Chapitre III

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- Tu as déjà finie les cours Marianne ? me lance papy alors que je suis à peine rentrée.

- Papy, je soupire blasée, les cours ne finissent pas à vingt heures non plus. Tu devrais plutôt être ravie que je sois rentrée si tôt.

- Mais je n'ai pas dis le contraire ma chérie. Tu veux manger quoi ce soir ? Je suis allé faire un tour à la librairie pour me documenter sur la nourriture vegan. Je suis ensuite parti au marché et j'ai mijoté un petit bouillon du tonnerre !

- Super !

Ouai, super ! Super parce que les grands-parents essaient toujours de redevenir "jeuns" comme ils disent pour, peut-être, créer un lien avec leur petite progéniture.

Ce qu'il ignore, c'est qu'il ne m'aura pas comme ça. Du moins, pas en si peu de temps.

- Je sors demain.

-Pardon ?

Ah oui, c'est vrai, les vieux ont tendance à être sourd aussi.

- Demain soir, je S.O.R.S, j'articule aussi fort que je peux.

- Où donc ?

- Le voisin fait une fête. Il m'a invité.

- Le voisin ? Oh mais c'est une excellente nouvelle. Tu t'es fait des amis alors ?

- Non papy. Ce sont des types qui sont du genre à inviter tout et n'importe qui.

Quelle cruche ! Ce n'est absolument pas ce qu'il faut dire ! Je pourrais lui faire faire une crise cardiaque.

- Je rigole. Bien sûr qu'on est ami, sinon il ne m'aurait pas invité.

- Je suis si content pour toi ! Mais ne rentre pas trop tard.

***

Après le dîner j'ai filé dans ma chambre. L'avantage à présent, c'est qu'à partir de vingt-et-une heures à peine, mon grand-père est au lit. J'ai donc toute la nuit devant moi à faire ce que bon me semble sans qu'il ne le remarque.

Jusqu'à maintenant, je n'ai pas pu profité pleinement de ma chambre. Je la découvre donc sous toutes ses coutures.

J'ouvre la fenêtre, détestant être dans des endroits confinés. L'air de dehors fouette mon visage et je me sens revigorée.

Le hic, c'est que je remarque que ma fenêtre donne sur la maison des voisins. Donc, du fameux Aaron, dit Le Prétentieux. Pire encore, MA fenêtre est pile face à SA fenêtre !

Demain, c'est obligé, je demande à papy de me trouver en urgence des rideaux bien opaque de manière à ce que ce type en face, ne distingue même pas un jet de ma lumière.

***

Cette nuit, vers quatre heures du matin, je me réveille comme à mon habitude pour aller boire un coup. Revenu avec un verre d'eau à la main de la cuisine, je vais vers mes rideaux pour les remettre correctement, s'étant écartés à cause du vent passant par la fenêtre restée ouverte.

Je jette instinctivement un œil dehors. Tout le voisinage dors, la rue est déserte, tout est d'un calme olympien.

Hormis le voisin d'en face.

Je le vois à travers ses rideaux. Il fait des vas et viens, comme s'il était énervé. Ou peut-être bien qu'il parle au téléphone. Ça m'arrive aussi de tourner en rond pendant que je discute. Sauf que là, ce n'est pas la même chose. Je le sais rien qu'au son de sa voix. Il cri. Il est donc bien en colère.

J'entends soudain le bruit de verre qui casse, lui criant de plus en plus fort. Je me demande ce qu'il lui arrive. Est-ce grave ?
Plongée dans mes interrogations, je n'ai pas remarqué qu'il avait ouvert sa fenêtre et qu'il me fusillait à l'instant même, du regard.

- Oh, désolée.

Pourquoi je m'excuse ?

- C'est une habitude chez toi d'espionner tes voisins ?

- Pardon ? Si tu ne criais pas comme un fou sorti d'asile, je ne t'aurais même pas accordé une oreille !

Mais qu'est-ce que je raconte ?

- Ferme ta fenêtre et va écouter aux portes de tes voisins de l'autre côté dans ce cas.

-Non mais je rêve ou tu me donne un ordre ?

- Ce n'est pas un ordre, réplique-t-il cette fois plus menaçant. C'est un conseil. Prend le comme une mise en garde.

- C'est donc une menace ?

- Peut-être bien. Qu'est-ce que penserait le shérif si je lui racontais que tu n'arrêtes pas de fouiner chez moi ?

- Espèce de...

- Je te l'interdit ! me coupe Aaron, un rictus aux lèvres. Insulte moi une fois, et ça pourrait vite dégénérer. Tu ne voudrais quand même pas que papy ait des problèmes, n'est-ce pas ?

J'ai une grosse envie de lâcher une réplique cinglante mais je me retiens.

- Touche à lui, et tu auras à faire à moi.

- Défi noté !

Il referme sa fenêtre dans un claquement violent. "Défi noté" ? Mais qui est ce type pour agir de cette manière ?

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 04, 2020 ⏰

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