Chaque soir, lorsqu'elle allait sur ce pont, il était là, assis ou debout, et suivant la musique qu'il jouait, une guitare aux bras. Elle s'arrêtait quelques minutes pour regarder ses cheveux bruns voler au vent et écouter sa voix angélique, juste h...
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« J'espère que la pluie va s'arrêter, je ne compte pas te ramener chez toi sous l'eau, soupire Lukas en jetant nerveusement un coup d'œil dehors. »
Je ne lui réponds pas, déposant mes yeux sur la vitrine pour y voir ces cordes d'eau innombrables s'éclater au sol ou sur le verre de la vitre.
Un soupire s'échappe de ma bouche et je me laisse tomber en arrière, m'allongeant sur deux des machines à laver. J'entends difficilement Lukas rire et se placer à côté de moi, debout.
« Souris un peu Zoey ! Même si je te ramène sous l'eau, c'est pas grave ! On aura passé une soirée géniale !
— Dis pas ça comme ça, on dirait qu'elle est déjà terminée... »
Il me lance un regard furtif avant de secouer la tête en me disant : « Même si elle se finissait maintenant, on se reverrait. Pas vrai ? »
Après un petit silence, il s'empresse d'ajouter quelque chose.
« Promets moi de revenir chaque soir, je veux te voir sourire encore et encore, m'avoue t-il légèrement honteux. »
Je me contente simplement de lui hocher la tête en souriant comme une enfant, et en lui tendant ma main pour un high five. Et au lieu de me taper dans la main avec la sienne, c'est avec sa tête qu'il frappe ma main, me faisant éclater de rire.
« T'es con putain, rié-je.
— Je le prend bien grâce au "putain" tu sais ? »
Je m'apprêtais à répondre quand une vibration se fait ressentir dans la poche arrière de mon jean. J'attrape donc nerveusement mon portable et ouvre grand les yeux, découvrant ce nombre incalculable d'appels et de message.
« Zoey tu te fous de ma gueule ? 23h hein ? T'es où bordel répond moi »
Ma tante est littéralement en stress et en même temps, il est un peu... sept heures trente. J'ai abusé là.
Stressée, je jette un coup d'œil vers l'extérieur. Le soleil commence à se lever. Je passe ma main dans les cheveux en me levant brusquement. Lukas me fixe, inquiet, lui aussi.
« Umh, ça va ? questionne t-il doucement.
— J'ai pas vu le temps passé, je, umh... merde. Putain. »
J'essaie nerveusement s'ouvrir le sèche-linge mais le brun n'en a pas décidé ainsi puisqu'il m'attrape le bras de façon à me relever.
« Eh, respire, calme toi Zoey. Explique moi ce qu'il se passe maintenant, dit-il. Calmement.
— J'avais dit à ma tante que je rentrerais à vingt-trois heures. Il est bientôt huit heures Lukas. Elle a dû être tellement inquiète !
— Je vois, reprend t-il calmement. Commence par l'appeler pour lui dire que tu rentres... on y va. »
Je hoche la tête et m'éloigne pendant qu'il reprend nos affaires presque sèches.
Elle ne répond pas bordel.
Mon cœur bat à mille à l'heure, je m'en veux tellement. Elle a tellement dû stresser. Je n'ai pas le droit de faire ça, pas à elle.
Elle ne le supporterait pas s'il m'arrivait un truc, alors elle me sur-couvre un peu. Je suis la dernière personne qui lui reste, et inversement, elle est la seule famille que j'ai maintenant.
« Elle répond pas, soufflé-je énervée.
— Prends ton pull et ta veste, on y va. En plus, la pluie se calme un peu. »
J'attrape mes vêtements en le regardant du coin de l'œil enfiler son sweater.
Avant de sortir dehors, Lukas m'attrape par les épaules, me faisant pivoter vers lui. Il attrape la capuche de ma veste et la pose sur ma tête, déposant ensuite sa grande main sur le dessus de mon crâne. Il embrasse ensuite mon front.
« On va se dépêcher de rentrer d'accord ? dit-il simplement.
— Comment tu peux être aussi calme ?
— Stresser c'est mauvais pour le cœur, dis toi ça. Au fait, passe moi ton portable s'il te plaît.
— Si t'as passé cette soirée avec moi pour me voler mon portable fallait me le dire avant hein, blagué-je. »
Il me pousse doucement et je lui tends mon téléphone déverrouillé.
Il l'attrape et inscrit quelque chose, son contact je suppose.
Lorsqu'il me reprend l'appareil, je fixe directement mon écran. Un petit sourire passe la barrière de mes lèvres lorsque je comprends que « bg du pont » est son nom de contact. Je pourrais le changer, mais je n'en ai pas envie. C'est un peu beauf, mais j'aime bien.
Je rigole doucement et passe mon bras autour du siens. Et on sort, courant simplement dans les rues de Nashville pour rentrer chez moi. À chaque fois qu'on doit tourner, je hurle, nous faisant rire un peu plus, et surtout, nous ralentissant.
Lorsque lui et moi nous retrouvons devant chez moi, un petit sourire triste se pose sur nos lèvres.
« C'était une très bonne soirée, avoué-je.
— Une très bonne nuit tu veux dire, on vient de passer quelque chose comme douze heures ensemble hein.
— Oui. Une très bonne nuit. »
Un petit silence s'installe et je finis par me laisser tomber dans ses bras en souriant.
« C'était la meilleure soirée de ma vie. Bien mieux que ces soirées alcoolisées, où même les musiques que j'aime me font mal aux oreilles. Merci Lukas. Avec un K.
— Au plaisir, Zoey, avec un Y. »
Ses bras de resserrent autour de moi pour une étreinte remplie de douceur. Je relève ma tête vers lui, et sans surprise la sienne est baissée vers moi. Nos visages sont si proches alors tout deux gênés, détournons le regard. Doucement, avec ce même sourire scotché sur nos lèvres, je m'écarte doucement et jusqu'à la dernière seconde nos doigts se touchent, ils exercent même une pression ne voulant pas lâcher cette chaleur corporelle pour se froid d'automne.
J'avance à pas lents jusque-là porte noir de mon bloc, puis il m'interpelle.
« Zoey ! Je te promet qu'un jour, cette soirée deviendra une musique, la nôtre ! cri t-il. »
Et là, je souris comme une fille amoureuse pourrait le faire avant d'entrer définitivement chez moi.
