chapitre douze

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Je tente de me redresser et étouffer un cri de panique. Je sais que je devrais prendre mes jambes à mon cou. Quelque chose ne tourne pas rond. Comme si chaque muscle, chaque cellule de mon corps ne communique plus avec mon cerveau. L'homme, mon père, s'avance vers nous, doucement, méfiant. Le groupe se dissipe. Ils s'éloignent et je les regarde descendre sans émettre le moindre bruit. Je reste, impuissante et m'écroule doucement au sol, incapable de les suivre. Je m'appuie dos au sac de briques. Je peux entendre son souffle au-dessus de moi, chacun de ses pas résonnent lourdement dans ma tête. Je replis mes jambes pour me faire petite au maximum. La porte s'ouvre de nouveau.

- Charly ? Fait une voix grave inconnue.

Le nom de mon père résonne dans ma tête comme des tambours prêts à éclater. C'est bien lui, l'autre homme vient de le confirmer. Mon père, à peine quelques centimètres nous séparent. C'est à peine réalisable.

- Je la sens, Nolan. Elle est tout près.

- Non Charly... Elle est morte, je suis désolé.

Je ferme les yeux, prie pour que je ne me fasse pas repérer. Mais je suis envahie par une envie folle de courir dans les bras de mon père, ceux qui m'ont toujours réconforté.

- Non ! C'est impossible ! Je peux ressentir la douleur au son de la voix de mon père.

L'homme s'approche de papa, lâche quelques mots de réconfort, puis le silence règne. La musique a cessé, le brouhaha aussi. Comme si le temps s'est arrêté. Les pas s'éloignent et la porte se referme. Je sens une main s'emparer de la mienne et une autre sur ma bouche pour étouffer mon cri. Zoey me regarde d'un air effaré. Elle m'aide à me relever.

- Tu es folle ! Ou tu es suicidaire ? Je crois bien les deux ! s'exclame-t-elle en chuchotant.

J'essaye de me concentrer sur ses mots, mais rien n'est censé pour moi.

- J'ai cru qu'ils allaient te tuer. Reprend-t-elle. Tu m'as fait une de ces frousses. En plus de ça Aiden est furax, n'imagine même pas ! J'ai dû tout escalader pour te récupérer. Tu devais nous suivre. Et tu as failli nous faire repérer.

Je la regarde l'esprit ailleurs. Je n'en reviens toujours pas de ce qui vient de se produire.

- Ayleen, tu entends ce que je te raconte ? Elle me secoue les épaules. Vite, on doit s'en aller !

Je reprends mes esprits autant que je le peux avant de descendre. Une chance que mes reflexes se sont améliorés, je suis surprise que je ne tombe pas aussi facilement, pourquoi ne l'ai-je pas fait d'ailleurs ? Peut-être que ce n'est pas la solution à ma souffrance.

À notre arrivée, ils ont déjà embarqué et n'attendent plus que nous. Zoey vérifie nos arrières, si personne ne nous a suivi ou repéré. Puis nous entrons dans le fourgon à notre tour.
Le trajet se fait dans le silence, plutôt pour ma part. Les autres chahutent comme s'il ne s'était rien passé.

- Tu ne dois pas t'inquiéter, me console Sindy en me donnant un coup de coude amical. Ça nous est tous arrivé ce genre d'incident.

Je ne réponds pas, ni ne lui ébauche un sourire. Je veux m'enfermer sur moi-même. Ne plus communiquer, aucun mot ne pourrait traduire ce que je ressens à ce moment même.

Nous arrivons enfin au manoir. Le voyage m'a paru interminable. Aiden nous ouvre la porte, les vampires se jettent dans le noir et atterrissent lourdement sur le gravier recouvert d'une légère couche de neige. Debout devant la portière, je sens le vent qui me pousse, comme s'il me prévient que je ne devrais pas rester ici. Du moins, c'est la sensation qu'il me procure. Sindy m'attend.

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