Chapitre 5

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Ma mère me regarda incrédule. Mon père serra ses poings et tout le monde me regardait avec étonnement.

Keenan se tenait dans mon salon, assis à côté de son père. Il me souriait faussement. Je me baissais pour ramasser les bouts de verres éparpillés sur le tapis. Je le regardais méchamment alors que lui me souriait d'un air hautain. Ne regardant pas ce que je faisais, je sentis une énorme douleur dans ma main, du sang coula et très vite, la scène prit une autre tournure. Je sentais ma tête tournée, je regardais ma main, effrayée. La vue du sang était ma pire phobie. Ma mère se précipita vers moi et me parlait mais je n'entendis aucun mot. Keenan, toujours assis sur le canapé, ne souriait plus. Il se leva et je sentis ma tête partir en arrière. Je ne sentis plus mon corps, aucun contrôle de ma part sur ce coup ci. J'étais paralysée, me remémorant la scène dans ma tête du passé que je n'aurais jamais voulu penser y revenir. Je clignais plusieurs fois des yeux et je sentis quelqu'un me porter. En voilà une très mauvaise journée.

« Respires, respires Oksana, ne t'endors pas trop longtemps, restes avec nous » me revins-je en tête.

J'ouvris les yeux, Keenan devant moi entrain d'enrouler une bande autour de ma main. Elle me piquait énormément mais je fermais ma bouche je ne voulais rien sortir, surtout pas avec lui. Il me regarda d'un air sévère comme d'un père punissant son enfant à cause d'une bêtise faite. J'essayais en vain de retirer ses sales mains de ma peau mais rien y fait, il enroula plus fortement et son regard s'assombrit encore plus.

Oksana : C'est quoi ton problème ? T'es un dégénéré dans ta tête ?

Keenan : Fermes ta gueule, Oksana. Remercies moi plutôt pour t'avoir soigner.

Oksana : Même dans les rêves les plus fous au monde je te remercierais dans ma vie.

Il leva sa main et par pure protection, je mis mes bras et mes mains devant mon visage attendant le coup venir. « Respires encore un peu, restes ». Un moment de cinq secondes passa et rien. Un énorme fracas contre l'armoire de ma salle de bain se fit entendre.

Keenan : Tu as vraiment cru que j'allais te frapper, Oksana ?

Son visage se changea d'une teinte que je ne connaissais pas, normal je pense, je ne le connaissais pas. Il me regarda inquiet, en colère, apeuré ?

Oksana : Sors, maintenant. Je veux pas te voir, dégages de là.

Je le frappais dans tous les sens, les larmes coulaient sur mon visage.

Keenan : Pleures, c'est ça. Vous êtes bonnes qu'à ça, vous, les gonzesses. Je saurais tout ce que tu caches et ça t'explosera au visage ainsi que ta misérable vie. Tu vas le regretter de ne pas m'avoir remercier.

Il sortit de la pièce en claquant très fortement la porte. Je commençais à trembler, instinctivement je fermaient les yeux. Une autre crise de spasmophilie, comme toujours.
« Calmes toi Sana, penses à des belles choses » « la vie est belle, tout se passe bien » « tu es en vie, ce n'était qu'une mauvaise passe, ce qui compte réellement : ton coeur qui bat ». Mes jambes se mirent à trembler de manière forte, mes yeux se fermèrent sous le coup de l'habitude, je m'imaginais une autre vie, bien meilleure que celle ci. Mon père en tant que restaurateur, ma mère en tant que médecin.
Pourquoi fallait il qu'on vive dans un monde de brutes ? Pourquoi autant de haine envers la race humaine ? Pourquoi et pourquoi ?

Des larmes coulèrent de mon visage au sol carrelé, je m'agrippais à la baignoire située à ma droite et respirais dans une atmosphère calme et enfin contrôlée. Je me levais avec du mal mais finis debout, en face de mon miroir. Je ressemblais à rien, ma mine était affreuse, mes joues creuses et mes cheveux ternes. Il fallait que je reprenne ma vie, à partir de maintenant. J'essayais de m'arranger tant bien que mal et allais dans ma chambre chercher un sweat. Je me pris la poignée de la porte dans le nerf du coude, je fis une grimace et soufflais. Cette journée était catastrophique de A à Z.

Je redescendais en bas, tout le monde me dévisagea, ma mère me sauta au cou.

Mère : Ça va mieux Sana ? Ta main ? Tu as mal ?

Oksana : Non maman, je vais mieux. Où sont mes médicaments ? chuchotais-je.

Elle me regarda pétrifiée. Elle savait. Je la regardais avec un sourire minime et elle me montra l'emplacement de ceux ci. Keenan me regarda bizarrement mais toujours aussi méchamment. Je ne fis pas attention à lui et allais dans la cuisine. Je pris la petite boîte blanche et pris deux comprimés accompagné d'un verre d'eau fraîche. Je respirais. Je soulevais ma tête et regardais par la fenêtre. Il pleuvait dehors, les nuages noirs représentaient mon état d'en ce moment. Vide. Noir. Je vis une ombre, celle de Keenan, me regardant via la fenêtre, il était accosté prêt de la porte. Je me retournais en vif, le regardais. Il se contenta de faire une moue dégoûté et de secouer la tête de haut en bas, ne comprenant sûrement pas la situation. Je passais à côté de lui en baissant la tête et en le basculant. Je dis au revoir à tout le monde et montais les escaliers. Je m'assis sur la dernière marche et attendis.

Mère : Veuillez la pardonner, en ce moment, elle ne se sent pas vraiment dans son assiette.

Il fallait que je finisse cette société, que je la démolisse une bonne fois pour toute même si j'y laissais ma vie dans ce combat, il fallait que ça se finisse . Tout ce charabia ne pouvait pas continuer comme cela. À faire les aveugles. Nous sommes des moutons à respecter ça, ça et ça. NON ! STOP !

Je me levais et allais dans ma chambre en fermant tout doucement ma porte. Je soufflais un bon coup, mon cœur s'était calmé. Je mis mes écouteurs et mis la chanson préférée de ma grand-mère Pride de Syntax. Elle m'apaisa dans les moments incontrôlables de ma vie. Je pris une feuille et gribouillais tout ce qui me passait par la tête.

Après une heure de dessin, je reliais les derniers traits, les analysait et je somnolais avec les écouteurs dans les oreilles. Je sentis quelqu'un pénétrer ma chambre mais je fus à bout de force pour me battre avec cette personne. Je sentis qu'on me mît une couverture et qu'on me prit mon dessin. Je visualisais une personne se tenant droite comme un piquet avec mon dessin dans les mains. Ma vision se flouta, la noirceur gagna mes yeux, je ne vis pas qui était cette malheureuse personne avec mon contenu ignoble dans ses mains. Elle me chuchota à mon oreille une phrase que j'oublierais sûrement demain.

?? : Je vais t'aider à détruire cette société et on ne sera pas seuls, je te le promets. Dors mon coeur, fais de beaux rêves, à demain.

J'essayais en vain d'analyser cette voix masculine mais impossible de mettre le doigt dessus. Mon père ? Keenan ? Je soupirais et partis dans les bras tendres et réconfortants de Morphée en personne.

EXTHORN CITYWhere stories live. Discover now