et familles qui voulaient, eux aussi, atteindre le train. Tous ces bagages à la main, la jeune fille se hissait parfois sur la pointe des pieds pour essayer d'apercevoir son train. Et d'après ce qu'elle observait, elle en était encore loin, et devrait braver la foule de personnes devant elle pour l'atteindre. Ce train était celui sensé l'amener à l'académie féerique, dans laquelle elle avait été inscrite, il y avait seulement quelques jours; et elle était d'ailleurs surprise d'avoir eu une réponse affirmative après une demande si tardive de la part de la famille Oakriver.

Enola s'arrêta au milieu de la foule, perdue et désemparée. Toute cette histoire, qu'elle n'avait connue que quatre jours auparavant lui avait révélé qu'elle était membre d'une communauté magique. Pour essayer de se remettre les idées au clair, l'adolescente passa une main dans ses cheveux châtains aux reflets roux en tournant sur elle-même, elle en profita pour lever les yeux au ciel et rencontra le toit rouge brique de la gare, rien de très magique, pensa-t-elle. Enola avait toujours su qu'elle était différente des autres, que la vie qu'elle avait connu jusque maintenant, n'était pas une vie pour elle, dans laquelle elle voulait évoluer et grandir. Mais de là, à ce qu'un beau matin, sa mère lui annonce qu'elle pouvait faire de la magie, mais qu'elle était en plus de cela une fée. Cela était.... elle cherchait le meilleur mot pour décrire la situation, mais malheureusement n'en trouvait pas qui convienne parfaitement. Elle en trouvait une centaine mais aucun de réellement adapter à la situation.

Farfelu? ( Elle était une fée!) Dingue? ( Les fées n'existent pas, c'est impossible!) Incroyable? ( Mais peut-être devrait-elle commencer à ouvrir son esprit, à ce nouveau monde "magique"?) Merveilleux ? ( Non. Si? Non. Peut-être? Elle ne savait pas. Plus. Elle ne savait plus.)

Elle soupira longuement. Dorénavant, elle n'était plus seulement la Enola Oakriver qui allait au lycée de sa ville natale, elle était devenue Enola Oakriver la fée qui se rendait dans son académie magique! Alors qu'elle n'avait jamais fait de magie auparavant! Cette histoire n'avait décidément aucun sens. Sa mère et sa grand-mère avaient sûrement dû lui faire une mauvaise blague, elle s'attendait à tout moment de voir les gens qui l'entouraient l'applaudir et les caméramens qui étaient cachés et déguisés en étudiants criés en chœur : " C'est dans la boîte!", avant d'éclater de rire. La magie, elle n'en avait jamais fait, et n'en fera sûrement jamais. Comment faisait-on de la magie, d'abord?

Elle s'arrêta encore une fois au milieu de cette gare, les idées confuses.

Qu'est-ce que je fais ici alors? Pensa-t-elle, se sentant soudain comme une étrangère au milieu de cette foule.

Elle s'était entêtée à croire, qu'elle n'avait pas sa place ici. Et sûrement qu'elle ne l'aurait jamais, pour elle, elle semblait être une intruse au milieu d'une communauté qu'elle ne connaissait que dans les dessins-animé pour enfants. Les seules connaissances qu'elle possédait, démontraient toutes les unes après les autres qu'elle ne pouvait pas être une fée. De prime abord, les fées avaient des ailes, ce qu'elle, modeste mortelle, n'avait pas. Ensuite, elles étaient gracieuses et savaient combattre les monstres et leurs ennemis féroces en talons aiguilles. Cette pensée la fit rigoler quand elle se compara à ce deuxième point. La grâce ne faisait pas partie de ses talents et les talons aiguilles... elle était déjà assez maladroite comme ça sur des baskets, elle n'avait pas besoin de prendre de la hauteur. Troisième point, les fées aimaient les animaux et la nature. Or, Enola détestait le camping, à cause des petites bêtes qu'on pouvait y trouver mais également parce qu'elle adorait son lit moelleux et douillet.

Conclusion : elle n'était pas une fée. Tout au plus un gobelin, mais pas une fée.

De l’autre côté de la gare, Maeldan Huo venait de prendre son billet garantissant ainsi son voyage en train. Le jeune homme transporta ses nombreux bagages derrière lui, en regardant autour de lui. Il parvenait à reconnaître les visages familiers qu’il voyait chaque année. La plupart d’entre eux n’étaient pas les gens qu’il avait l’habitude de côtoyer, alors il se contenta de leur jeter un coup d'œil sans vraiment leur prêter une attention particulière.
Il continua son chemin pour se rendre à l’étage. il lui restait une demie-heure avant le départ de son train. Il avait le temps de se rendre à la boulangerie et de s’acheter un petit quelque chose à manger.

Arckeylor, L'Académie FéeriqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant