Voulez-vous une nouvelle coupe ?

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Un soir de juillet, deux jeunes hommes rentraient chez eux, après avoir passé un bon moment dans une fête chez leur ami. Ils discutaient de tout et de rien lorsque l'un d'entre eux vit une lumière. Il en regarda la source et se rendit compte que le signal lumineux était plutôt singulier: trois signaux longs, trois signaux courts, trois signaux longs. Le jeune homme se rendit compte que cela signifiait SOS en morse. Il donna alors un coup de coude à son ami et lui montra l'insigne du salon de coiffure duquel le signal était émit. Ils se rendirent à l'intérieur de la bâtisse. Mais il n'y avait rien. La lumière n'était plus et on n'y voyait rien. Tout était noir. Soudain, la porte restée ouverte jusqu'à présent se referma violemment, faisant sursauter les deux jeunes gens. Puis, les rideaux de fer de la baie vitrée et de la porte en verre s'abaissèrent, emprisonnant définitivement les deux adolescents.

L'un des deux, le plus courageux, se lança à la recherche d'un interrupteur ou d'une quelconque source de lumière. Il tendit sa main, espérant toucher un pan de mur mais au lieu de ça, il toucha quelque chose de froid. Il palpa cette chose, se demandant ce que ça pouvait bien être. Soudain, la lumière s'alluma et il poussa un cri en tombant à terre,  voyant ce qu'il avait tripoté quelques instants plus tôt. Une main. Il avait tenu une main. Sans vie. C'est lorsqu'il releva le regard qu'il vit une dizaine de corps, une corde autour du cou, pendre au-dessus des sièges de coiffeurs. D'un même geste, tous les corps se mirent en mouvement, relevant la tête et saluant les compères. A reculons, il se rapprocha précipitamment de son acolyte avant de se relever. C'est alors qu'une voix grave retentit dans toute la pièce:

_Bonjour, bonsoir, chers messieurs ! Bienvenue chez le coiffeur le plus dangereux de la ville, que dis-je, du monde ! 

Un grand homme apparut. Habillé d'un costume et d'un chapeau haut-de-forme, d'un tablier avec ciseaux, peigne, et autres ustensiles noué à la taille, une longue barbe grise et une canne à la main, lui accueillait ses nouveaux clients avec un grand sourire.

_Je vois que vous avez déjà fait la connaissance de mes petits robots chéris. Cela vous dirait-il d'entrer dans mon atelier et de découvrir comment ils ont été construits ?

Rassurés de savoir que ce ne sont que des machines, les deux jeunes hommes hochèrent la tête après s'être échangé un regard. Ils avancèrent vers l'étrange monsieur, qui leur présentait un étrange appareil.

_Ceci sera votre moyen de transport pour la visite. Ne vous inquiétez pas, malgré son apparence d'instrument de torture, ce n'en est pas un. Il n'est là que pour vous empêcher de fuir. Voyez-vous, j'aimerais éviter de perdre des clients. Installez-vous, je vous prie. 

_Je le sens pas..., chuchota l'un des deux amis.

_On ne peut pas partir de toute façon. Tout est fermé. T'inquiètes pas, si il se passe quoi que ce soit, je lui ferais une prise de judo et on n'en parlera plus, lui répondit l'autre. 

L'engin avait la forme d'un corps humain, plat et en métal. Il y avait des sangles pour les pieds et les bras. Et bien sûr, il y en avait deux côte à côte. Les jeunes hommes prirent place tandis que le gérant les attachait. Puis il appuya sur un bouton à l'arrière de machine et elle se mit en route. Elle avança à petite allure tandis qu'ils arrivaient dans une petite pièce avec de grands rideaux rouges qui s'ouvrirent. On y voyait une table, avec un corps allongé dessus. Le vieil homme passa derrière celle-ci et se lança dans ses explications:

_Alors, la première étape, c'est d'ouvrir le réceptacle sur la poitrine, comme ceci, dit-il en exécutant ces gestes, de sortir tous les organes et de les mettre à la poubelle. On vide tout: le cœur, les poumons, les intestins, l'estomac, la vessie et même le cerveau.

L'appareil les emmena ensuite un peu plus loin, dans une autre salle identique à la précédente. Les rideaux se rouvrirent et le récit continua:

_Ensuite, on construit un circuit électrique avec des fils et de la soudure. C'est l'étape la plus longue et la moins amusante. Au préalable, on a construit une sorte d'étui qui prends la forme des poumons et du cœur, afin que tout s'emboîte parfaitement.

Le même déplacement se reproduit et les deux jeunes gens se retrouvèrent encore dans une autre salle mais toujours avec le même agencement. 

_Avant d'assembler tout ça, on va faire un petit truc avec les yeux. On va y faire un trou dans la longueur, pour enlever la pupille et ainsi le remplacer par une petite caméra. Oh ! J'ai oublié de vous dire quelque chose ! Je pense que vous vous en doutiez mais je préfère vous rassurer: les corps que j'ouvre sont généralement mort, hein. Et s'ils ne le sont pas, et bah, ils meurent dès la première étape. Donc pas de souffrance ! Que je suis gentil ! Oui parce qu'avec nos moyens actuels, on pourrait très bien maintenir quelqu'un en vie pendant que l'on exécute toutes ces étapes.

Les deux amis se regardèrent, horrifiés. Ils commençaient à craindre pour leur vie. C'est alors que l'un des deux se rendit compte que l'autre était en train de se libérer petit à petit de ses liens, grâce à un couteau suisse. Une once d'espoir monta en lui. La machine les conduit vers le dernier arrêt. 

_A ce stade de la fabrication, nous avons presque terminé notre robot. Il ne reste plus qu'à tout disposer à l'intérieur du corps et à tout connecter. Donc on replace d'abord les yeux, puis le circuit électrique, on branche tous les fils au cerveau, on referme le corps et on le teste !

A ces mots, le corps se mit à bouger, comme s'il s'agissait vraiment d'un être humain. Les rideaux se fermèrent et la machine les ramena à leur point de départ, dans le salon de coiffure.

_Bien, maintenant, c'est votre tour, dit-il en affichant un sourire sadique sur ses lèvres et en sortant un ciseaux et un scalpel.

L'adolescent libéré se jeta sur le vieil homme après avoir débarrasser son ami de sa sangle gauche, lui permettant ainsi de déboucler ses lanières et de s'échapper. Tandis que l'un se ruait vers la porte pour essayer de sortir, l'autre mettait en pratique ses entraînements de judo. Il plaqua l'homme au sol, faisant tomber son chapeau par terre. Il découvrit alors un espèce de casque métallique posé sur les cheveux gris du vieillard. 

_Qu'est-ce que c'est que ça ? 

L'homme âgé émit alors un rire cruel. D'un seul coup, les robots atterrirent sur le sol et attrapaient les deux acolytes. Et quelques heures plus tard, deux nouveaux corps étaient pendus dans le salon de coiffure.

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Un soir de juillet, une jeune femme se promenait dans la rue la plus passante de la ville. Elle passa devant un salon de coiffure et continua son chemin. Quelques instants après, un homme marchait sur le trottoir en face de cette même boutique. C'est alors qu'un signal lumineux fut émis. Trois longs, trois courts, trois longs. Il vit cette lumière et ce fut déjà trop tard pour lui. 

Pitit recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant