Chapitre 3: Songes éveillés

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J'étais redressé sur mon lit, regardant la formidable personne qui dormait à côté de moi. Elle était couchée sur le ventre, le dos délicatement délaissé par le drap et sa tête rousse tournée vers le mur. J'observais la façon dont les ombres nocturnes dansaient sur sa peau d'opaline, me demandant quels étaient les rêves qui pouvaient habiter ses nuits. Faisait-elle beaucoup de cauchemars, comme moi lorsque j'étais sans elle? Ou étaient-ce des songes aussi doux que sa peau et aussi tendres que ses sourires? Ou... Rêvait-elle un peu de moi, de temps en temps? Son bras sortit de sous son oreiller et à tâtons elle chercha ma main avant de se rendormir.

Cela faisait maintenant deux semaines depuis son anniversaire, et chaque nuit je ne me lassais pas de la regarder dormir. Elle semblait si... Paisible. Jamais je n'avais connu quelqu'un émanant une telle quiétude. Pourtant elle en avait, des raisons d'avoir peur. Peur de perdre ceux qu'elle aimait, peur de mourir. Ce monde était si... Affligeant. À n'importe quelle expédition, elle pouvait ne jamais revenir. Après tout, tout le monde disparaissait, non? Il suffisait de prendre pour exemple Isabelle, et tous les autres.

Seuls Erwin, Hansi et Mike étaient encore là, chacun seuls après toutes leurs pertes. Ils avaient tous choisi de rester seuls, et j'avais fait le même choix. Je pensais l'avoir fait, en tout cas. Et pourtant Petra était là, endormie à côté de moi, ne lâchant plus cette main qu'elle tenait étroitement entre ses fins doigts.

"Un sous pour ta pensée."

Souffla une voix dans la pénombre. Elle avait tourné la tête vers moi et me regardait avec sommeil, les larmes de ses bâillements aux coins de ses yeux dorés.

"Endors-toi au lieu de te poser de telles questions.

- Comment dormir lorsqu'on nous fixe toute la nuit?"

Répondit-elle avec une grimace avant de glisser vers moi pour coller sa tête contre mon épaule. Nos mains se tenaient encore, posées contre sa joue chaude. J'avais toujours peur de la glacer avec ma peau, mais elle ne réagissait jamais. Elle força un peu pour que je me rallonge et se rendormit bien vite, m'invitant moi aussi à plonger dans le sommeil.

Mon réveil fut causée par une désagréable absence dans le lit. Sans ouvrir les yeux je tâtais les couvertures à sa recherche, mais ne la trouvais pas.

"Avez-vous perdu quelque chose, mon caporal?"

En l'entendant j'ouvris un œil. Elle se tenait en peignoire dans l'entrée de la chambre, un plateau dans les mains.

"Je doute que vous ayez déjà eu un petit déjeuner au lit, mon caporal."

Elle me fit un clin d'œil et s'asseya au bord du lit, posant le plateau entre nous deux.

"Tu m'en as fait plein lorsque j'étais... En béquilles..."

Soufflai-je avec un air de dégoût. Ses petits-déjeuners ne me dégoûtaient pas bien sûr, c'était même tout le contraire, mais le souvenir de mes satanées béquilles n'était pas des plus agréables.

"Tu ne pouvais pas marcher avec un plateau, à ce moment-là. Maintenant tu as toujours ton plâtre et tu boîtes, mais tu marches tout seul comme un grand."

Elle m'embrassa sur le front.

"Une p'tite tasse de-...?"

Sans répondre je l'attrapai et en bus une gorgée.

"Qu'est-ce que...??"

Je fis la grimace, surpris de ne pas avoir bu du thé.

"C'est du jus de fruit, tu l'aurais su si tu m'avais laissée finir..."

Elle fit semblant d'être vexée avant d'attraper sa tasse à elle. Je jetai un coup d'œil à la mienne.

"Pomme?"

Elle hocha la tête.

"Mais pas que.

- ..."

Je n'étais vraiment pas assez réveillé pour jouer aux devinettes.

"Je l'ai mélangé avec du jus d'orange."

Ajouta-t-elle, voyant que je ne cherchais même plus.

"Pourquoi y a-t-il tout ça ici?

- Erd et Gunther ont fait des courses, pour les fêtes.

- Ils ne partent pas pour leur permission?

- Non, au contraire! La fiancée d'Erd va venir, la petite copine de Gunther aussi, les parents d'Auruo, quelques amis d'Eren je crois, et-...

- Ton père.

- Oui, ainsi que le major, les lieutenants, bref ça va être une grosse fête!

- Et je suis le dernier mis au courant?

- Exactement.

- Super..."

Quelle idée de faire venir autant de monde au château... Chacun chez soit, c'était très bien aussi. Plus de personnes signifiait plus de bruit, plus de nettoyage, plus de problèmes.

"Allez, tu vas voir! Cela va être amusant. Un peu plus de vie ici ne fera de mal à personne.

- Cela pourrait me faire du mal, à moi."

Elle me regarda en haussant un sourcil et fit la moue, doutant sérieusement de ce que je venais de dire.

"Au contraire, je pense que cela pourrait te faire beaucoup de bien. En plus mon père t'adore."

Ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Le début de l'espoir (Et si y avait-il un espoir? 3, Rivetra)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant