𝗘́𝗽𝗶𝘀𝗼𝗱𝗲 𝟬𝟮. "1968 dodge charter"

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Mes pas sont lents, je me sens apaisée

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Mes pas sont lents, je me sens apaisée. Toujours sur ce pont illuminé, je pense maintenant être à environ une vingtaine de mètre du chanteur quand j'entends quelqu'un m'interpeller : « Attends ! »

Lentement, mon corps pivote vers l'arrière ; j'espère que c'est bien moi que l'on vient d'appeler sinon, je me sentirais honteuse.

Pourtant, c'est bien moi, et étonnamment, c'est lui. Le brun s'approche de moi en souriant timidement, sa guitare est suspendue autour de son corps et je ne peux m'empêcher d'être inquiète. Et si elle tombait ?

« Umh... ça fait quelques jours que je t'ai remarqué maintenant, m'avoue t-il. »

Pourtant, je ne suis pas de celle que l'on remarque, on pourrait même me qualifier de transparente.

Je me tourne complètement vers lui histoire de paraître plus polie, et lui offre un léger sourire en enfonçant mes mains dans les poches de ma veste.

« Eh bien, oui, c'est vrai, je viens ici depuis plusieurs jours.

Ma musique te plaît ? me questionne t-il.

Umh, je sais pas qui a écrit ces musiques, et honnêtement, j'en connais beaucoup, et tu m'as,
chaque fois, surprise par rapport à ça. De plus, tu chantes vraiment bien.
»

Un léger sourire en coin s'installe sur ses lèvres devenues roses par ce froid d'automne et il pouffe.

« C'est moi qui les ai écrites, ces chansons. »

Ma bouche s'ouvre, laissant ma mâchoire pendre, et ce n'est même pas une blague. C'est lui qui écrit ces chansons ? Vraiment ?

« C'est... tes chansons ?

Il me semble que c'est bien ce que je viens de dire, oui, sourit-il. Et, merci, ça fait toujours plaisir de savoir que ça plaît. »

Je hoche simplement la tête. On se retrouve là, gênés —du moins, moi, je le suis légèrement— à se regarder dans les yeux. Les gens autour de nous passent et font comme si nous n'existions pas. Je finis par détourner le regard vers le bas, vers l'eau, confuse.

« Est-ce que... il semble réfléchir quelques secondes avant de reprendre, me faisant relever les yeux vers lui, est-ce que tu trouverais étrange et déplacé si je te demandais si tu avais cette soirée à m'accorder ?

Aha, pouffé-je. À vrai dire... étrange oui, déplacé... pas tellement non. »

C'est donc de cette façon vraiment étrange, je dois bien l'avouer, qu'on se retrouve à marcher jusque son ancien emplacement pour récupérer ses dernières affaires telles que son micro, l'étui de sa guitare et son petit gobelet que je n'avais jamais vu, avec quelques pièces à l'intérieur.

« Ça te dérange si on repasse à ma voiture rapidement ? J'aimerais déposer tout ça...

Oh non non, pas de soucis ! m'empressé-je de répondre. »

Ce soudain empressement à l'air de l'amuser puisqu'il me sourit avant de se relever avec toutes ses affaires dans les bras. Je m'approche donc, remplie de bon sens, et lui prendre une des boites, si je peux appeler ça comme ça, dans mes bras.

Il me remercie et dans le calme nous marchons quelques minutes jusqu'à sa petite voiture noire, deux places, assez ancienne.

À l'aide de sa clé, il ouvre le coffre et s'empresse de déposer le plus gros carton avant de me prendre le mien des mains. Dès que mes bras sont libres, je m'empresse de regarder la voiture de plus près.


« C'est la mille neuf cent soixante-huit Dodge Charter, m'avoue t-il en se plaçant à côté de moi, avec à la main le petit gobelet rempli de pièces.

C'est une très jolie voiture !

Elle est surtout en fin de vie, j'appréhende vraiment ce moment. Tu te rends compte ? Je devrais me séparer de mon bébé...

Tu l'as depuis combien de temps ? questionné-je en frôlant le vernis noir du bout des doigts. »

Il pousse un léger soupir et reste quelques secondes silencieux, je suppose qu'il réfléchit. De sa main libre, il bouge ses doigts en semblant compter.

« Pourquoi tu comptes autant ? Tu l'as pas depuis vingt ans non plus ! le taquiné-je.

Bah justement, cette voiture était à mon père avant en fait. Sinon je l'ai depuis mes dix-sept ans, et il l'avait déjà depuis... umh... environ quinze ans je dirais.

Ah oui quand même ! Elle doit en avoir du kilométrage alors ! pouffé-je en me tournant légèrement vers lui. »

Je prends légèrement le temps de le détailler, c'est une chose que je n'avais jamais réellement pris le temps de faire correctement. Ses cheveux bruns lui tombent sur le visage ajoutant quelque chose de mignon à son charme naturel, malgré que les éclairages autour de nous ne soient pas vraiment qualitatifs, je peux apercevoir son regard perçant sombre puisqu'il me regarde dans les yeux. Dans les yeux ?

Gênée, je détourne mon regard sur la voiture, mais honnêtement, je ne peux empêcher un sourire actuellement. C'est impossible.

𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓𝐋𝐘 - mini sérieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant