Chapitre 29

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Même si sa fureur s'était atténuée, Black-Thunder avait malgré tout gardé son attitude brutale envers moi. Je pouvais distinguer son pouvoir crépiter autour de nous, et s'accroître à chacune de ses inspirations, formant comme un cocon menaçant autour de nous. C'était inquiétant, d'autant plus qu'il n'avait toujours pas regagné son état d'origine...

J'aurais pu être fière de l'avoir mis hors de lui. Malheureusement, les répercussions de ma bravade étaient effroyables, m'enlevant toute joie. A présent, je ruminais amèrement ma défaite. Ses yeux exprimaient son besoin irrépressible de me faire payer mon insolence jusqu'à me briser...

Il abusait de ses pouvoirs ! A mes yeux, nous étions quittes, il s'était largement vengé. Et pour cause, la peur que j'avais ressentie était telle que je m'étais presque urinée dessus !

Dès que nous étions sortis du hall d'entrée, il ne m'avait pas lâchée d'une semelle, me prouvant qu'il ne plaisantait pas quand il affirmait que je lui appartenais.

Il nous conduisit dans une aile du château que je ne connaissais pas, brisant ainsi tous mes rêves d'évasion si la situation virait une énième fois au drame. Nous étions dans une sorte de sous-sol puisque les murs n'étaient plus de verre mais de pierre. L'air humide empestait la moisissure, renforçant mon angoisse. J'avais l'impression qu'il m'emmenait dans une sorte de geôle. Allait-il m'enfermer ?

Bon sang, il ne le pouvait pas ! La prêtresse allait sans doute s'en inquiéter. Du moins, je l'espérais...

Les spots lumineux qui éclairaient les lieux renforçaient mon sentiment de malaise, et plus nous nous enfoncions dans ces étroites galeries, plus la chaleur augmentait. Mon tortionnaire muet, ne me donnait aucun indice sur ses intentions. Finalement, j'aperçus avec soulagement la fin de la galerie. C'était déjà ça, je n'étais pas si loin de la surface... Le terme de notre marche funèbre était marqué par une énorme porte en fonte massive. Black-Thunder sortit un trousseau de clefs avant de se tourner vers moi en m'ordonnant d'un ton bourru :

- Sélectionnez-en trois !

- Pourquoi ? demandai-je terrifiée, poussée par mon instinct qui me hurlait de fuir.

- Choisissez ! grogna-t-il en faisant luire ses yeux bestiaux.

Tremblante de tout mon être, je m'avançai pour choisir. Qu'allait-il faire ? J'avais l'impression de me jeter tête la première dans un énorme bourbier. Déglutissant difficilement, j'en saisis trois au hasard. A quoi bon réfléchir une éternité alors que j'étais déjà condamnée ? Sans plus de cérémonie, je lui présentai mon choix.

- Bien, se contenta-t-il de marmonner.

Quand il les saisit, son visage s'illumina d'un éclat doré, et il commença à s'avancer vers la porte en faisant claquer ses doigts au rythme d'une musique invisible. Son buste et ses jambes s'animèrent en une danse langoureuse. Je le regardai bouche bée. Son comportement aurait pu être risible si seulement une impressionnante lumière opalescente ne se dégageait pas de lui.

Une fois devant les énormes battants, il entreprit d'actionner les trois clefs en même temps sans me prêter la moindre attention. J'aurais pu m'échapper, mais j'étais hypnotisée par ce sublime spectacle.

Plusieurs loquets s'actionnèrent avec une synchronisation parfaite, composant ensemble une mélodie lancinante. Les portes s'entrebâillèrent, et sans que je ne puisse réagir, une énorme rafale de vent m'emporta dans son sciage avec une intensité anormale. Des débris m'éraflaient, tandis que j'essayais péniblement de résister, cependant, plus je luttais, plus les bourrasques devenaient puissantes, se muant en une véritable tornade. Je ne distinguais plus rien, le monde était devenu abstrait...

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