7. Le Diable et son frère Satan

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"Mon pion m'a mordu !" s'écria Harry.

"C'est parce qu'il faut être délicat..." soupira Michael. "Comme ceci : bonjour gentil petit pion, accepterais-tu de combattre vaillamment pour moi ? La vie d'un pion est difficile, sois un minimum compatissant !"

"Vous ne jouez jamais à des trucs normaux ?!" demanda Harry.

"C'est un jeu parfaitement normal." asssura Max. "Tout le monde connaît le jeu de l'oie..."

Sauf que ça n'avait rien à voir avec un jeu de l'oie. Un plateau vaguement circulaire, des pions (vivants) et des dés mais les ressemblances s'arrêtaient là. Chaque case correspondait à une pièce de la maison et à chaque tour, une épreuve se déclenchait automatiquement dans un mécanisme magique.

"Ton but est de réussir cinq épreuves, enfantin, tandis que Michael et moi devons gagner le jeu."

"Ça a toujours l'air simpliste mais je me retrouve à chaque fois si blessé que vous êtes obligé de me ressusciter avec vos potions dégueulasses !"

"Tu es nul !" disent-ils dans une symbiose parfaite.

Ce n'est pas une fatalité, disait Michael. Est-ce qu'il se fichait de lui ? Harry donnait tout ce qu'il avait à chaque fois et ça ne suffisait jamais ! Rien ne t'empêche de progresser... Rien, à part deux connards dont le prénoms commençait par le M de Merdeux.

"Honneur aux invités." décida Michael.

"Ton épreuve était ce matin !" rappela Max. "C'est moi qui décide cet après-midi."

"Ok."

"Honneur aux invités." répéta Max.

"Tu te fiche de moi ?!"

"Un peu..."

N'étaient-ils jamais sérieux ?!

Harry attrapa les dés avec crainte. Rien ne le mordit, rien ne le frappa et rien ne le brûla alors il se dit qu'il commençait plutôt bien.

Les dés roulèrent entre ses doigts et bien sûr, il tira le chiffre minimum à savoir 2 et ça n'avait rien à voir avec la malchance :

"Les faces n'affichent que des 1 !" dénonça-t-il.

"Évidemment, ils s'accordent avec ta nullité puante." répondit Michael comme une évidence. "Ce sont des dés magiques, tu n'arriveras à rien si tu ne peux pas les convaincre que tu vaut mieux qu'eux !"

Harry capitula, encore. Il en avait marre de jouer contre des tricheurs mais ils avaient raison : il ne pouvait rien faire contre eux. Michael lui avait dit de progresser mais ça ne servirait à rien sans connaître ses épreuves à l'avance. Comme ils improvisaient au jour le jour, aucun moyen de savoir sur quoi il allait tomber le lendemain. En plus, ce n'était pas comme s'il pouvait atteindre leur niveau de maîtrise en une nuit.

Bien sûr, son pion avança sur le motif le plus effrayant du plateau : une case toute noir ornée d'une tête de mort qui annonçait La Mort. Si les dés étaient truqués, cette case n'était pas placée là par hasard.

"Intéressant..." marmona Max. "Cette épreuve a lieu dans la chambre de Castor et Pollux !"

"Ne les appelle pas comme ça."

"T'as raison. Ils pourraient m'entendre ! Ce qui équivaut à insulter le Diable et son frère Satan."

Max avait visiblement peur d'eux et Harry dégluti péniblement. Déjà que Red semblait être l'incarnation d'une divinité pour les deux M (comme Maléfiques), si Max craignait les deux derniers membres de la Meute alors la bande de gamins devait être effrayante au complet.

"Tu dois aller dans la chambre et rapporter la carte avec le motif de ta case." informa Michael. "Si tu réussi, tu pourras rejouer sinon, ça sera notre tour."

"C'est à moi de lui expliquer !" s'énerva Max.

"Si tu as l'intention de répéter exactement ce que j'ai dis, je te jure qu'on aura à bouffer ce soir : un bon steak de Skaro."

"Tu n'oserai pas !"

"Tu veux parier ?"

"Bon, d'accord." capitula-t-elle pour la première fois.

C'est comme ça qu'Harry se retrouva dans la chambre de Logium et Praesepe. À priori, ce n'était pas si horrible qu'il l'avait imaginé : la pièce était séparée en deux espaces par la peinture qui passait du noir au rouge. Mis à part le choix de couleur et une décoration pouvant rappeler un courant gothique (plutôt soft), c'était très banal : une multitude de dessins sur les murs, une étagère craquant sous les jeux de société et un bureau recouvert de matériel d'art très varié.

Encore mieux, la carte qu'il cherchait était très visible et il avait juste à tendre la main pour l'attraper. C'était facile mais il avait encore des plaies suite à l'épreuve du matin et son cerveau lui hurla très distinctement : C'EST UN PIÈGE !

"Bouge ton cul !"

Au vu de la forme particulière de ce jeu qui nécessitait la séparation du groupe, la boîte dessinée par Praesepe était accompagnée d'une étrange créature très moche : un oeil et une bouche sur des pattes de grenouille. Harry ne voulait pas penser à sa conception...

"Ça fait cinq jours que j'en prends plein la gueule, j'ai le droit de me méfier..."

"Bien !" s'écria la chimère avec la voix de Max.

"Quoi ?!" s'étonna Harry.

"J'ai rien dis du tout."

Plus Harry observait la carte et moins il en avait peur. De toutes les manières, s'il y avait un piège, il était drôlement bien élaboré et probablement implacable. Comme toujours, il avait le choix : affronter ou fuir. C'était généralement avec la première option qu'il finissait à moitié mort.

"J'abandonne." décida-t-il pour changer.

Livre 0 : Le Pouvoir de la MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant