La naissance

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Au fin fond du Mali, dans le village de Monzonballa, venait de résonner les cris de deux bénédictions du tout puissant.

DANS LE NORD :

« Maryame, les dieux sont contre toi, tu as encore une fille, et pas n'importe laquelle, t'as une «'ngonbèlè' (albinos) !!! »

Oulouloulouuuuuuuuuuuuuuu !!! malédiction, abomination !! avaient criées les vieilles dames présentes dans la case.

Malédiction comme elles ont dit, se fut l'arrivée de sa quatrième fille. Ce choque, ce dernier coup de grâce resta dans la gorge du père, qui a non seulement rejeté son enfant comme la mère qui n'a pas voulu la prendre dans ses bras. Aussi le père Bourama, voulait un garçon, un héritier qui perpétuera les coutumes, qui l'accompagnera au champ, aidera à prendre soin de la famille. Mais au lieu de cela, il n'a eu droit qu'à plus de dépense, de problèmes, de charge. Cela servait à quoi d'avoir une fille ? non seulement t'es la risée du village, t'es aussi vu comme un incapable.

Bourama ne pouvait pas accepter cet affront. Cet enfant ne pouvait pas être sa fille, non seulement elle ne lui ressemblait pas, mais aussi...non cela est juste impossible, sa femme l'a trompé, ça ne peut être que ça.

Maryame, qui venait de se remettre à peine du choque, est jeté dans la cours par son mari, qui l'accusait d'adultère. Sur le coup, elle n'a pu rien faire, à part se lamenter et maudire cet satané enfant, qui, en même pas encore née, qu'elle lui avait pourri la vie.

Celle-ci s'est donnée la mort cette même nuit, avec témoin le ciel semblant pleurer sur son malheureux sort. L'on ne saura donc jamais si l'accusation du père Bourama était vrai, elle enterra ce secret avec elle.

Quant au père Bourama, trop fier pour accepter cet ultime affront, donna sa fille sans aucun délais en offrande, « une offrande empoisonnée » il disait. Celle même que tout le monde refusa, la jugeant impure, sauf un vieux couple que la vie n'a béni d'aucun enfant. Ils en voyaient là une occasion pour compléter leur bonheur de couple, et c'est ce qu'ils furent. Ils prirent cet enfant qui pleurait encore, se serait-elle rendu compte de sa triste vie ?

Et c'est depuis cette nuit, où la famille Kouma a été disloqué, que leur fille albinos, qui hérita du nom de Khaani, vit désormais au dépend de ce vieux couple Abou et Abi.

AU MEME MOMENT DANS L'OUEST :

« Abomination !!, Fanata tu es maudite, cela fait des années que t'es marié, et les dieux t'ont donné comme enfant un bossu !!! »

Les vieilles dames aidant pour l'accouchement, s'en allèrent, non sans rappeler à Fanata à quel point elle pouvait être malchanceuse. Celles-ci étaient précédées par la belle-mère, qui à son tour, la dénigrera. Le père Daouda, quant à lui, avait perdu tout espoir, que n'avaient-ils pas fait pour avoir un descendant ? et maintenant qu'ils l'ont eu, celui-ci se trouve être un bossu. Les dieux auraient mieux fait de ne rien lui donné, que lui remettre une charge aussi monstrueuse, oui c'est comme cela qu'il voyait son fils. À quoi va-t-il lui servir ? se demandait-il.

Pendant ce temps, Fanata, pleurait son malheur avec son fils, que le ciel semblait accompagné. Elle a fait tout ce qu'il fallait pour avoir un fils. Elle a bu divers jus de plantes et s'était aussi lavé avec. Certains médicaments étaient utilisables que la nuit, pourtant, malgré sa peur elle se levait quand les ânes et chien aboyaient férocement un être de la nuit. Elle est même allée à donner son corps au marabout comme l'avait suggéré sa belle-mère. Elle regrettait son acte, mais surtout peur que la belle-mère Assan ne la dénonce à son mari. Fanata redoutait terriblement la réaction de Daouda même si elle savait qu'il a passé plus qu'une nuit dans le lit de sa cousine.

Il était désespéré, il voulait un héritier peu importait la femme qui le lui donnera. Assan était au courant de cela, d'ailleurs l'idée venait d'elle. Ne dit-on pas qu'une mauvaise mère aimait toujours le plus horrible de ses enfants ? Belle-mère Assan était d'un vicissitudes sans fin, elle n'a jamais aimé Fanata, si s'ajoute à cela son infertilité, elle n'allait pas se gêner de divulguer son secret. D'ailleurs c'est ce qu'elle fut mais la réaction de son fils n'était pas comme celle qu'elle s'était imaginé. Daouda, n'était pas aussi mauvais que ça, puisqu'il venait de comprendre quelque chose que personne n'osait lui dire : Le problème venait de lui.

Mais il a tout de suite été dans le flou, quant au milieu des cris de l'enfant, des sanglots de sa femme, et des grondements du tonnerre, sa cousine Nafia lui annonça qu'elle était enceinte. Son comportement changea du tout au tout. Il bâta d'abord sa femme, avant de la jeter dans la case isolée de la cour, lui déclara qu'il refusait non seulement la paternité de l'enfant mais aussi il ne prendra plus soin d'eux ; elle devra se débrouiller seule avec son fils. C'est pour tous ses années de mariage qu'il lui permettait encore de vivre sous son toit

Et c'est depuis cette nuit, que Fanata et son fils bossu Daouda, vivent dans cette petite case, avec comme nourriture les restes de la famille.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 23, 2021 ⏰

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