Chapitre 7

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Clément se réveilla en sursaut. Le jeune homme était en panique, persuadé que l'affrontement avec les terroristes n'était pas fini. Mélissandre posa doucement une main sur le bras de son ami :

- Tout va bien Clem, ne t'inquiète pas...
- Où est-ce que...
- Tu es dans ta chambre. Tout le monde va bien, tu les as battu...

Il fallut quelques instants pour que Clément prenne conscience de ce qu'il s'était passé. Son regard s'assombrit :

- Non... Tout le monde ne va pas bien...

Mélissandre ne répondit pas. La mine abattue de son ami lui brisait le coeur. Le jeune homme prit la main de son amie :

- Je ne me souviens pas de tout... Qu'est ce qu'il s'est passé ? Il commençait à faire si froid... Et d'un coup plus rien, c'est le noir total...
- Je ne sais pas vraiment, t'es yeux sont devenus rouges d'un coup et tu as tout brûlé sans même utiliser de briquet...
- D'accord... Et Clara, Mathilde, Guillaume...
- Ils vont tous bien ! Ils sont en train de se préparer pour partir... On s'est dit que rester ici risquait d'être dangereux... J'ai aussi préparé tes affaires. J'ai juste laissé ton carnet dans le tiroir... Je ne l'ai pas lu rassure toi ! s'écria-t'elle en voyant son ami pâlir
- Ouf... Vous avez eu raison. Tu n'as pas encore préparé tes affaires j'imagine. Vas y, je termine de tout préparer ici. On se rejoint après !

Mélissandre retourna donc dans sa chambre pour préparer ses affaires. En chemin, elle croisa Angel. La jeune fille aux cheveux roux lui jeta un bref regard et lança d'une voix remplie de sarcasme :

- Tu étais avec Clément ? C'est mignon !
- Je m'assurais juste qu'il aille bien, pourquoi ? demanda Mélissandre, sur la défensive.

Mélissandre ne s'était jamais très bien entendue avec Angel. Cette dernière essayait de séduire Clément depuis plus d'un an, sans succès, et elle semblait en vouloir à Mélissandre.

- Oh pour rien, répondit Angel en haussant les épaules, après tout tu peux veiller sur lui autant que tu veux, il ne se passera rien entre vous deux.
- Euh... Qu'est-ce qui te fait penser que je veux...
- Ne fais pas l'innocente, j'ai bien vu comment tu le regardais ! Mais laisse tomber, il est pas pour toi ! s'énerva Angel.
- Je doute que ça soit le moment Angel... Et puis même si ça l'était, ça ne te regarderait pas.

Mélisandre rentra enfin dans sa chambre pour préparer ses affaires. En fermant la porte elle soupira. Clément et elle étaient amis. La jeune fille, après avoir mis toutes ses affaires dans un grand sac, s'installa dans son lit. Elle se souvint alors de ce que lui avait dit Clara. Clément l'aimait beaucoup. Mélissandre se surprit à imaginer Clément ressentant plus que de l'amitié pour elle. Cette pensée lui arracha un petit sourire sans qu'elle s'en rende compte. La voix grave de Clément retentit alors dans le couloir :

- On se rejoint dans le hall dans dix minutes !!!

Dix minutes plus tard, tous les jeunes se retrouvèrent dans le hall de l'orphelinat. La plus grande pièce du bâtiment était encore intacte, comme si rien n'était arrivé. Clara prit la parole la première :

- Il va falloir qu'on parte d'ici. À mon avis, l'orphelinat n'a pas été attaqué pour rien. Le fait que personne de l'orphelinat ne soit mort de la grande attaque de l'Apocalypse a dû les attirer ici... Et l'absence de trois des leurs risque de les faire revenir en grand nombre...

Les 12 orphelins acquiescèrent aux paroles de la jeune fille.

- Mais euh...on va où et comment ? demanda Guillaume

Personne ne put répondre. Très peu d'entre eux avaient vraiment connu l'extérieur. En dehors de l'orphelinat, ils ne connaissaient que quelques endroits où ils avaient fait quelques rares sorties. Les regards se tournèrent donc vers Clément, qui avait vécu pendant deux ans seuls dans la rue. Celui-ci resta silencieux pendant de longues secondes. Il se fit craquer le cou et les mains avant de finalement briser le silence :

- On n'a pas énormément d'argent. On a quoi ? Cent euros chacuns ? Avec ça on pourra jamais se loger et se nourrir. On a à manger pour une bonne semaine de ce que j'ai pu voir. Ça ne sera pas suffisant. Selon moi on devrait aller dans les quartiers Sud de Tiréapolis.
- C'est là où tu as vécu non ? demanda Mathilde en fronçant les sourcils. Tu n'avais pas dit que c'était un coin dangereux et pas très fréquentable ?
- Si, justement, ce n'est pas le premier endroit où on va nous chercher. Et en plus on pourra s'y faire de l'argent.
- On va pas se prostituer quand même ? demanda Améline en rougissant.
- Tu peux si tu veux, répondit Clément avec un grand sourire.
- Non mais sérieusement ? demanda Mira, mal à l'aise.
- Il y a beaucoup de clubs de combat clandestins dans ces environs. Avec parfois des assez bonnes sommes à gagner, clarifia le jeune homme en effaçant tout sourire de son visage. C'est comme ça que j'ai survécu dans la rue.
- Tu gagnais souvent ? demanda doucement Mira, visiblement fatiguée de l'utilisation de ses pouvoirs sur son ami.
- Ça dépendait. Mais là, avec l'apparition de pouvoirs, les combats illégaux ont dû prendre une toute autre dimension. La vraie question c'est comment on va y aller ? Les deux mini-bus sont pas détruits ?
- Euh non mais va falloir conduire... Et ça c'est pas gagné, soupira Mathéo.

Les jeunes se dévisagèrent tous les uns les autres. Améline leva la main, gênée :

- Soeur Marie m'a un peu appris à conduire. Je devrais pouvoir m'en sortir.
- Clément t'as pas appris à conduire dans la rue ? demanda Angel en posant sa main sur l'épaule du jeune homme.
- Je me débrouille avec une moto et je sais voler une voiture... Mais vous voulez pas m'avoir au volant. Croyez moi.

Ce disant, le garçon aux yeux tricolores se débarrassa de la main de la jeune femme rousse d'un mouvement de l'épaule. Il regarda ensuite Loryne. La petite blonde baissa les yeux par réflexe. Bien qu'ils soient amis, regarder Clément dans les yeux était toujours difficile du fait de leur couleur unique qui mettait légèrement mal à l'aise les autres. De plus, le regard du jeune homme semblait transpercer les autres, comme s'il pouvait deviner ce à quoi pensaient les autres. Clément sourit gentiment :

- Il me semble que tu sais conduire Loryne non ?
- Euhh... Je peux oui, répondit timidement la jeune fille.
- Parfait ! On a plus qu'à se répartir dans les mini-bus. Je monterai avec Améline, Mathéo, Clara, Mathilde et Mélissandre. Guillaume, Loryne, Angel, Mira, Robin, Morgane et Aurélie vous monterez ensemble.
- Pourquoi comme ça au juste ? demanda Angel, déçue de ne pas être avec Clément.
- C'est pour avoir une répartition assez intéressantes des pouvoirs. De ce que j'ai pu comprendre grâce à ce que m'a dit Clara, Mathéo et moi on peut se défendre assez bien. Mathilde peut lire dans les pensées ce qui peut être très utile. À nous trois on devrait pouvoir bien défendre Clara, Améline et Mélissandre qui n'ont pas encore de pouvoirs. De l'autre côté, Guillaume, Robin et Morgane peuvent également se défendre et donc protéger Angel, Aurélie, Mira et Loryne dont on ne connaît pas encore bien les pouvoirs. Allez y, on va charger les coffres avec nos sacs. En attendant je vais m'occuper... Des corps des autres... Attendez moi aux bus.

Clément marcha dans l'orphelinat, réunissant les corps des nonnes et de ses camarades. Il les allongea tous les uns à côté des autres. Il n'eut même pas un regard pour le corps d'Aiden et les restes carbonisés de Frost. En revanche, il s'arrêta devant le corps calciné de Kayzer :

- Je sais que tu es encore en vie. Je vois bien que ton corps est moins brûlé que toute à l'heure. Ta capacité de régénération est assez impressionnante. Mais elle ne pourra pas soigner des cendres.

Le jeune homme actionna le briquet qu'il avait dans sa main droite. Une vague de flamme jaillit en direction du corps de Kayzer. Clément n'arrêta le feu qu'au moment où le corps avait totalement disparu. L'orphelin se dirigea ensuite vers la sortie. Il rejoignit les autres aux mini-bus. Juste avant de monter, il actionna de nouveau le briquet. La flamme demeura bien que Clément ne tenait plus que le bas du briquet. Il le jeta à l'intérieur de l'orphelinat qui commença soudainement à brûler. Clément regarda tristement la vision de son cauchemar devenir réalité, puis il entra dans le mini bus conduit par Améline :

- On y va.

Il regarda ensuite Mathilde, sans parler. Celle-ci comprit que son grand frère adoptif attendait qu'elle lise ses pensées. Elle réprima un frisson en le faisant.

"Je vais avoir besoin de toi et de ton pouvoir. Voilà ce que tu vas faire... "

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