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Je sais pas si c'est le temps qui est capricieux
Dénué de sentiments, j'suis noyé c'est vicieux

   
  Il pleuvait dehors et il pleuvait aussi dans le cœur de Mikasa. Des torrents de flots silencieux coulaient dans sa poitrine et ruisselaient sur les fenêtres.
Cette journée allait être comme toutes les autres, à une exception près, il pleuvait.

  Mikasa ne pleurait pas, mais son cœur, lui, n'avait jamais cessé de le faire.
Il pleurait encore et toujours.
Il pleurait les peines du monde entier, de Mikasa et de ceux que l'on ne connaissait pas.
Il pleurait des douleurs interdites et crachait des mots rouillés.

  Son cœur pleurait et avant elle suivait.
Après combien de larmes arrête-t-on de pleurer ? Elle n'avait pas compté, mais le résultat devait avoir trois ou quatre zéro.
Même plus, puisque intérieurement c'était le déluge.

  La japonaise avait déjà ses problèmes, mais elle ne pouvait s'empêcher de régler ceux des autres. Elle aurait dû faire psychologue, ou avocate.
Cela dit, il était encore temps de changer de voie. Mais les études ne la branchaient pas plus que ça, elle avait déjà un CAP vente et un Bac Pro commerce, ça lui suffisait

  Du haut de ses 25 ans, la jeune adulte était très talentueuse en tout.
Même les colliers de perles qu'elle faisait en primaire étaient plus beaux que ceux de ses camarades.
Le talent ne lui manquait pas, seul l'envie et la motivation posaient problème. 25 ans est déjà dégoûtée de tout, quel gâchis.
 

   

             
Ça résonne
Mais j'm'y fais
Il est tard
Ça y est

 
  23 heures, les problèmes commençaient et son cœur pleurait de plus belle.
Il pleurait le mal-être du voisin d'en face, la maltraitance de la voisine du dessus, la mort de celle du dessous et les problèmes du vieux d'à côté.
Il chialait comme un gosse et faisait du feu en elle. Ça brûlait et se propageait aussi vite qu'un feu de forêt, la brune n'avait maintenant plus qu'un filet de voix cassé.

  On entendait la voisine pleurer sous les coups et les insultes de son mari. Tout le monde entendait. Mikasa aurait pu avoir de sérieux problèmes avec la justice pour non-assistance à personne en danger. En fait tout l'immeuble aurait pu en avoir.

" T'es qu'une petite conne ! Tu sais rien faire à part combler mes désirs et faire à bouffer ! Et encore, même ça t'as du mal ! Tu sers à rien, c'est moi qui paye tout ici. "

  Mikasa se bouchait les oreilles comme une enfant, faisant semblant de ne rien entendre.

  Après eux il y avait le vieillard de l'immeuble, presque centenaire et toujours aussi chiant.
Tous les jours il avait un nouveau problème qui n'en était pas un, et on l'entendait déverser sa haine sur rien d'autre que sa voix déjà éteinte.

  Puis ensuite venaient les pleurs saccadés du voisin d'en face, un jeune au bord du burn-out. Il avait l'âge de Mikasa, peut-être même un peu plus. Au travail, rien n'allait, avec sa copine, rien allait, avec son ex, rien n'allait, et pour la garde des enfants, encore pire.
Tout le monde connaissait son histoire, en même temps les murs étaient aussi épais que du papier cuisson, mais tout le monde fermait les yeux et se bouchait les oreilles lorsqu'il se lamentait.

  Et tard dans la soirée, tout se calmait.

  Mikasa pleurait, elle n'avait jamais arrêté, et les autres dormaient.

  Le monde dormait, et la Ackerman était éveillée, contemplant la ville et ses souhaits nocturnes.

    

Maxence - La Lune À 3H Du Mat

𝐓𝐚𝐞𝐝𝐢𝐮𝐦, 𝗆𝗂𝗄𝖺𝗌𝖺 𝖺𝖼𝗄𝖾𝗋𝗆𝖺𝗇Où les histoires vivent. Découvrez maintenant