Séance photo

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Bahissé est dans l'usine. Elle trie les cartouches comme d'habitude. Soudain, une alarme retentit. Toutes ses collègues s'enfuient, sauf Émilie qui reste à terre. Elle a l'air tétanisée par le bruit incessant.Bahissé, n'écoutant que son courage, va vers elle et l'aide à se relever. Elle lui passe son bras par dessus le sien et avance sans savoir où aller. Elle ne sais plus où est la sortie. Émilie, toujours un peu dans les vapes, tend le bras et indique une direction. Bahissé s'y dirige sans hésiter mais se retrouve bientôt face à un cul de sac. Émilie se met à pleurer en voyant qu'elles sont prises au piège.
- Tu as trahi à confiance... tu as trahi ma confiance... répète Émilie sans cesse.
Les flammes s'approchent d'elles dangereusement et au moment même où elles s'apprêtaient à être calcinées, Bahissé se retrouve dans son lit, et se redresse en vitesse. Son visage perle de gouttes de sueur. Tout le décor et Émilie ont disparus. Mais elle entend encore cette sonnerie, bien qu'elle soit beaucoup moins forte. Elle tourne la tête vers sa table de chevet et se rend compte que ce n'est que un vulgaire réveil. Elle l'éteint et se lève. En se voyant dans le miroir, elle réalise qu'elle porte encore la robe qui lui avait plu hier, mais n'y porte pas vraiment d'attention. Bahissé ouvre ses rideaux est s'assure qu'elle est toujours au manoir. Elle pousse soupire de soulagement quand elle voit la Chevrolet de son maître. Elle aperçoit sur son bureau une sorte de planning. Levé sept heure, début de journée sept heure quarante cinq et fin de journée vingt et une heure trente. C'est tellement mieux que ses anciens horaires. Elle prend sa robe de travail et va se préparer. Sept heure trente trois. Bahissé se maquille légèrement, et fait son lit. En bordant la couette, elle s'aperçoit qu'un petit papier tombe par terre. Elle le ramasse et le lit: « quand vous descendrez faire le petit déjeuner, faites bien attention à la petite porte en bois à côté de l'entrée de la salle à manger. Je vous y donne rendez-vous à vingt-deux heure précise. Mettez votre plus jolie robe et soyez là cette fois. »
Elle range le mot dans son bureau et quitte sa chambre, ravie. Évidemment, elle prend bien soin de regarder où la porte citée dans le message se trouve avant de rentrer dans la salle à manger.
      Trois heures après, Mr. O'connor entre dans la salle, déjà habillé élégamment. Il s'assoit à sa place sans même saluer la jeune fille.
- Bonjour MR. O'connor.
- Pourquoi mon journal n'est il pas à ma place?
Bahissé, répond quelque peu embarrassée.
- Je n'étais pas au courant que je devais vous le procurer...
- Hé bien vous savez maintenant ! Allez me le chercher à la boîte aux lettres! Et ne tentez pas de vous enfuire par derrière ! Un système automatique vous criblera de balle sinon. Ce serait vraiment bête.
- Oui monsieur.
Pendant ce temps là, Wesley et sa sœur débarquèrent dans la pièce. Celle-ci embrasse son père et le jeune homme le salue de la main. Ils s'installent à leur place et commencent à manger le déjeuner préparé pas Bahissé.
- Où est Bahissé ? demanda Cheyenne.
- Elle fait son travail c'est tout. Et en quoi cela t'intéresse jeune fille?
Wesley intervient.
- Père, j'espère tout de même que vous ne lui avez pas donné une tâche infaisable. Elle n'a que...
Bahissé arrive à ce moment.
-Je suis désolée monsieur, mais il n'y avait rien dans la boîte postale.
Il ne répond pas et continue à manger tandis que Wesley le fixe.
- Qu'y a t'il? Pourquoi le regarde tu comme cela?
- Vous savez parfaitement que le facteur ne passe jamais ce jour ci.
- Oui hé bien je préférais en être absolument sur. Quant à vous, allez faire mon lit et ceux de mes enfants .
Il s'est ensuite levé et a quitté la pièce. La porte à claqué et Cheyenne va vers Bahissé afin de lui faire la bise. Wesley se contente de la regarder du coin de l'œil et de lui sourire geste qu'elle lui rend aussitôt.
     Bahissé s'arrête devant la porte de la chambre de Wesley. Il lui a juste montré l'emplacement hier. Il n'a pas souhaité lui montrer l'intérieur. Trop de bazar selon lui. Elle entre dans la pièce. On voit aussitôt que cette chambre en est une de garçon à la décoration. Beaucoup de photos ornent les mûrs. Une en particulier attire son attention et elle se dirige vers elle. C'est une photographie d'un petit garçon aux grands yeux gris verts, comme ceux de Wesley dans les bras de son père. Elle reste devant jusqu'à ce que la porte qu'elle n'a pas pris soin de refermer derrière elle grince, ce qui la fit sursauter. Wesley. Il entre comme ci tout était normal. Il se place à côté de la jeune fille et se met à regarder le cadre lui aussi. Bahissé s'étonne qu'il ne réagisse pas, et se remet, elle aussi, à le regarder. Soudain, le jeune homme brise le silence.
- Avez vous bien reçu mon mot?
- Oui... mais j'ai pensé que c'était votre petite sœur plutôt.
Wesley sourit légèrement.
- Sans doute en aurait elle était capable. C'est une fille bien seule. Elle ne va pas à l'école, ses cours ne se font qu'à la maison. Et en plus de ça, nous n'avons aucun centre d'intérêt commun même si nous nous aimons énormément.
Une petite gêne s'installe dans la pièce.
- Je serais son amie. Elle a l'air si gentille.
- Je pense qu'elle vous aime déjà. Hier soir elle s'est mise à dos notre père car elle voulait venir vous voir dans votre chambre. Évidemment il lui a répondu non.
La jeune fille sourit et se retourne pour aller faire le lit de Wesley. Il la pousse délicatement.
- Je vais m'en charger.
Sa main effleure la sienne. Quand elle s'en aperçoit, Bahissé, gênée se ravise et se dirige vers la porte. Elle la ferme délicatement derrière elle et un sourire sur les lèvres de Wesley apparaît.
     Après avoir fait les chambres, c'est déjà l'heure de faire le déjeuner.
         Le repas est terminé et tout le monde s'est régalé sauf le père de famille.
- Ce n'était pas à mon goût. Faites mieux la prochaine fois.
Sa femme tente de l'excuser.
- Vous êtes tellement difficile mon cher. Non, c'était tres bon. Merci pour le repas.
- Vous n'avez aucune raison de la remercier. Elle a fait son travail comme tout le monde.
- Peut être mais elle n'a pas de salaire.
Bahissé affiche un air affligé en regardant Cheyenne. Elle aurait pu se passer de cette réplique.
- Toi, je te conseille de la fermer. Quand à toi Wesley tu viens avec moi. J'ai besoin d'aide au bureau.
Et il s'en va avec son fils. Mme O'connor reste asssise, gênée.
- Je pense qu'il vaudrait mieux que vous montiez dans votre chambre. Ne redescendez que pour faire le dîner. Je suis désolée. Quelqu'un vous amènera votre repas.
Il ne reste plus que Bahissé et Cheyenne dans la salle à manger.
- Vous auriez pu vous passer de cette remarque.
- Je suis désolée mais je ne regrette pas. C'est révoltant que ceux qui travaillent le plus aient le moins de mérite.
- La vie est parfois injuste plus pour certains que pour d'autres. Mais il faut faire avec. Et puis ne vous en faites pas pour moi. Je suis bien ici pour le moment. Il fait bon vivre et je suis logée même nourrie. Je n'ai pas réellement besoin de salaire.
-...Si vous le dites.
         Bahissé a sorti pratiquement toutes ses robes sur son lit. Elle sors de sa salle de bain et se regarde dans le miroir. Elle a revêtu une robe rouge mais à sa tête, on voit qu'elle n'est pas satisfaite. Elle s'assoit sur sa chaise désespérée et regarde pour la énièmes fois ses différentes toilettes, quand elle voit à nouveau un mot sur son lit. « Je vous conseille de regarder sous votre lit » ce qu'elle fit. Il y a une grand boite rectangulaire et plate. Bahissé la saisi et l'ouvre. À l'intérieur, une robe semblable à celle avec laquelle elle s'est endormie hier. Elle la positionne sur elle et se regarde dans le miroir. Cette fois, sans hésitation, elle fonce dans la salle de bain pour l'essayer et en ressors parfaite. Pile la bonne taille. Elle sourit mais préfère la retirer. On pourrait la surprendre. Elle range tout ce qu'elle a sorti et lit un livre sur son lit en attendant qu'on lui apporte son dîner.
   C'est Mme. O'Connor qui le lui apporte. Celle-ci lui pose sur son bureau et vient s'asseoir à côté de la jeune fille.
- Je m'excuse pour le comportement de mon mari. Je ne sais pas ce qui lui arrive. Il est si violent, sans ses paroles comme dans ses gestes.
Elle enfoui son visage dans ses mains. Bahissé hésite avant de la réconforter.
- J'espère pour vous que cela s'arrangera avec le temps.
La femme la regarde un instant et se dirige vers la porte.
- Je ne sais pas pourquoi je me plaint auprès d'une pauvre femme comme vous sans avenir. Faites votre travail. C'est tout.
Puis elle sors. Bahissé reste un instant assise et va écouter à la porte si il y a du bruit et se précipite sur sa nouvelle robe pour l'enfiler.
Vingt-et-une heure cinq. Elle se lève, met des chaussures et prend soin de mettre des coussins sous sa couette avant de sortir . On ne sais jamais.
         Elle vérifie les alentours et se dirige à pas de loups vers les escaliers. Une fois arrivée devant la petite porte , elle entend des bruits venant du salon et s'engouffre alors à l'intérieur. Une rangée interminable de marche l'attend. C'est sombre, mais se résigne à descendre. Elle aperçoit une luminosité.
C'est un grand studio qu'elle découvre une fois en bas. Wesley ne semble pas l'avoir entendue. Il est entrain de régler son appareil photo, dos à elle. Elle lui tapote l'épaule. Il se retourne surpris et sourit. Il regarde sa montre.
- Vous êtes pile à l'heure c'est génial. Ho asseyez vous je vous en prie.
Il pose son apareil et la rejoind.
- Comment allez vous? Ma mère n'a pas non plus été tendre de vous ordonner de rester dans votre chambre.
- Ne vous en faites pas. Hormis j'me fait que je ne sache pas ce que je fais ici... tout va pour le mieux.
-Mais où ai-je la tête? Vous êtes ici dans mon studio. C'est mon repère, c'est ici que je range tous mes trésors. Jamais quelqu'un d'autre que moi n'est entré ici car la légende raconte que cet endroit est hanté... je n'y croyais pas alors je m'y suis aventuré. J'ai découvert une pièce pleine d'appareils différents du plus vintage au plus moderne. Je me suis découvert ma passion actuelle... personne ne sais que je le rend ici tout les soirs.
- C'est vraiment génial. Mais cela ne le dis toujours pas ce que je fait ici...
- Hier soir je suis venue vous chercher pour le dîner mais vous étiez endormie. Je vous ai regardée un instant et j'ai eu très envie de vous prendre en photo. Et puis vous m'inspirez confiance. Je sais parfaitement que vous n'irez dire à personne ce que cet endroit est actuellement.
Il eut un silence puis la jeune fille se lève pour aller regarder les différentes photos prises par Wesley.
- Elles sont très bien prises. On ressent parfaitement ce que vous vouliez démontrer sur chacune.
- Ho... c'est bien la première fois que l'on me complimente sur mes œuvres... d'ailleurs la robe vous plaît elle?
- Pour tout vous dire, c'est la plus jolie robe de mon dressoir. Est-ce vous qui l'avez  choisie?
Il baisse la tête gêné.
- Effectivement. D'habitude je n'ai pas forcément de bons goûts en matière d'habillement.
- Hé bien vous me prouvez le contraire. Pourquoi une si belle attention ?
- Je voulais que vous vous plaisiez pour notre première séance photo.
-Notre première ? Voulez vous dire que nous en aurions plus d'une?
- Pourquoi pas après tout ? J'ai beaucoup d'inspiration quand je vous voit Bahissé.
Elle se lève et croise les bras.
- Quelque chose vous chiffonne t'il?
- Je veux bien que vous me preniez en photo, mais dans ce cas, j'aimerais vous prendre aussi.
- Pardon?... est-ce du chantage ?
- C'est un marché ... J'ai le droit de m'amuser aussi... allez s'il vous plaît...
-...Bon très bien. Marché conclut.
Les deux jeune se serrent la main. Ils se munissent chacun d'un appareil.
- Vous avez tout compris? Le déclencheur est ici et...
Pour toute réponse, Bahissé le prend en photo. Les clichés fusent. Ils prennent des poses différentes toutes les deux minutes... l'éclate totale. Wesley s'arrête un instant pour régler un petit détail sur son appareil et Bahissé en profite pour le prendr au vif. Elle l'a trouvé si beau.
Vingt trois heure quarante deux. Wesley et Bahissé sont installés sur le lit du studio et regardent les photos.
- Pourriez vous m'en imprimer une ?
- Biensur! Laquelle préférez vous?
Il lui tend ses clichés.
- À vrai dire, c'est une photo que moi même j'ai prise que j'aimerais.
- Ha? Vous vous êtes prise vous même?
Elle sourit et lui montre le cliché qu'elle a pris à son insu.
-Ho mais... cela me gêne un peu... êtes vous certaine que...
- Oui. C'est celle ci que je désire.
- Bon... Vous aurez cette photo dès demain...
Elle se lève ravie.
- En tout cas, mille mercis pour cette soirée... je n'ai même pas de mots pour la décrire...
- Parfaite?...
-Oui. C'est exactement le terme que je cherchais. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas amusée ainsi.
-Revenez quand vous le souhaitez Bahissé...
-J'y songerais...

L'amour interdit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant