Chapitre 15

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 Suite au passage dans son village, Wendy avait quelque peu perdu sa motivation d'avancer dans la magie pendant quelques jours. Sa séparation avec le vendeur si gentil avait été déchirante autant pour l'un que pour l'autre. Malgré la proposition de George, la jeune fille avait refusé de se rendre au cimetière pour voir la tombe de ses parents. Après tout, elle n'était même pas certaine qu'ils aient une tombe attribuée. Vu ce qu'ils avaient fait et le peu d'argent qu'ils avaient, elle était presque certaine qu'ils avaient fini dans une fosse commune.

Pendant les quatre jours qui suivirent, Wendy écouta d'une oreille distraite les enseignements de son maître, mettait trois fois plus de temps pour lire une page de son livre d'apprentissage et ratait systématiquement ses entraînements en insufflant dans ses sorts bien trop peu d'énergie.

En la voyant ainsi, George ne batailla pas pour qu'elle se concentre d'avantage. Il remarqua aussi que, si elle disait qu'elle allait bien, elle finissait toujours, pendant les pauses, dans les bras de Clara à se faire réconforter. Il décida donc, au quatrième jour, d'échanger sa place avec l'esclave conductrice pour qu'elle puisse s'occuper de son apprentie.

Wendy et Clara ne parlaient pas beaucoup, mais toute deux restaient collées l'une contre l'autre dans une étreinte réconfortante. À chaque fois que leur maître se tournait vers elle, il ne pouvait s'empêcher d'avoir un sourire en coin, attendri par cette scène.

Finalement, après deux jours, la thérapie de Clara avait fini par porter ses fruits. Wendy avait retrouvé le sourire et sa curiosité habituelle sur tout ce qui l'entourait. Ce regain de motivation l'avait même poussée à aller demander d'elle-même de reprendre l'entraînement.

Comme si cette pause lui avait été profitable, Wendy avait l'impression que les enseignements étaient bien plus clairs qu'avant. Cela se remarquait notamment lors des exercices pratiques où elle réussissait ses sorts bien plus vite qu'avant sans s'épuiser et tomber de fatigue.

À cause des conditions dans lesquelles la jeune fille s'exerçait à la magie, le plus gros de ce qu'elle apprenait faisait partie de la magie bleue, dite utilitaire. Elle était limitée dans la magie blanche vu qu'ils n'avaient pas le matériel nécessaire pour simuler une blessure et la magie offensive, la rouge, était bien trop dangereuse dans un véhicule fait de bois et de toiles en tissu.

Les seuls moments où elle pouvait s'entraîner à cette dernière étaient lorsqu'ils s'arrêtaient pour la nuit dans la nature. George lui demandait alors d'allumer le feu de camp par elle-même et lui donnait toutes les indications pour y arriver.

Si elle commençait à bien se débrouiller en magie utilitaire, c'était une toute autre histoire pour la magie offensive. Plusieurs fois, elle s'était retrouvée avec de légères brûlures sur les mains, mais son maître était toujours là pour les faire disparaître. À quoi cela pouvait-il lui servir ? se disait-elle. Comme leur nom l'indiquait, la magie utilitaire était utile et elle en voyait des applications dans la vie de tous les jours. À chaque fois, elle arrivait à relier un sort à une tâche qui lui avait été confiée en tant qu'esclave et pensait à la facilité ou la rapidité qu'elle aurait eu pour la terminer si elle avait connu ces sorts avant. Cependant, elle trouvait la magie rouge très limitée. Si elle permettait certes de faire un feu sans outils, elle était destinée à blesser les gens, leur faire mal. Pour preuve, le collier de fer qu'elle portait avait cette vocation et, même en obéissant à tous les ordres, finissait par créer une brûlure tout autour du cou de la personne auquel il était verrouillé.

Même pour se défendre, Wendy ne voyait pas en quoi cette magie pouvait lui être utile. Elle ne voulait en aucun cas blesser quelqu'un et préférait fuir un affrontement. Elle le savait, si elle avait connu ce sortilège lorsque les enfants de sa maîtresse l'avaient battue, elle ne l'aurait pas utilisé. Même face à ce genre de tortionnaire, elle ne voulait pas y avoir recourt. La jeune fille avait subi bien trop de violence et ne savait que trop bien le mal que cela pouvait faire pour avoir l'envie de la distribuer à son tour.

Wendy tome 1 : L'enfant esclaveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant