Mathyas
J'ai encore fini la journée enfermée dans les toilettes du lycée. À un moment donné, éviter le mauvais-œil des miroirs devient de plus en plus dur, alors je le rencontre enfin avant de m'enfuir des toilettes en courant.
Dans la glace, j'ai vu ma peau épaisse, mes énormes joues qui me mangent le visage, la peau de mon cou si grasse qu'on devine avec peine ma pomme d'Adam. J'ai vu mes clavicules trop peu visibles, et les plis de mon front formés par ma lourde graisse.
J'essaye d'effacer ces images de mon esprit, et je me concentre des secondes durant avant d'abandonner.
Il pleut averse dehors, mais une fois dans la cour, je remarque que la porte d'un des gymnases du lycée est ouverte, et j'y cours. Avant d'avoir atteint la porte, je reconnais une musique. Ça sonne mélancolique, mais c'est frappant là où ça devrait être lent. Quand je fais attention, j'entends mon coeur battre au rythme du son.
Je touche la vieille poignée rouge en métal, et pénètre dans la pièce.
Une fille danse au milieu. Je suis brutalement réchauffé par le radiateur de la salle et par l'ardeur avec laquelle elle danse. Ses cheveux longs et noirs virevoltent autour d'elle. Je ne peux pas voir clairement son visage, seulement quelques fragments par-ci par-là. Elle m'a l'air grande, mais à un moment elle est debout, et l'instant d'après elle est à genoux, comme pour une supplication, qui n'enlève cependant rien à sa force. Elle a un haut rouge, et un simple legging noir. Elle respire la puissance, la passion, le cran. Cette fille s'acharne jusqu'au dernier pas de danse, et quand la musique s'éteint petit à petit, elle écarte les cheveux de son visage d'un geste de main, et je la reconnais.
Dans un moment de flottement, j'entends seulement sa respiration qu'elle reprend doucement. L'ambiance est lourde et pesante.
– Anako?l'appelé-je.
Elle se tourne doucement vers moi, sans même sursauter. Je repère une serviette bleue dépasser d'un long sac non loin de moi, et m'approche pour la saisir. Je parcours la moitié de la salle, me plante en face d'Anako et lui tend silencieusement l'objet.
– Merci, dit-elle dans un souffle.
Elle se retourne et éponge lentement son front et ses joues.
Je trouve le blanc pesant, alors je cherche à le combler, sûrement vainement car j'ai déjà découvert qu'elle n'était pas très bavarde.
J'en profite pour satisfaire ma curiosité:
– Tu es dans ce lycée?m'enquis-je. Je ne t'ai jamais vu...
– Non. Je viens seulement pour le gymnase, il n'y en a pas dans mon école et j'ai obtenu le droit de venir ici.
– Tu danses depuis longtemps?je continue.
J'en profite pendant qu'elle se livre à moi.
– Depuis petite.
Elle ne va pas plus loin. Elle voit mon regard un peu déçu, parce que je pensais avoir l'air de quelqu'un suffisamment de confiance pour qu'elle se confie. Mais je ne sais pas de quoi j'ai l'air pour les autres.
Pour Axel, je suis son meilleur ami. Son frère, je n'aime personne plus que lui, il est extraordinaire, et je sais que ce sentiment est réciproque, puisque ni lui ni moi n'avons eu beaucoup de chance jusqu'ici quant aux gens que nous avons rencontrés dans notre vie.
Pour mon beau-père, je suis un gentil garçon, qui manque un peu de confiance en lui, mais qui ne va pas en profiter pour se lancer dans des mauvaises affaires ou fréquenter les mauvaises personnes. Il apprécie Axel et je crois que quelque part, ça le rassure de me savoir ami avec lui.
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ACAJEM
Teen FictionAnako Coba Axel Jake Eden Mathyas. Ces six adolescents vont vous bouleverser autant qu'ils sont peinés. Ils ont tous leur histoire, et sont des héros pour les autres mais pas pour eux-mêmes. Le Club des Associés et des Associables, c'est l'histoi...