"Il y a des jours comme ça"

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Il y a des jours comme ça,
Ce sont souvent des jours de pluie,
Où il n'y a rien à dire.
Alors on écrit, sans trop savoir où nous allons.
Sans trop savoir pourquoi.
Parfois, je ne sais même pas si je mettrai un point ou une virgule à ma phrase.

Il y a des jours comme ça,
Où tout fait trop mal,
Ou alors tout est trop beau.
Alors on en oublie les mots.
Le stylo court et nous on rampe pour le rattraper.
Puis tous les deux nous nous arrêtons, à bout de souffle, les poumons vides.
On tousse quelques taches sur le papier.
Des larmes d'encre.
Et puis on repart,
Les majuscules s'alignent, à celle qui sera le plus près de la marge.
Quelques alinéas s'interrogent sur leur présence et moi je fais de même.
Mais je continue,
Même si plus rien n'a de sens,
Je continue,
Je dépasse ma conscience,
Bouscule mon subconscient.
Je ne veux plus penser à la fin,
Ce texte n'aura pas de fin.
Je veux qu'il soit immortel,
Qu'il vive,
Peut-être que par cette action,
J'espère faire de même avec toi.

Je divague, les mots arrivent en vagues,
Les lettres m'avalent.
Je me noie dans le bleu de l'encre.
Elle coule,
À flot,
De mes yeux,
De mon stylo.
Elle pleut,
Du ciel,
Des nuages,
De mes ratures.

Je ne sais plus où je vais, je pars quelque part, loin, dans un lieu qui n'existe pas, dans un monde où les pages sont des trésors, où les hommes le sont plus encore..

C'est un jour comme ça,
Où tout se couche calligraphié,
Ou tout se cache car rien n'est beau.
Car plus personne ne sait ce qui l'est.
Et j'écris,
Je hurle en silence,
Je vis de peur.
Je pleure de vie.
Je pleure des syllabes.
Mon esprit est un bateau naufragé qui n'a plus que l'ancre pour ne pas fouler le fond.

La fin de la page approche,
Si seulement je pouvais déborder,
Écrire sur le bureau,
Le sol,
Les murs,
Le ciel,
Écrire des morceaux de vie sur des morceaux de terre.
Écrire des morceaux de moi sur des morceaux de mer.
Déraper encore et toujours.
Tracer mon prénom dans le sable,
Griffer l'écorce pour écrire une histoire,
Mordre la poussière pour la faire voler,
Pour la forcer à vivre.

Le bord de la feuille n'est pas une limite.
Je suis une inconsciente.
Alors je continue sur ma peau,
Je note des vers dans ma paume,
Des poèmes sur l'avant bras
Tu faisais de même sur les tiens.
Des mots tranchants.
Les phrases débordent dans le cou,
M'irritent les lèvres,
Me tiraillent les veines,
Me font mal,
Me font souffrir,
Me tatouent le cœur,
Fait se battre ma peau.

Et puis plus rien.
Un rayon de soleil.
Il n'y a plus d'encre.
Plus de douleur.
Tout reprend la légèreté de la plume.
La lourdeur de mon âme est dans ces mots.
Un peu de la votre aussi, sans doute.
Il y a des jours comme ça.
Où plus rien n'a de sens.
Les mots ne sont plus seulement des mots.
Ce sont des maux.
Il y a des jours comme ça
Où les textes n'ont pas besoin de fin,
Ils ont juste besoin d'être vrais.
Il y a des jours comme ça où...

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 21, 2020 ⏰

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