THERE IT IS

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Dévalant la cage d'escalier en trombe, je manquais de trébucher sur le carrelage blanc de neige de ton beau salon. Plus personnes ne discutaient, tout le monde ronflaient, paisiblement. Et toi, là-haut, tu devais sûrement vouloir me tuer, ou au moins me jeter par la fenêtre pour que je me brise le cou dans ton jardin. Que je me brise en milles morceaux, que je suffoque seule, sous tes yeux. Que je souffre autant que toi, tu avais souffert.

Comment ne pas m'en vouloir ?

Ravalant un relent d'alcool, je me traînais le plus silencieusement possible en direction de la porte d'entrée. Au même endroit, quelques heures plus tôt, j'étais tombais amoureuse de toi. Mes mains avaient pâlies à cette confirmation de sentiments détestables. Puis tu avais, inconsciente de ce qu'il se tramait dans mon estomac, passée tes bras autour de mon cou aguicheur de tes contacts. Le soulèvement insolent d'une mèche de cheveux avait brisé ma stupéfaction. Ton mince soupir l'avait faite se mouver, cette mèche de cheveux.

Tout cela m'épuisait bien plus qu'autre chose, ces temps-ci, au bord de l'explosion.

La porte ne résonnait pas. Elle ne grinçait pas, elle était emplie du silence de mon coeur, c'était peut-être un jeu d'écho stupide ? Peut-être que même la porte me trouvait minable, à cet instant, pantelante. Et toujours en soutien-gorge, ma chemise à la main.

Une brise inquisitrice venait me couper. Celle-ci s'insinuait sournoisement dans mes veines, frigorifiant jusqu'au dernier centimètres de mon esprit délaissé.

Refermant en vitesse la porte, je prenais sur moi pour ne pas trembler. Mon corps était alors traversé de frissons enclins au désespoir. J'étais vraiment stupide... Nous étions le premier janvier et la température extérieur frôlait dangereusement avec le zéro. Et moi, j'avais souhaitée sortir, rentrer chez moi à pied, la cage thoracique à la vue de tous, une chemise de soirée à la main. L'alcool n'arrangeait rien et ne me réchauffait pas le moins du monde.

Je ne pouvais que me laisser glisser contre le bois frais, raclant mon épiderme dorsale avec force. J'allais peut-être avoir quelques marques rouges après cela, mais je m'en fichais bien.

Je posais ma tête en arrière, laissant un résonnement sourd frapper les parois impénétrables de mon esprit. Rien de tout cela n'avait de véritable sens. Une soirée, un couple qui se brisait, le mien qui ne faisait que s'effriter, mes mains qui se posaient sur ton corps, toi qui m'embrassait... Oui, ça n'avait aucun putains de sens et pourtant... J'étais bien là, seule contre ta porte d'entrée, réfléchissant avec un soupçon de dépit à ta grande et majestueuse soirée.

Bordel... qu'est-ce que j'avais bien pu faire aux Dieux pour qu'ils osent me traiter ainsi, telle une moins que rien qui ne pouvait que voir son amour s'envoler loin de sa destinée. Mythologie et théâtre antique grecque de merde. Qu'est-ce que j'avais fait de si mal dans ma courte vie pour que l'on m'impose cela ? Sincèrement... Plus j'y pensais plus je me disais que non, je ne méritais rien de tout ce qui m'arrivait. Ou peut-être que si. Ou peut-être que non. Ou peut-être que c'était simplement fait pour arriver.

Plus j'y pensais, plus je me perdais dans les dédales sinueux de mon propre monde.

Bordel de Machine Infernale.

Bordel de Myoui Mina.

Pourquoi me faisais-tu subir tout ça ? Ne t'avais-je pas assez suppliée de me pardonner pour mes fautes ? Pourtant, tu m'avais assurée avoir pardonnée mes erreurs, trop nombreuses.

Bordel.

Bordel.

Bordel.

Bordel de merde...

Rageant solitairement contre cette porte d'entrée, je n'entendais pas les pas descendre dans des grincements caractéristiques l'escalier en bois. Je n'entendais pas non plus les reniflements disgracieux qui accompagnaient ses fichus pas de géant en quête de pardon, lui aussi. Pour une fois que nous avions un point commun, mon ex et moi.

I Need SomebodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant