Chapitre 2 : Retour au Bercail

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Un cigare à la bouche, les fesses sur un tabouret et un pied sur le rebord du lit, Iris tira une longue bouffée de fumée qu'elle recracha dans les airs. Les cigares de Hossana... Assez immonde, en fait. Elle préférait ceux des contrées tropicales, au-delà de l'océan Ydrasien. Ils avaient des champs entiers de différentes sortes de tabacs. Elle en avait déjà visité plusieurs, quand elle en faisait du trafic. Non, à vrai dire, elle avait pillé les stocks de plusieurs gros producteurs.

Son préféré était le tabac pourpre.

-Il sent mauvais, ton truc.

La Mercenaire Rouge baissa les yeux sur sa prisonnière, dans son lit.

Silna, Prêtresse de l'Eau, était d'une maigreur effrayante. Elle avait perdu toutes ses rondeurs avec son invocation ultime, l'Appel de la Déesse. La graisse et les muscles avaient fondu sur ses os, à tel point qu'elle devait faire une trentaine de kilos à présent, à tout casser.

Allongée au fond de son lit, elle mangeait peu et semblait avoir à peine la force de tenir debout pour sa toilette du jour. Heureusement, ils étaient bientôt arrivés à la capitale du pays de Wolff, Rivska. Là-bas, ils pourraient la remettre sur pieds. Si l'autre coincé le permettait.

-Et alors ? Tu veux que j'arrête pour la convalescente chiante que tu es ? rétorqua Iris en haussant un sourcil.

-Nan. Je veux que tu m'en donnes un peu.

Avec un rire franc, la mercenaire le lui tendit. La petite rousse s'en saisit, tira dessus, manqua s'étouffer, mais le lui rendit avec un sourire avant d'expulser le nuage de fumée.

-Tu n'es plus habituée, railla Iris en saisissant son cigare, pour le porter de nouveau à ses lèvres. Et dire que nous avons commencé à en fumer à douze ans.

-Pas de quoi être fière. Tu t'es tapé une pneumonie dans la semaine et j'ai dû te guérir en urgence. Petite nature.

-Moi, une petite nature ? C'est qui qui t'a tiré des flammes de la taverne de Grivale ?

-Tu avais allumé le feu ! s'insurgea Silna, demi-assise dans le lit.

-On nous avait tendu une embuscade ! Et comme tu venais de prendre ta première cuite, tu n'as rien vu venir.

Ce coup-ci, elles éclatèrent de rire, de concert.

Des souvenirs communs, elles en avaient des tas. Iris s'était fait un devoir de les partager avec Silna dès son réveil. À vrai dire, elle l'avait embarquée durant son lourd sommeil, à la faveur des perturbations liées au départ de Sakhar. Il lui avait bien fallu vingt-quatre heures avant d'ouvrir un œil.

-Dis, tu as couché avec ce mec ? L'esclave du roi de Ghania ? L'Elémentaire, là.

Silna haussa un sourcil.

-En quoi ça te concerne ?

-Baaaah... Il est vachement bien foutu quand même. Même ta Reine l'a mis dans son lit. Avec votre voyage, je me demandais...

-Non, nous n'avons pas couché ensemble. Et oui, tu n'as pas intérêt à y toucher. Croqueuse d'hommes !

Hilare, Iris alla à la console pour se servir un verre d'alcool.

-Je sais apprécier les choses du sexe, ma belle. C'est toi qui es quasiment une ascète ! Avec ton poste de Prêtresse, tu n'avais même plus le temps de penser à la bagatelle.

La Fille du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant