Un peuple Ordonné est une Nation Ordonnée. C'est ce que j'ai fait graver sur ma chevalière, il y a trente ans de cela. Il fallait bien quelque chose pour me convaincre que tout ce que je faisais était légitime. Au début, j'étais convaincu que ce que je désirais accomplir était juste. Convaincu que seul une prise en main ferme du pouvoir et du peuple aurai permis de sortir de cette crise. Mais plus je vieilli, plus je me rends compte que mon idéal est et ne sera jamais qu'une utopie et que, par définition, il sera inatteignable. Il est vrai, j'ai profité de la démocratie et de ses faiblesses pour la mettre à bas. Mais je n'ai pas fait ça pour mon propre compte. J'ai fait cela pour l'intérêt commun, j'ai voulu faire le bonheur et la prospérité de mes Citoyens, avec eux quand ils le voulaient, malgré eux quand ils s'obstinaient, mais toujours dans leurs intérêts. Mais certaines personnes ne voulaient pas comprendre, alors j'ai sévi. Ne n'avais pas le choix, du moins je ne l'avais plus. Indirectement, ceux me reprochant mon autoritarisme m'ont poussé à abuser de mon pouvoir.
Ah, à mon arrivé au pouvoir, c'était bien différent. C'était il y a longtemps. Presque quarante ans en vérité. La crise économique avait laissé place à la crise sociale qui avait elle-même laisser place à la crise politique. Un terreau idéal pour les hommes de mon acabit. Le chômage touchait près de la moitié de la population active, les gens perdait confiances en leurs voisins, en leurs dirigeants, en leurs amis. Mon charisme, bien émoussé avec les années je dois dire, et ma jeunesse on fait de moi, et sans bien m'en rendre compte, l'alternative au chaos. Mon programme était simple, relancer la croissance par tous les moyens. Peu à peu, j'ai grimper les échelons du monde politique jusqu'à prendre la tête du pays. Les gens m'avaient fait confiance, alors je fis tout ce que je pu pour honorer mes engagements. Et j'y suis arriver. La dette s'est résorbée, le plein emploi est revenu et le pays devint le premier Etat du monde pour sa croissance économique. Certes, tout cela se fit au prix des liberté individuels et de la démocratie. Mais les gens n'avaient déjà plus rien à espérer de ces concepts. Je me suis fait des ennemis, certains étaient en désaccord avec ma vision, d'autres enviait mon pouvoir. Alors j'ai du ruser, et ai fait, comme le prêchait Zarathoustra, de mes ennemis des amis. Plaçant au plus haut ce qui pouvais m'être utile, et me débarrassant des autres. J'ai purgé, nettoyé, évidé la classe dirigeante et continue à le faire autant que faire ce peut. J'ai convaincu, ennemis comme alliés, que je n'étais plus, comme je le prétendait par le passé, l'alternative au Chaos, mais tout simplement l'Ordre, sans chaos, sans contestation, sans alternative. Je n'étais plus celui qui possédait le pouvoir, j'étais devenu le Pouvoir.
Mais aujourd'hui, tout cela me semble bien vain, car le pouvoir est probablement le pire ennemi du rêve, j'ai eu l'audace de rêvé d'un monde meilleur, un monde ou plus personne n'aurai a manquer de travail, de nourriture, de loisirs. J'ai rêvé du meilleur des mondes possible. Mais aujourd'hui, quarante ans après le début de mon règne, je me suis réveillé, et le rêve que je prônait est aujourd'hui devenu un cauchemar éveillé pour tout le monde. Mais comment se résoudre a accepter sa défaite ? Comment accepter, et surtout faire accepté, que la ligne pour laquelle tout un pays s'est battu pendant près d'un demi siècle était fausse ? Alors j'ai continué à m'efforcer de croire que tout ceci était juste et valable, j'ai tenté de continuer de croire à mon rêve, et entraînant avec moi tout un peuple dans cette fuite en avant qui tôt ou tard finira mal, et je regarde ma chevalière...
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Portraits-Robots
Short StoryIls sont tous différents, n'ont pas les mêmes buts, les mêmes occupations ou encore les même opinions, mais ils partagent pourtant tous quelque chose : ils sont tous les rouages d'une impitoyable machine totalitaire. Cette nouvelle intègre en premiè...