Tout ce que l'on a (plus)Tu n'attendras donc personne ?
Je commence à te connaître à force, et à force, je n'en ai plus; tu prends et ce, sans cesse mais jamais ne donne. Tu voles tout sur ton passage sans la moindre conscience de ta cadence dont nul n'a le secret.
Tu passes sous les yeux de tout le monde, charmant dans tes premières apparences comme tout charlantan né.
Délicat et drôle est ton délit mine de rien, à éliminer toutes les chances de te rattraper en nous volant tout, en nous laissons la seule chose que l'on a vraiment.
Maintenant.
Qui ne l'est déjà plus. Et si seulement, j'avais le souhait de le reprendre, je t'entends me dire qu'il est déjà loin et perdu.
Tes mains tenant nos maintenants, tu m'étonnes que tu maintiennes ta course en martelant les matins trop lents. Tu es trop là, trop encombrant mais jamais devant nos yeux, présent.
Devant nous, tu demeures incessamment.
Et derrière toi, on se meurt inconsciemment.
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Premiers jours de pluie
Il est sans dire qu'il ne s'agit pas du premier de ma vie. Mais il en est peut-être différent pour la fleur toute neuve d'aujourd'hui.
Il y a beaucoup de premiers jours de pluie en y pensant. Rappelez-vous (sans vous blesser je vous prie) de la première pluie qu'a connu votre cœur, la première pluie sur vos joues, la première pluie passée en dansant. Nous vivons tellement de premiers jours de pluie qu'à force on ne les compte plus. Qu'à force, le paysage que l'on connait parfaitement derrière notre fenêtre accepte sans mal s'il pleut ou s'il a plu.
J'ai moi-même vécu un premier jour de pluie avant-hier. C'était bien simplement, et sans métaphore recherchée, la première fois que le ciel pleurait depuis mon retour sur mon île la plus chère. Tout cela pour dire que l'on passe notre temps à vivre des premiers jours de pluie, en oubliant (faute d'habitude) ce qu'ils nous apprennent souvent. La leçon la mieux apprise commence à l'enfance lorsque l'on se rend compte qu'après la pluie, le beau temps. Alors, on grandit en acceptant la pluie pour la seule raison qu'elle ne va pas rester. Alors on attend qu'elle passe, pour une fois de plus, s'en assurer.
À mon sens, il y a bien plus à apprendre quand elle est là, comme toutes les pluies de l'âme, comme toutes les pluies de larmes, qui voudraient de nous que l'on se noie. Alors noyons-nous, puisque de toute façon, ça passera. C'est bien ce que nous ont appris les permiers jours de pluie en toute sorte. Tout est fait pour que l'on s'en sorte.
Même quand il pleut, c'est une chance donnée pour ralentir un peu sa vie. C'est une chance donnée pour penser aux choses qui nous plaisent un peu moins et les rendre un peu plus jolies. Comme ce temps qui passe, et qu'en soi rien n'est plus destructeur, mais que c'est bien parce qu'il passe (comme la pluie) que nous avons appris l'importance de tout ce qui n'est pas encore parti.
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Les Éternités terminées
Ce que j'entends par « Éternités terminées » ce sont celles qui n'ont pas survécu. Ce sont celles, jurées en des cieux et dieux, qui ont peut-être duré qu'un jour ou deux avant d'être grossièrement perdues. Ce sont celles qui ont, comme le reste, la trace de l'irréfutable et qui trahissent leur nom sans presque le vouloir. Ce « Pour Toujours » balancé par delà les fenêtres et jeté à bout de bras comme s'il ne signifiait rien, comme le tableau que l'on ne voit même plus à force de traverser un même couloir. Ce même serment que les gens s'échangent à titre de salutation quand ils se trouvent un jeune matin et s'abandonnent tendrement au prochain.
Ce que j'ignorais des Éternités cependant, c'était qu'elles pouvaient varier en leur durée. Au premier abord, c'est vrai que le mot est trompeur, car malgré ce que l'on en sait, on lui accroche le sens d'une entité qui ne se finit jamais.
Pourtant, si l'on regarde bien, beaucoup ont vécu avant nous et ont dû tout autant promettre des Toujours à leurs yeux préférés. Pourtant, ces beaucoup n'existent plus et je doute qu'il en soit différent pour leurs Éternités. Pourtant, Ô qu'ils ont cru que ça n'allait jamais leur arriver... Et pourtant, Ô comme tout s'est délibérément effacé.
C'est assez misérable, je vous l'accorde. Si les Éternités sont prônées dans tous les poèmes et écrites à tord et en trente vers, j'imagine que c'est car elles ne sont que discorde.
Mais j'ose croire que la chose est belle intrinsèquement. Voyez-vous, s'il leur arrive de durer un jour ou bien peu quant à ce que l'on attend de leur signification, la chose reste belle intrinsèquement. Malgré leurs passages écourtés et leur messsage, écoutez comme elles sonnent bien dans les déclarations. Si la chose est belle intrinsèquement, c'est parce que j'ose croire qu'au moment où elles sont dites, en mots de papier ou par syllabes prononcées, leur vœu est sincère et signifié avec précaution.
Au premier abord, c'est vrai que ce mot est trompeur car malgré ce que l'on en sait, on lui accroche le sens d'une entité qui ne se finit jamais.
Mais la chose est belle intrinsèquement car pour avoir une Éternité terminée, il a bien fallu qu'une raison la pousse à commencer.
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À temps moi
Attends, je pourrais te donner mon cœur
À temps, je pourrais t'étonner sans peur
Attends, me laisses-tu t'écrire ?
À temps, je me blesse quand tu es sûr de partir
Que faut-il dire au matin pour qu'il ne se défile pas ?
Que faut-il dire au soir pour qu'il fasse profil bas ?
Attends moi si tu le peux encore
À temps — celui qu'il nous reste encore
Encré dans des mots sinon et si non, alors nos noms seront morts
Ancré comme les lignes savantes d'un poème, le temps a de l'avance pour frapper plus fort
Attends, mais cours plus vite vers mon cœur
À temps, moi sans toi n'est plus qu'une tristesse d'anciennes heures
;
Attends moi quand m'aimera le soir
À temps mais quand même trop tard
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Pour Toujours
PoetryAVANT-PROPOS « Pour Toujours » pour un recueil axé sur le Temps... je trouve cela et tout autant que vous, ridicule. Mais n'y a-t-il pas plus court qu'une Éternité, n'y a-t-il pas plus changeant qu'un « Pour Toujours » partagé de façon indélébile e...