Une future héroïne

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Uraraka y était habituée. Cela ne signifiait pas que cela ne faisait pas mal.

Elle toussa et soupira lorsque dans sa paume tombèrent quelques pétales colorés. Ce n'était pas vraiment le moment. Ce n'était jamais vraiment le moment. Même aujourd'hui, lors d'une journée en tout point semblable à toutes les autres récemment, une journée lente et reposante. Uraraka était reconnaissante pour ces jours de vacances et de repos. Tout était calme et apaisant. Elle pouvait dormir le matin sans s'inquiéter d'être en retard en classe, elle pouvait déjeuner à treize heures sans se sentir coupable de ne pas s'être levée plus tôt. Elle avait une excuse pour procrastiner, pour passer sa journée dans son lit et pour abuser du forfait d'appel illimité dont ses amies disposaient.

C'était un changement de rythme bienvenu. Elle avait réalisé son rêve en entrant à Yuei. Chaque jour la rapprochait un peu plus de son diplôme et elle avait hâte de pouvoir construire sa propre agence. Cependant, le rythme et la rigueur scolaire qu'imposait la célèbre école pouvait très vite se faire épuisant. Elle s'y attendait, évidemment, elle avait été prévenue. Et d'un certain point de vue, cela était tout autant reposant que ces vacances. Les cours, les devoirs, les entraînements, tout cela lui permettait de ne jamais s'attarder trop longtemps dans ses propres pensées et souvenirs. C'était épuisant, mais elle respirait mieux.

Et si les vacances lui permettaient de dormir un peu plus longtemps et de se vautrer dans son canapé pendant des heures, sa ventoline n'était jamais bien loin.

Elle le leva pour jeter les pétales dans sa corbeille, avant de revenir s'asseoir devant son bureau.

-Ochako ? appela Ashido. T'es toujours là ?

Uraraka réalisa que son amie avait posé une question et attendait une réponse. Elle se dépêcha de reprendre la lecture de son manuel, récitant à voix haute le passage qui intéresserait sûrement Ashido.

-Ok, donc 1941, dit Ashido à voix haute, l'écrivant sûrement quelque part dans ses notes.

-Sept décembre, ajouta Uraraka. On va avoir des points en moins si on est pas précise.

-Ouais t'as raison, Midnight est reloue avec ça.

Ashido se corrigea et les deux amies continuèrent d'écumer leur manuel d'histoire et toutes les pages internet qu'elles avaient pu trouver sur le sujet, afin de tenter de créer une armature d'exposé plus ou moins crédible. Sur son vieil ordinateur, Uraraka n'avançait pas vite. Elle se chargeait donc de piocher des informations dans son manuel, tandis qu'Ashido cherchait le reste sur internet.

-Tu viens demain ? demanda Ashido distraitement, sa voix quelque peu déformée par le micro du téléphone d'Uraraka.

-Je sais pas trop, faut que je demande à mes parents s'ils ont pas besoin d'aide.

Ashido n'étouffa pas son rire.

-Genre tu passes pas tes journées à dormir.

Uraraka rit à son tour, ravalant instinctivement les quelques pétales qui obstruèrent sa trachée.

-C'est pas faux, mais c'est parce qu'ils me répondent toujours non, se défendit-elle. Au moins je suis là s'ils ont besoin d'aide à un autre moment. Là, je serai de l'autre côté de la ville.

-Ouais, je vois, t'inquiète, répondit Ashido. Euh, tu sais comment on fait pour écrire le symbole dollar avec le clavier, je m'en souviens jamais.

-Ça fait trois fois que je te le dis, grommela Uraraka.

-C'est bien ce que je dis ! protesta Ashido. Je m'en souviens pas ! Mais sinon, tiens-moi au courant pour demain, mon père est ok pour m'emmener, on peut passer te prendre. T'es sur le chemin et ça t'économisera le métro.

Une future héroïneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant