chapitre 14

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Jeudi matin, pendant le premier cours de la journée, je m'ennuie beaucoup. Mon prof est vraiment ennuyant. Pour passer le temps, je laisse mes yeux divaguer sur les gens de ma classe. Les filles se comportent comme des gourdes pour essayer d'attirer l'attention de Connor et Lucio, et je trouve ça profondément pathétique. Après, c'est peut-être juste moi qui ne suis pas comme les autres. À 17
ans, je n'ai encore jamais embrassé de garçon et encore moins sorti avec. Absorbée par mes pensées, je n'ai même pas réalisé que je fixais Connor. C'est seulement en apercevant le regard noir de ce dernier que je détourne le miens. Est-il capable de sourire au moins ? Je me le demande.

Une fois le cours terminé, je m'apprête à sortir quand Gabriel, le mec qui m'a ploté, me fait un croche pied, ce qui fait que je tombe par terre, en me cognant le bras à une table. Ce con se marre tandis que moi, et bah j'ai mal ! Je me relève avec difficulté. Sous le regard amusé de ses potes, je lui fais un doigt. Il hausse un sourcil.

- T'es sûr de toi ?

- Parfaitement abruti.

Je ne le laisse rien ajouter et sors hors de la salle. Est-ce que j'ai peur des représailles ? On peut dire ça, mais est-ce que je suis fière de moi ? Oui.

Pendant le deuxième cours de la journée, qui est un peu moins ennuyant que le premier, quelqu'un toque à la porte.

- Entrez.

C'est la directrice. Tout le monde se lève.

- Yesenia García, pouvez-vous venir s'il vous plaît ?

Je fronce les sourcils. Il y a un problème ? Tout le monde me regarde. Je me lève et là suis jusqu'à son bureau. Une fois dedans, elle m'indique une chaise d'une main. Je m'assois et attends qu'elle parle, stressée.

- Yesenia, ce que je vais vous dire ne va sûrement pas vous faire plaisir. Vos parents sont déjà au courant. Jeffrey Lewington s'est échappé de prison.

Oh. Mon. Dieu. Je reste sous le choc, je ne sais pas quoi dire. Cet homme c'est... un monstre. Rien de plus rien de moins. L'année dernière, dans mon ancien lycée, c'était mon prof de maths et... il est tombé amoureux de moi. Mais pas un amour normal et classique, non, lui était du genre à me fixer pendant les cours, venir jusqu'à chez moi pour m'apporter des sois-disants devoirs que je n'avais pas noté, écrire des menaces aux autres professeurs hommes avec qui je parlais pendant l'inter cours, et un jour, alors que j'étais au cinéma avec un de mes meilleurs amis, Andrei, dont il était extrêmement jaloux, ils nous a vu et... l'a poignardé. À 20 reprises. C'était l'horreur dans le cinéma. J'ai essayé de l'aider mais il m'a fait un croche pied et je suis mal retombée, c'est la raison pour laquelle j'ai dû arrêter de faire de l'athlétisme. Tout le monde criait, pleurait, hurlait... c'était horrible. Il y avait du sang partout, dont sur moi. Bien sûr, j'avais essayé plus tôt d'en parler à mes parents, et on était allé voir le directeur, mais ce dernier avait dit que tant qu'il ne m'avait pas agressé physiquement, il ne pourrait rien faire. Bien sûr après ce qu'il a fait il a été emprisonné. Il n'a même pas eu le droit d'aller dans un hôpital psychiatrique, car il était considéré comme « nuisible » et « extrêmement dangereux ». Des larmes inondent mes joues. J'ai peur. J'ai extrêmement peur. Et si il me trouvait ? Et si il s'en prenait à ma famille ? Cette dernière idée me donne envie de vomir tout mon petit-déjeuner.

- Calmez-vous... fait la directrice. Vos parents sont en route. Maintenant je vais vous demander d'aller chercher vos affaires et de me rejoindre dans le hall d'entrée s'il vous plaît.

J'acquiesce et repars vers ma salle de classe. J'essaye de rester sereine mais c'est peine perdu, les larmes coulent à flots. Je toque à la porte et rentre.

- Ça va ? s'inquiète Jonas en me voyant comme ça.

Je ne lui réponds pas et prends mes affaires comme un robot. Mon pire cauchemar est en liberté, et il peut se trouver partout à l'heure qu'il est. Partout...

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