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----- 노선 -----

- Tu aurais dû me prévenir plus tôt. Un soupir de mécontentement passait la barrière de ses lèvres charnues alors qu'un bruit de klaxon retentissait loin devant. J'ai abandonné Youngjae pour te rejoindre !

- Je sais, pas la peine de t'énerver Jinyoung.

Les yeux de Jaebeom fixaient la route interminable, plongée dans l'obscurité de nuages orageux. La pluie tombait dans un cliquetis agréable, créant des flaques sur la voie de circulation saturée de véhicules et obligeant le noiraud à allumer les essuie-glaces.

- Sérieusement ? Le timbre de sa voix vibra d'une colère menaçante. Depuis dix-huit mois je n'ai pas de nouvelles concernant ton existence sur cette planète et je devrais rester calme ?!

- Jinyoung-ah... Arrêtes.

Le plus jeune des deux était agacé par le comportement de l'autre. En un an, ils devaient avoir beaucoup à raconter ? Mais un silence massacrant envahissait la voiture aux courbes anciennes. Silence percé par des phrases remplies de remords et de colère, crachées comme le venin d'un serpent sur la défensive.

- Non, j'ai raison. Je n'ai jamais été ta priorité. Affirma-t-il. Tu pourrais au moins me dire où nous allons... Ses épaules s'affaissent alors que de l'air sortait de sa bouche pour un énième soupir.

Jaebeom jusqu'alors concentré sur la route, les lèvres pincées d'anxiété, détourna le regard quelques secondes pour observer l'homme assis à ses côtés. Le brun sur le siège passager, les yeux cernés par la fatigue, avait les sourcils froncés tandis que ses pensées s'emmêlaient comme une bobine de laine noire. Le paysage forestier défilait depuis plusieurs heures et se dégageait pour offrir un panorama exceptionnel. Des vagues s'écrasaient sur les tétrapodes qui bordaient la route côtière. L'odeur salée de l'écume matinale envahissait la voiture aux fenêtres entrouvertes et emplissait les poumons des deux Coréens. Les cris stridents des mouettes rieuses tranchaient le ciel qui c'était légèrement dégagé. Le conducteur, les yeux rivés sur les virages, alluma la radio de sa main libre. Les petites enceintes jouaient la mélodie dynamique d'un soliste étranger.

- J'aime cette musique. Ses doigts tapaient un battement régulier sur le volant en cuir texturé. Et toi ?

- Pas trop. Le brunet répondit franchement alors qu'il jouait avec les manches de sa veste en jean, essayant tant bien que mal de cacher sa nervosité malgré l'ambiance plus détendue qu'auparavant. Ce n'est pas le genre de musique que je pourrais écouter régulièrement.

- Les paroles parlent de quelqu'un qui rentre chez lui pour rejoindre une personne précieuse. Renchérit le conducteur avant de fredonner les paroles gorgées d'espoir.

Jinyoung redécouvrait le plaisir d'entendre la voix chantante du noiraud alors que les musiques défilaient à la radio. Le soleil levant nuançait l'étendue vaste de couleurs rougeâtres, orangés et dorées qui se reflétaient sur la mer, les nuages avaient complètement disparu. Un sourire en coin naissait sur le visage du brun qu'il essayait de camoufler.

- Nous arrivons dans peu de temps. Il quitta la route bétonnée pour emprunter un chemin recouvert de sable et de gravillons grisâtres.

Au loin, le pare-brise laissait entrevoir la silhouette d'une maison aux allures modernes face à une plage de sable blanc. Le véhicule se rapprochait de la destination finale et Jinyoung avait les yeux rivés sur les extérieurs de la propriété, observant chaque détails au scanner. Le seul arbre du jardin était un tamaris. L'arbuste aux branches recouvertes de fleurs vaporeuses magenta, abondantes en saison estivale, ombrageait la façade blanche. Après les dunes, une jetée en bois pourri résistait tel un parapluie troué lors d'une tempête. À plusieurs kilomètres de la demeure, un phare fièrement dressé devait illuminer le chemin des marins perdus en mer pendant les soirées agitées.

La voiture s'arrêta et les pneus neufs grincèrent. Ils étaient arrivés. Jaebeom avait emmené Jinyoung en bord de mer, dans un coin reculé de la ville, inaccessible pour les riverains. Le noiraud ouvrit avec nonchalance la portière pour sortir et rejoindre Jinyoung qui exécutait les mêmes gestes pour entrebâiller la porte métallique. Son corps s'extirpa de la boîte inconfortable. Le brunet se retrouvait face à la devanture moderne, les yeux écarquillés comme l'aurait été un enfant devant son nouveau jouet. Alors que son compagnon sortait les innombrables bagages du coffre, le plus jeune se dirigeait vers l'une des fenêtres pour observer l'intérieur aménagé.

- Jinyoung-ah, si tu veux entrer, tu devrais passer par la porte d'entrée. Ses paroles furent accompagnées d'un rire franc et d'un rapide coup d'œil en direction du brun qui remontait ses lunettes sur le haut de son nez. Tu viens ?

Il ouvrit la porte, décorée d'une plaquette cuivrée portant le numéro trente-et-un, en entrant un code dans le boîtier métallique qui se tenait à sa droite. Jinyoung se tenait derrière lui et était prêt à s'engouffrer dans la fraîcheur s'échappant de l'intérieur aux murs crèmes.

- La clé de déverrouillage est 072017.

Jinyoung jaugea la clé de sécurité avant de l'ignorer. Cette technologie le dépassait complètement, les propriétaires de la maison ne pouvaient pas installer une serrure avec des clés comme des gens normaux ? Une fois rentré, il ne s'attarda pas sur la décoration minutieuse ou le nombre de pièce que pouvait contenir la bâtisse, à l'inverse de Jaebeom qui balayait lentement son environ de ses yeux de chat. Les valises posées près d'une penderie, le noiraud commença à les défaire pour ranger leur contenu dans les compartiments adaptés et tel le jeu Tetris, les vêtements s'empilèrent parfaitement. Quelques bibelots restaient au fond des bagages, abandonnés comme des animaux domestiques sur le bord d'une départementale. Le regard curieux de Jinyoung trouva un paquet emballé dans du papier kraft.

- Beom-ah ? C'est quoi ?

- Une partie des souvenirs que j'ai ramené pour toi. Il tendit le paquet en direction de Jinyoung, un sourire sur les lèvres.

Intrigué, il prit le cadeau dans ses mains et observa l'étiquette à son nom. Il déchira l'emballage pour découvrir un ruban bleuté légèrement irisé qui regroupait une liasse de lettres abimées et un bouquin vieillit.

- Je n'ai jamais appelé mais dès que je visitais une nouvelle ville, j'écrivais une lettre. Soupira Jaebeom, gêné de donner des explications.

- Pourquoi ?

- Mes sentiments se dirigeaient vers toi à la vitesse d'une comète. Avoua finalement le noiraud.

----- 노선 -----

𝘼𝙪𝙜𝙪𝙨𝙩 ▸▸ 𝘫𝘫 𝘱𝘳𝘰𝘫𝘦𝘤𝘵Où les histoires vivent. Découvrez maintenant