1.2. Matin Blues

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Tout est en désordre

Le lit, la tête et le monde

Ah, doux et cruel matin

Comme ta mélancolie est belle

Comme ton blues est magnifique


Ryland ouvrit les yeux en un grognement. Le soleil filtrait par les persiennes et inondait la chambre de ses éclaboussures dorées. Il écarta la couette et roula sur le flanc. Il se massa les paupières et les tempes sans pouvoir faire taire le marteau piqueur qui s'acharnait sur son crâne.

Les lendemains de soirées, il les avait en horreur.

Il se redressa et laissa couler ses yeux sur celle qui reposait toujours dans les bras de Morphée. Il soupira et se détourna. Il quitta le lit et enfila ses vêtements. Il chercha un moment son téléphone, le retrouva gisant sur le sol.

Le parquet craqua sous ses pieds lorsqu'il sortit de la pièce. Il y eut un froissement de draps. La fille émergea, la mine chiffonnée. Sa chevelure d'ébène glissa le long de ses épaules, cascade d'encre noire.

— Merci.

Sa voix fut à peine audible. Elle le détailla de ses pupilles vacillantes. Des cernes violacés les soulignaient, sombres pétales d'aquarelle.

— Merci pour cette nuit.

Sa bouche tressaillit en un fugace sourire. Puis son corps disparut sous les couvertures et il n'y eut plus un bruit.

Le jeune homme resta longuement immobile sur le seuil de la porte et finit par tourner les talons.

Parfois, la nuit comprend des choses que le jour ne saisit pas.

Ce soir, les astres seront bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant