Chapitre 14

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Cela faisait deux jours.

Deux jours qu'elle avait claqué la porte de son bureau et qu'elle avait disparu. Elle n'était pas revenue dans ses appartements après sa retenue. Severus savait qu'il était en tort, mais il refusait de l'admettre préférant mettre en avant le comportement et les propos scandaleux de la rouge et or. Le soir même, il n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, il attendait qu'elle revienne et empêchait son esprit de divaguer et de s'imaginer mille scénarios dans lesquels les mangemorts auraient retrouvé et attaqué la jeune femme. Le lendemain matin, ce fut Minerva Mc.Gonagall qui lui annonça que la Gryffondor avait prévenu sa directrice de maison qu'elle passerait quelques jours chez Harry Potter.

Même s'il ne montra qu'un air impassible et indifférent face à cette nouvelle, Severus fut particulièrement rassuré de la savoir en sécurité. Malgré ses anciennes rancunes envers Potter, il reconnaissait sa force et savait très bien qu'Harry Potter était un grand et puissant sorcier. Severus se leva et balaya rapidement sa classe des yeux, ces deuxièmes années étaient tous sans exception des cornichons sans cervelles. Le maitre des potions soupira discrètement et se dirigea vers la fenêtre, il observa l'extérieur perdu dans ses pensées. Les paroles si choquantes de la jeune femme ne cessaient de le hanter : " Je n'ai pas peur de vous, Severus Rogue. Je sais parfaitement me défendre et je ne suis pas votre elfe de maison. La prochaine fois que vous voulez jouer au alcoolique mélodramatique, prenez le soin de le faire ailleurs qu'en compagnie d'une élève qui fait sa retenue. ". Elle avait même osé utiliser son nom au complet sans titre, pour la première fois de toute sa vie, Severus avait réellement été surpris par les paroles de cette Gryffondor. Il revoyait encore la manière dont elle l'avait regardé, il avait vu dans son regard noisette toute la colère qu'elle ressentait à son égard et une sorte de dégout. " Vous voulez peut-être crever d'une overdose, mais pas moi ", " Vous n'êtes qu'un pathétique alcoolique, vous ne valez pas mieux que les autres. Qu'est-ce qu'il m'a pris de vous sauver la vie. " Sa dernière phrase le blessa même s'il n'en montra rien. Jamais, au grand jamais, dans toute sa vie, les paroles blessantes de quelqu'un ne l'atteignirent excepté venant de cette Gryffondor. Pourquoi son opinion à son égard lui semblait-il si important ?

Après tout, elle n'avait pas si tort que cela lorsqu'elle l'avait traité d'alcoolique. Depuis la fin de la guerre, il buvait plus qu'en temps normal, beaucoup plus. Combien de fois s'était-il réveillé sur le canapé, une horrible douleur traversant son crâne. Maintenant qu'il y repensait, à chaque fois qu'il s'était réveillé, il y avait une potion récupératrice sur la table et il était couvert d'une couverture. Elle était là pour prendre soin de lui, et même lorsqu'il s'acharnait sur elle en classe, l'humiliant ou la rabaissant devant les autres, elle n'avait pourtant pas cessé de prendre soin de lui notamment lorsqu'il s'était inconsciemment coupé une entaille dans la main, elle avait aussi remis son épaule déboîtée à sa place et l'avait soigné alors qu'elle-même se vidait de son sang. Le maitre des potions soupira, il avait agi comme un imbécile encore une fois.

L'absence d'Hermione Granger se faisait particulièrement ressentir surtout lorsqu'il regagnait ses appartements en fin de journée, il avait l'habitude de la voir assise sur le canapé, un livre en main ou bien en train d'écrire une dissertation sourcils froncés et tellement concentrée qu'elle ne remarquait même pas sa présence. Son parfum avait l'habitude de flotter dans l'air surtout dans le hall d'entrée et à chaque fois qu'il entrait, une vague de cette délicieuse odeur venait lui chatouiller les narines. Même s'il manifestait son mécontentement à l'égard de la jeune femme lorsqu'il retrouvait des élastiques un peu partout dans sa salle de bain, dans le salon et ou bien derrière un coussin du canapé, il ne pouvait s'empêcher de se dire que cela lui manquait à présent. Elle était partout. Il avait lutté pour garder ses distances avec elle depuis la nuit où ils avaient échangé un baiser sous le ciel étoilé. Il savait qu'une sorcière comme elle si intelligente, brillante et ravissante, trouverait beaucoup mieux que lui, un simple maitre des potions beaucoup plus âgé qu'elle. Il savait que même si elle s'attachait à lui, elle finirait par s'en lasser, il le savait. Personne ne se souciait réellement de lui ou bien tout ceux qu'il aimait finissait par partir, il s'était fait à l'idée depuis déjà bien longtemps. Et pourtant, il n'arrivait pas à la sortir de ses pensées. Il avait essayé de la repousser en agissant froidement, durement avec elle, mais à chaque fois elle semblait se préoccuper un peu plus de lui.

Tempus [SNAMIONE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant