❣️hafsatou ❣️
Sans pouvoir me défendre, je me retrouve mariée dès le lendemain où j'ai appris la nouvelle, ironique, n'est-ce pas ? Mariée à un homme que je ne connais pas, qui a déjà une épouse. J'aurais pu imaginer tout, sauf ça, pas ça !
J'arrive dans le village où je suis mariée, accueillie selon la tradition. Je ne pense plus à rien, mon être est en pause. Je ne pleure pas, ne parle pas, et ne mange pas depuis le jour où l'on m'a informée de cette union. On m'enroule dans un Bazin blanc et un autre Bazin sert de voile. Après d'interminables rituels, je suis conduite dans la chambre de mon époux. Après leur départ, je commence à pleurer. Mon grand-père me manque, ma mère me manque. Je n'avais qu'eux dans ma vie. S'ils étaient là, tout serait différent, si seulement ils étaient là...
La porte s'ouvre sur un homme d'une quarantaine d'années peut-être, grand de taille, 1m80 peut-être, de teint noir. Je veux le regarder pour deviner ce que ma vie va devenir, mais son visage est froid comme un iceberg. Il s'assoit près de moi, mais je recule. Il me regarde intensément avant d'enlever son tee-shirt, je recule encore.
- Comme tu veux, tonne une voix, sa voix rauque.
Il se lève et sort de la chambre. Je regarde attentivement la pièce et trouve qu'elle est modeste, un lit de deux places, une armoire des années 80, un porte-manteau où il y a quelques-uns de ses pantalons. C'est suffisant pour moi, vu que je n'ai jamais baigné dans le luxe.
Je reste assise là toute la nuit, mais aucun signe de mon mari. Je me dis peut-être qu'il ne va pas me toucher et que je devrais dormir, car je suis fatiguée. Je ramène la couverture sur moi et plonge directement dans les bras de tonton Morphée.
Je me réveille comme à mon habitude, avant tout le monde. Je prends ma brosse à dents et sors de la chambre avec un petit seau d'eau. Je me brosse rapidement les dents, fais mes ablutions et entre dans la chambre. Je cherche désespérément mes habits pour pouvoir prier, mais en vain. Je sors de la chambre qui mène directement à la terrasse. Après des coups d'œil rapides, je vois que la grande maison est juste à côté. Je soupire avant de me diriger vers celle-ci. J'ouvre doucement la porte qui mène à un long couloir. Je toque doucement, mais personne ne me répond. Je décide de retourner dans ma chambre et de prier comme je suis habillée.
Lorsque j'étais au beau milieu de ma prière, j'entends des cris de femmes, des insultes envers je ne sais qui. Je fais abstraction de cela et continue ma prière. Après le taslim , je fais des du'as pour mon ménage, mais subitement la porte s'ouvre.
- C'est une abomination, quelle honte ! s'écrie une sœur à mon mari.
- Qu'est-ce qu'il se passe, belle-sœur ?
- Donc les rumeurs sur toi sont vraies ? Tu n'es qu'une fille à tous les hommes ? Tu me déçois. C'est moi qui ai proposé à la famille qu'on t'épouse. Tu avais l'air innocente, mais là, c'est la pire des choses. Tu n'es même pas capable d'être innocente à ton mariage.
- Mais... mais... qu'est-ce qu'il se passe ?
Elle m'attrape le bras et me pousse à l'extérieur. Il y avait énormément de personnes, même mon père et ses deux femmes.
- J'ai appelé tout le monde pour vous dire que je ne veux pas d'une fille qui s'est donnée à tout le monde. Je ne peux accepter le reste des hommes du village. Aujourd'hui, j'ai consommé le mariage avec Hafsatou, mais elle n'est pas vierge, donc je ne peux la garder.
Si on pouvait dire quel est le jour le plus douloureux de ma vie, j'aurais répondu sans réfléchir que c'est celui-ci. Si la honte pouvait tuer directement, je serais en ce moment près de mon grand-père. Il vient d'inviter le village entier juste pour leur dire que je ne suis pas vierge, alors qu'il ne m'a même pas touchée. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter cette vie que j'ai ? J'ai cru en une seconde que ma situation allait s'améliorer, que j'allais l'aimer peu à peu, mais là, ce que je veux, c'est mourir. Mon père s'approche de mon mari, que je ne connais même pas le nom.
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A Chacun Ses Péripéties
SpiritualLe chemin n'a jamais été facile pour hafsatou. Elle a des blessures partout. Dans ses souvenirs, des regards, des rires, des mots blessants, des coups bleus et durs et peu d'encouragements et de sourires. Il y avait toujours au fond d'elle, cette...