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Son regard ne quitte plus l'univers qui se dessine devant lui. Des cheveux ondulés noirs de jais, des yeux ocres en amandes, un sourire désireux.

Et doucement, ses peurs disparaissent, ses douleurs aussi, ce que l'alcool et la cigarette n'avaient su faire. Comme un enfant, le souvenir de son ancienne petite-amie se replie sur lui-même, diminuant la peine de l'abandon, la haine, et l'amour désespéré qu'il lui porte. Il est temps de lui dire au revoir.

Ce n'est qu'un mortel, et la petite mort qui l'attend dans les bras de la créature éthérée lui fait tellement envie, à défaut de la grande. La plaine des fleurs blanches en forme d'étoile devra attendre puisqu'il a trouvé les siennes.

Il sait que son trop long combat contre l'immense vide qui le dévore ne le fera jamais atteindre les champs Élysées. Sans une once de regret, il cède à la tentation, comme Prométhée l'a fait avec un autre feu que celui qui a réanimé son cœur.

Presque timidement, sa main effleure la nuque de l'inconnu. Des petits points dorés sont maintenant sur sa paume.

Lui aussi s'était maquillé. Plus tard, il découvrira un grain de beauté sur sa joue et à la gauche de ses lèvres, sur son nez et sous son œil droit, et une pléiade de minuscules cicatrices.

Il ne se souvient plus des mots échangés, emportés au large. Seul le garde-fou qui lacère son dos lui fait savoir que l'inconnu pressé contre lui est réel.

ivre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant