Création

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Décidément, la tâche s'avérait plus compliqué que prévu pour le jeune homme. Trois heures, trois et longues heures durant lesquelles il n'avait rien produit. Il était là, assis face à son bureau, des idées plein la tête mais rien ne sortait.

Il regardait son carnet. Ses yeux remontèrent progressivement le long des ses mains crispées sur ce stylo bleu. Il tourna son stylo entre ses doigts avec habilité et agilité.

Le tic-tac de l'horloge ne faisait qu'augmenter son agacement. Sa mâchoire se crispa, ses muscles se contractèrent et le stylo vola en milles morceaux à l'autre bout de la pièce. Il atterrit dans un bruit léger qui contrastait avec le bruit incessant de ses doigts frénétiques tapant sur la table.

Il respira mais rien ne changea, ce qui l'agaçait deux fois plus. Il enleva son pull, le jeta à travers la pièce et fourra ses mains dans ses poches violement. Et il commença à faire les cents pas dans cet endroit exiguë.

Son imagination voulait couler sur le papier, ses doigts voulaient danser avec le style mais son cerveau peinait à suivre un rythme endiablé par les pensées mouvantes du jeune homme. Ses doigts le démangeait, le suppliait d'écrire quelque chose. Son esprit étouffait sous le poids de ses propres pensées.

Il se leva, prit férocement le carnet et se rassit l'esprit engourdi. Prendre le carnet lui avait enlevé toutes ses forces. Il soupira et prit son septième stylo de l'heure.

Son coeur battait faiblement, effrayé par le tumulte des pensées cacophoniques. Doucement, il essaya de se frayer un chemin sur ces terres tremblantes de passion. Plus d'une fois, il tomba. Mais il savait où aller.

Le jeune homme prit sa tête entre ses mains et le pressa fort pour taire le bruit de ses pensées. Il reprit un respiration calme et écouta les doux battements de son coeur.

Avec calme et parcimonie, il prit son stylo et laissa la magie opérer. Tout avait retrouvé sa place. Le cœur dictait les émotions et le cerveau ordonnait leur retranscription aux doigts. Ses pensées n'étaient plus que légèreté et volupté, claire dans son esprit illuminé.

Son stylo dansait gracieusement sur la feuille. Il tentait joyeusement le papier vierge de tous mots et continuait sa ronde dans un rythme virevoltant. Le bruit des deux surfaces jouant ensemble appaisa le jeune homme.

Son esprit se calma à l'instant même où il reposa le stylo sur le bureau. Tout était calme et silencieux. Seule sa respiration se faisait entendre dans le studio. Il prit délicatement le papier de ses doigts noircis d'encre et relu attentivement ce qu'il avait écrit. Après un dernier regard, il se leva et ferma la porte de son atelier de création. La feuille entre les mains et le cœur léger, il s'avança, confiant, vers son producteur.

Un clavier et des heures perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant