Axel
La sonnerie du lycée retentit quand j'écris ma dernière ligne d'équation. Je ferme le cahier d'un mouvement et soulève mon sac pour le poser sur la table, alors que j'entends le professeur nous dire de finir l'exercice pour la prochaine fois. Déjà fait. Je range mes affaires, et me lève avec agilité en prenant ma veste en cuir sur le dossier de ma chaise et en faisant tenir mon sac sur une épaule.
– Axel j'aimerais te voir, s'il-te-plaît, retentit la voix forte de Monsieur Bellanger quand la moitié de la classe a déjà quitté la salle.
Je hoche la tête, me retourne donc et fonce vers son bureau avec curiosité.
– Oui?
Il attend que le dernière élève soit sorti et ferme la porte de la salle de classe. Il revient ensuite près de moi, et s'assoit à moitié sur son bureau.
– Est-ce que tu as, disons... réfléchi à des plans d'avenir?s'enquiert-il en massant la peau matte de sa nuque. Je sais bien que tu es seulement en première, ajoute-t-il avec précipitation, mais je pense que tu as un esprit brillant, Axel. Tu réfléchis vite, tu comprends vite et retiens rapidement. Tu es très impliqué, t'intéresses à tout... je pense que tu pourrais viser une grande université, mais il faut que tu y réfléchisses bien-sûr, c'est pourquoi je te le demande si tôt...
J'avoue ne pas trop quoi savoir répondre. Je bosse beaucoup, mais sans vraiment m'attendre à ce qu'on me fasse la remarque. Je travaille pour m'assurer un avenir, parce que je ne veux pas rester chez mon père et que je veux être sûr de pouvoir être accepté dans n'importe quelle formation, même si je sais déjà ce que je veux faire. Les plans changent toujours, alors il faut s'attendre à l'inattendu. En réalité j'ai même l'impression de ne faire que travailler, et réviser, et faire mes devoirs. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir une vie parallèlement. Ça ne m'empêche pas de rencontrer de jolies asiatiques en soirée le week-end.
Monsieur Bellanger me parle même de bourses, et je ressens un peu de culpabilité à lui confier que l'université est mon option de secours.
– En fait, j'aimerais être cuisinier, dis-je en baissant la voix.
Je regarde ailleurs inconsciemment parce que je me doute qu'il va me jauger. Je sens son regard qui s'éternise un peu sur moi. J'attends encore qu'il me dise que je peux faire bien plus que ça, et qu'il dénigre ma passion.
– Oh, d'accord, dit-il finalement.
Je relève les yeux sur lui, un peu étonné même si j'attends la fin de sa réaction, et il hoche la tête.
– En tout cas, je voulais que tu sache que de nombreuses opportunités s'offrent à toi. Toutes, même, si tu le désires.
J'acquiesce et pendant un instant, l'air plane et nous détournons la tête l'un de l'autre.
Je sais que de nombreuses opportunités s'offrent à moi. On ne cesse de me le rappeler. À croire que tous les élèves qui se démarquent un peu ont d'office leur place en université alors que les autres sont destinés à des métiers plus manuels. On a beau dire qu'il n'y a pas de sous-métiers, passer une journée au lycée me rappelle comment la société voit les choses.
Pendant un instant, je me vois dans une cuisine à donner des ordres, offrir à un plat sa tâche finale, et poser l'assiette avant qu'elle ne soit repêchée par un serveur et emportée en salle de restaurant.
Puis je me vois assis dans un amphithéâtre... et mon sourire rêveur disparaît.
J'ai la soif d'apprendre, mais je ne veux pas que cela soit au détriment de ma passion.
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ACAJEM
Teen FictionAnako Coba Axel Jake Eden Mathyas. Ces six adolescents vont vous bouleverser autant qu'ils sont peinés. Ils ont tous leur histoire, et sont des héros pour les autres mais pas pour eux-mêmes. Le Club des Associés et des Associables, c'est l'histoi...