Prologue

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C'est l'histoire d'une femme, d'une petite dame nommée Aliyah, cette dame, elle était Africaine. cette dame, elle était pauvre. Mais cette dame, elle était surtout Mère. Ah oui, cette dame, c'était ma Mère. Elle était belle ma Mère, aussi belle qu'une femme puisse l'être mais ma Mère, elle est morte, pour mon plus grand désarroi. 

Et comment parler d'une Mère, sans parler d'un Père ? Et bien tout comme j'ai réussi à me construire avec Elle mais sans Lui. Lui, c'était mon « père », il s'appelait Mohamed. Un si beau nom pour une si mauvaise face. Il s'appelait Mohamed et était donc marocain d'origine, logiquement, il aurait dû être Musulman mais il ne pratiquait pas alors dire de lui qu'il était musulman serait comme dire qu'un feu a pris mais qu'il n'y avait pas de flamme. Ce serait illogique ! [...] Posé des mots sur ce que j'ai pu ressentir contre-lui m'a longtemps été impossible, aujourd'hui Dieu merci je le peux alors je le fais. Mon père, c'était un « homme » qui nous frappait dessus à longueur de journées. Il buvait, sûrement beaucoup trop et il frappait, c'est tout ce qu'il savait faire. Longtemps j'en ai gardé des séquelles physiques comme morales, longtemps je l'ai détesté puis j'ai compris ; que du moment qu'il était loin, je ne pouvais que remercier le Ciel, que remercier Dieu de l'avoir éloigné de nous.

Nous ? C'est ma petite fratrie. Nous sommes trois seulement, deux garçons et une fille. Deux grands-frères et une petite. 

Mon premier grand-frère se nomme Narjiss, il est beau mon frère, Ma Sha Allah, voire même très beau. Il est grand, très musclé car trois ans de taule, ça marque. Il a une balafre sous l'œil gauche, pas plus imposante que cela mais paraît que ça fait craquer les filles. Mon frère ne deale pas, il l'a fait mais il s'est posé. Maintenant il représente un peu tout pour moi, un Père, une Mère, un frère ... il sait même être un confident quand il le veut. Je crois que sans lui, je n'aurais pas tenu, je crois que sans lui, je serai morte. Je crois surtout que je l'aime, tellement ...

Puis vient mon second grand-frère, Ismaïl mais on l'appelle tous Isma'. Mon frère, c'est la bipolarité incarnée ; il est comme qui dirait incertain mais bon Dieu qu'il est rassurant. Quand je marche à ses côtés, j'ai l'impression que rien au monde ne pourra me prendre, je sais qu'on peut mourir à n'importe quel moment du jour, de la nuit mais quand je suis avec lui, cette certitude s'envole ; je l'aime mon frère, mon ange-gardien, mon protecteur, mon frère !

Et puis la dernière de la famille, on l'aura tous compris, c'est moi, Nayah. À force de coups, de balafres, de blessures, d'hématomes ; je me suis endurcie. Je suis cette petite femme balafrée par la vie au cœur remplie d'une détresse infinie. Solitaire dans l'âme, je n'ai ni shab, ni rien ; j'avance la tête haute à-travers la vie en ne redoutant rien car tout peut arriver. Seul Dieu est mon allié !

Physiquement rien de spécial, métisse de par le mélange de mes parents et ah si, j'ai les yeux vairons, vous savez les yeux de deux couleurs différentes, bah voilà ; l'un est vert/marron et l'autre est vert foncé avec des tâches à l'intérieur. Certains disent que c'est beau, d'autres que c'est étrange bref moi je n'en pense rien, juste que ma Mère les avait aussi, Soubhan'Allah.

Ma vie n'a jamais été bien simple, issue du ghetto, 6e étage d'une tour HLM où les blessures se font aussi rudes que les ragots. Après tout, on avance tous comme on peut à travers ça mais moi d'une manière bien différente. Car oui, dans ma vie, il s'est produis ce que certain pourrait définir de « drame ». Moi, j'appelle ça un virage ; je n'ai pas rencontré la vie que j'aurais voulu mais celle qui M'était destinée. Certes, on ne peut rien contre le Destin.

Mon destin à moi ? Je n'en sais rien, je ne connais que mon passé. Enfance à la dure, ils disent la3dess et coup de ceintures .. Jusqu'à mes 12 ans, j'ai grandi avec un fou qui nous battait tous, ma Mère, mes frères et moi. Rapidement, mes frères ont pris ma défense et celle de ma Mère ; Narjiss surtout. Il a pris les coups pour nous quatre, mon frère, un exemple ! Il ne dormait pas de la nuit pour nous veiller, au petit matin, quand Mohamed ( Je ne l'ai jamais appelé papa, ne cherchez pas à comprendre ) allait travailler ; lui aussi s'en allait « taffer » en-bas des tours puis il s'arrangeait pour toujours rentrer à minuit ; quand l'autre commençait à boire.

Il venait m'embrasser le front, ainsi que celui de Mama ; il regardait si mes devoirs étaient bien fait, veillait à ce que ceux d'Isma, du temps où il allait encore à l'école soient faits aussi et puis bon, il veillait sur nous comme il pouvait.

14 ans, le géniteur était parti depuis deux ans, on se pensait à l'abris de tout drame, à l'abri de toutes larmes puis il y a eu ce tonnerre dans nos vies, ma Mère est montée au Ciel, des suites d'un cancer. Qu'elle soit plus sereine qu'ici-bas, c'est tout ce que j'espère. Comme un goût de larmes me revient en bouche en repensant à cette époque, j'en ai versé des perles salées comme ils disent, j'en ai passé des nuits blanches dans les bras de mes frères à me faire consoler, j'en ai essuyé des douleurs, calmé des hurlements ...

16 ans soit deux ans plus tard, on se remet comme on peut. On a déménagé, Narjiss ne tenait pas à ce que les souvenirs d'un Ange envolé ne nous revienne en tête à chaque seconde. Il disait qu'il fallait tourner la page et entamer un autre bouquin, alors, on a déménagé. C'est en dealant qu'il assurait nos repas, malheureusement qui baigne ses mains dans le sang, les lavera dans les larmes. Il est tombé, trois ans ferme ! Encore un drame, un de plus ...

19 ans, mon frère sort de prison ; le Pardon a été difficile mais on est heureux que Dieu soit Miséricordieux, pourquoi ne savons-nous pas l'être envers les autres alors que nous savons pertinemment que c'est un bienfait ? [...] Puis c'est à ce même âge-là, que c'est produit ce drame mais qu'était-il ? Et bien on m'a kidnappé ...

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P.S : Fictive, bonne lecture

Chronique de Nayah : la cité des anges Où les histoires vivent. Découvrez maintenant