𝘼𝙪𝙜𝙪𝙨𝙩 ▸▸ 𝘫𝘫 𝘱𝘳𝘰𝘫𝘦𝘤𝘵

𝘗𝘳𝘰𝘭𝘰𝘨𝘶𝘦

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Adossé au siège passager de l'avion, un coréen aux cheveux corbeaux attendait patiemment de voir le moyen de transport s'envoler dans le ciel obscur. Après plus d'un an passé sur le sol américain, il rentrait enfin dans son pays d'origine. Une longue période qu'il avait passé loin de ceux qu'il aimait, à cette pensée frustrante, un soupir passa la barrière de ses lèvres. L'hiver dernier, pour ses vingt-six ans, son agence lui avait proposé de voyager, de prendre une pause puis de reprendre ses activités dans la filière étrangère de son choix. Sur un coup de tête, il avait décidé de rejoindre son ami américano-taïwanais dans son pays d'origine à la dernière minutes. Tuan Mark avait sauté de joie à l'entente de l'arrivée soudaine de Im Jaebeom sur le continent.

Les deux amis travaillaient pour la même entreprise, le seul défaut de cette relation professionnelle et amicale était les neufs milles kilomètres de distance les séparant. L'un était un ambassadeur pour une marque célèbre, l'autre un photographe charismatique au sourire ravageur. Depuis peu, le taïwanais se montrait aux côtés d'une jeune femme à l'habitude charmante, chose qui ne déplaisait pas à la presse locale, se faisant une joie de raconter leurs escapades amoureuses.

Un sourire mesquin pris place sur son visage, son ami avait enfin trouvé une vie stable, c'était maintenant à son tour. Il se renfonça dans le siège en cuir inconfortable pour apaiser les douleurs musculaires torturées de son dos. En seulement un an, le noiraud avait eu le temps d'enchaîner les soirées, séances photos, interviews, moments de détentes et d'adrénalines dans ce vaste pays.

- Le vol à destination du 인천국제공항 Incheon International Airport va bientôt décoller. Veuillez respecter les règles de sécurité et attacher vos ceintures. Résonna la voix grinçante d'une hôtesse dans l'habitacle en fer.

Au milieu de l'allée centrale, une femme, au chignon droit, lèvres carmin, habillée d'un uniforme marin montrait les issues de secours, l'accès aux masques ainsi que l'utilisation des gilets de sauvetage. Le coréen n'avait jamais compris l'utilité de cette mise en pratique, tout était déjà expliqué sur la fiche cartonnée qu'il analysait promptement dans ses mains. Les professionnels aériens prenaient parfois les passagers pour des touristes au cerveau de la taille d'une cacahuète, ou de simples pigeons quémandant du pain.

- Ici le commandant de bord Seo Changbin, je vous souhaite un agréable voyage avec notre compagnie aérienne. Après le baratin habituel de politesse, le pilote annonça des informations inutiles aux passagers avec une voix chaleureuse. Nous sommes le 2 août, la température extérieure est de trente-et-un degré.

La tête tourné vers le hublot, Jaebeom n'avait que faire de ces informations futiles, il ne les écoutait que d'une oreille. Il repensait à son année passée aux côtés de l'américain, aux personnes qu'il avait rencontré dans des paysages variés parfois dévastés ou détériorés, à l'alcool ingurgitée sur les plages de sable fin et à tous ces souvenirs aussi nuls que doux enregistrés dans la galerie de son téléphone saturé.

Le coréen avait les yeux rivés sur l'écran de verrouillage qui affichait une photo de lui collé à un homme à l'expression stoïque et aux joues rougies, c'etait un selfie pris avant le départ du noiraud, il y avait un an. Dans un bruit sourd, les turbines du réacteur se mirent en marche, le véhicule ailé se déplaça sur la piste goudronnée pour prendre de la vitesse. Et dans un angle peu agréable, l'avion avait rejoint les cieux éclairés d'astres. Dans plusieurs heures, le noiraud retrouverait sa valise surchargée, la traînant d'une main lasse pour se diriger vers un taxi. Il allait enfin revoir Jinyoung, entendre sa voix et retrouver le confort d'une soirée avec lui. Seulement, le trajet s'annonçait long pour le revoir, le noiraud devrait supporter les turbulences de la météo instable, le repas ragoûtant du voyage servi sur un plateau et le ronflement des autres passagers. Ça l'importait peu, après un an et six mois, il allait fêter leurs retrouvailles, célébrer leur amour. Le trajet s'annonçait long, trop long pour le coréen aux yeux bridés. Dans un énième soupir de frustration, Jaebeom chercha dans la poche de son jean le cadeau de Jinyoung, il mit le doigt dessus et le serra doucement dans le creux de sa main, au fond de lui, il espérait trouver le bon moment pour lui offrir.