PLAY DATE

104 12 2
                                    

Un silence de plomb tombait après ton haussement désespéré de voix. Tu avais gagnée cette manche, et moi, je cherchais à comprendre où j'avais pu fauter pour en arriver là.

Peut-être était-ce quand j'avais acceptée de devenir ton amie, après avoir rejoins la troupe, en début de première. Peut-être était-ce quand, incompréhensiblement, j'avais couchée avec ce garçon. L'alcool n'avait jamais été mon fort, et que je je sois tombée enceinte à l'âge de seulement quinze ans me l'avait bien prouvé. L'avortement. Tout cela, c'était à cause de toi, et j'avais beau essayer de me le cacher, ce soir je comprenais toutes mes erreurs. Tout ça, c'était bien à cause de toi. Avoir bu plus que de raison, à cette soirée chez Hoseok, c'était de ta faute. L'avortement, c'était également de ta faute. J'avais mis beaucoup de temps à le comprendre, trop de temps sûrement. Comment oublier un péché destructeur ? Simplement en engendrant une nouvelle série de micro-fissure, d'instant à vomir, et de déception à confesser. J'avais toujours su que je te détestais pour une raison précise, mais j'avais mis tellement de temps à comprendre, mes erreurs et les tiennes.

Je possédais un palmarès de mensonges bien plus important que toi, c'était certain.

« Tu n'as pas besoin de moi... finissais-je par dire, posant mon regard vulnérable sur toi. Je n'ai jamais rien fait d'autre que de t'abîmer. Tu ne peux pas avoir besoin de moi. »

Tu devais déjà être convaincue par mes propos, mais moi, j'essayais de me persuader que non, tu n'avais pas besoin de moi. Tu n'avais jamais eu besoin d'une ombre aussi frêle qu'immonde, qui n'avait jamais arrêtée de te détériorer, de te rabaisser au rang de pauvre loser. J'étais présente à tes côtés, seulement pour te briser encore un peu plus. Je voulais te montrer ce que cela faisait de souffrir à vouloir s'en crever les yeux.

À s'en déchirer l'âme, tous les soirs.

Et cette âme, mon âme, qui rôdait au-dessus de mon ombre. Cette putain d'âme que j'abritais, elle me persuadait d'autre-chose : j'avais mis tout mon être à te détester. Mais j'avais aussi mis toute cette haine à t'aimer.

Oui, j'y avais mise toute mon âme.

Rien que pour toi, rien que pour voir tes yeux auburn se consumer de bonheur ou de malheur. Tu étais si belle détruite, en miette. Pleurant près du piano, je t'avais anéantie, comme toujours. Mais ton regard s'embrasant de haine, de passion et de déception. C'était bien ce qui m'avait poussée à t'aimer davantage.

J'étais contradictoire.

Je te détestais au point de m'amouracher.

J'avais du mal à laver mes mains de tes touchés subtiles et souvent futiles. Tu ne le faisais pas exprès, je le savais, mais je te détestais tellement.

« J'ai besoin de toi Chae, t'es la seule personne à oser... me confronter. »

Je sentais tes doigts faire des ronds imaginaires dans mon dos. Mon estomac se tordait de supplice. Contrairement à mon cerveau qui, face à ta révélation, tentait de comprendre un puzzle d'infini réflexion que tu venais de déverser sur le sol rouge qu'était mon coeur.

Non. Je ne comprenais pas, et je te comprendrais sûrement jamais.

« J'ai besoin de toi car t'es la seule personne de ce lycée à oser me ramener à la réalité. T'es la seule personne capable de me pousser à bout. »

Moi, je ne voyais plus que t'es lèvres qui se mouvaient dans un flot de paroles, tortueuses.

« J'ai besoin de toi car t'es la seule à réellement me connaître. T'es la seule qui pourrais me faire sortir de Séoul... »

I Need SomebodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant