MOURIR SANS DIRE ADIEU

Dimanche 6 janvier 2019

Chaque jour s’est écoulé agréablement. Ça fait toujours plaisir à la petite famille de l’avoir dans les parages. Cependant, il ne reste jamais longtemps. Il a passé la semaine à faire du sport, à se divertir avec les siens et à s’échanger quelques textos érotiques avec Lea. Maintenant, il est l’heure de se dire au revoir.  

Après s’être engouffré de légumes au cours du déjeuner, Ian décide de faire ses bagages. Demain, c’est la rentrée. Il faut qu’il soit de retour au campus ce soir au plus tard.

-« Tim ! Tiens-toi tranquille ! » Gronde sa sœur alors qu’il s’agite dans ses bras.

Ce n’est jamais facile pour lui de voir son grand-frère repartir et ne réapparaître qu’après un bon bout de temps. Il faut toujours quelque chose pour l’apaiser.

-« Viens par là frérot. » Se résout Ian à travers un geste.

Celui-ci s’approche en gardant les yeux tristes. Il se laisse entourer par ses bras sans regarder dans sa direction.

« Écoute, je vais te faire une promesse. Je te promets que, j’essaierai de faire de mon mieux pour vous rendre visite tous les week-ends. Ça marche ? » Poursuit-il en chatouillant son ventre.

L’enfant rit, se remue et lui adresse son approbation. Macy l’entraîne ensuite avec elle pour laisser leur frère  poursuivre son activité.

-« Tu es sûr de ce que tu dis ? Ҫa ne va pas poser de problèmes ? »

-« Rassure-toi frangine, c’est faisable. Je me rends compte que je consacre plus de temps à mes amis qu’à ma propre famille. Ce n’est peut-être pas très fraternel. » Répond-il en enfilant un T-shirt orné du logo de Beelbery.  

-« Tu peux aussi emmener Timmy avec toi pour qu’il ne nous rende visite que tous les week-ends. »

À cette plaisanterie, ils rient. Ils ont cru être très différents l’un de l’autre mais personne n’est aussi complice que ces deux là. Ils se comprennent sans trop se communiquer. Elle reconnaît les moments où il parle sans réfléchir. Comme maintenant, à prendre des décisions qui ne sont pas conséquences.

                              L’université de Beelbery se situe à deux heures de route  de Vincovin.  C’est une des universités les plus prestigieuses du pays.  Les bâtiments longs, l’architecture remarquable, les espaces verts, la fontaine située au cœur du campus et les allées en goudron rouge la rendent encore plus attrayante.  Cet endroit a lui aussi un droit à son attachement.

Des voitures allaient et venaient sur l’allée circulaire entourant le campus. Certaines appartiennent sûrement aux étudiants. Lui se décide de s’en acheter une un beau jour. Il fonde ainsi grand espoir sur son avenir. D’ici trois ans, il se voit déjà plein aux as sans vraiment savoir comment.

Du haut de ses vingt ans, Ian Efley ne sait toujours pas ce qu’il veut faire de sa vie. Aucune carrière envisagée, aucune ambition certaine. Il s’est toujours laissé mener par les flux de la vie. À ses derniers moments au lycée, il aurait bien voulu se faire repérer par un recruteur en vue d’entreprendre une carrière de footballer professionnel. Mais il y a eu ce problème vis-à-vis de ses notes. Maintenant, il se plie aveuglement aux conventions.  

-«  Bou ! »

Une voix masculine éclate avec brusquerie dans son dos et le surprend.

-« Même pas peur connard. » Rétorque-t-il sans se retourner. Il n’en a pas besoin. C’est Pavel Demaury, le jeune étudiant jovial au teint métissé et aux cheveux épars. Il le reconnaît mieux que personne et inversement. C’est quand-même son meilleur ami.