↬chap. 1

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Une goutte de sang rougeâtre se laisse tomber sur le sol gris et froid. Elle s'élargit jusqu'à s'encrer dans le béton et en quelques secondes, devient prisonnière de celui ci.
Prisonnière, comme moi depuis maintenant 8 mois.

Je griffonne sur ma peau blanche à l'aide d'un morceau de métal pointu que j'ai trouvé là, au bas de la porte. Je laisse ma lame s'enfoncer sur le côté inférieur de mon poignet droit, jusqu'à ce qu'un liquide rouge jaillisse de celui-ci. Parfois je dessine des étoiles, des initiales ou alors de simples traits. Mes entailles sont tellement profondes que certains de mes dessins restent marqués à jamais sur mon corps. Cette douleur me permet de fuir, de m'évader. C'est une porte de sortie. Je plie mes jambes de façon à apercevoir mes mollets. Ça fait 243 jours que je suis enfermée ici. Chaque jour, je dessine un trait sur une de mes jambes.

Dans quelques semaines j'aurai 18 ans et je serai enfin exécutée. J'ai hâte de partir, de flotter dans l'espace tel un astre. C'est triste d'en arriver là, à me dire que la seule chose qui me rend heureuse c'est de savoir que tout ça est bientôt fini. Mais sur l'Arche, c'est comme ça que ça se passe. Toute sorte de crimes, même les plus stupides sont passibles de mort. Les adultes sont exécutés de suite, tandis que les mineurs sont enfermés jusqu'à leur majorité en attendant la mort. La mort.. Au début elle m'effrayait mais j'ai appris à l'aimer. Je l'attends avec plus ou moins d'impatience, et même si elle me fait toujours un peu peur, je sais que c'est la seule façon de sortir de ce calvaire.

Je fus sortie de mes pensées au moment où la porte de ma cellule s'ouvre d'une grande volée ainsi que la lumière par la même occasion. Je sursaute et cache de suite la lame à l'intérieur de ma chaussette. Deux gardes font apparition dans le cadre de la porte, munis d'une caisse noire.

- Prisonnier 144, face au mur.

Je ne me fais pas prier et obéis aux ordres. L'un d'eux ouvre la caisse et en sort une sorte de bracelet métallique. La panique commence à s'emparer de moi, je ne veux pas être exécutée. Du moins, pas maintenant.

- Qu'est ce que j'ai fais ? Qu'est ce qui se passe ?

- Taisez-vous.

Ils s'approchent de moi et s'apprêtent à accrocher le bracelet autour de mon poignet lorsqu'ils aperçoivent ma chaine.

- Retirez le bijou.

- Non, je ne peux pas, il appartenait à ma mère. Dites moi ce que vous comptez me faire !

Un garde s'approche de moi pour me prendre la chaine de force. Je me débats et donne des coups à l'aveuglette. Apparemment, je vise bien puisque lorsque je rouvre les yeux les deux gardes se trouvent au sol. J'en profite donc pour m'échapper de la cellule en courant le plus vite possible et en prenant soin de claquer la porte derrière moi. À ma grande surprise, plusieurs prisonniers sont dans la même situation, se faisant tous sortir de leur cellule avec un bracelet accroché. Mon pouls s'accélère et je me mets à courir n'importe où lorsqu'un garde ouvre la porte de ma cellule et essaie de me rattraper. Nous entamons une course poursuite dans la Skybox, au moment où je fus arrêtée par une voix qui me paraît familière. 

- Calista !

Je me retourne et aperçoit le Docteur Jackson. Surprise de le voir ici, je lui saute dans les bras. Je ne l'ai pas vu depuis ma dernière visite médicale qui remonte à il y a plus de 6 mois.

- Eric, dis-moi ce qui se passe ! On va nous exécuter, c'est ça ? Je t'en prie, je veux savoir..

Il plonge son doux regard dans le mien et pose ses mains sur mes épaules. Puis il déclare d'une voix apaisante:

- Eh, calme toi. Tu ne vas pas être exécutée. On vous envoie sur Terre !

- Qu- La Terre ?! Non, non c'est impossible ! Elle est encore irradiée !

- Et bien, il parait que non. Vous serez 100 à y aller. T'inquiète pas, ça va bien se passer.

Ses yeux se posent sur mon poignet. Il a remarqué mes cicatrices et il sait que j'ai recommencé. Il lève la tête vers moi, puis me regarde d'un air inquiet et compatissant. Il déglutit.

- Calista.. Je sais que c'est difficile à penser, mais on vous offre une seconde chance. Il faut que tu la prenne et que tu en fasse bonne utilisation. L'avenir est entre vos mains, entre tes mains.

- Eric, je veux pas y aller, pas sans toi ! Je t'en supplie, reste avec moi, je veux pas te quitter ! 

Sans un mot, il me prend dans ses bras et me sert du plus fort qu'il le peut. J'ai l'impression que le temps s'arrête, j'ai envie qu'il s'arrête à ce moment précis. Mais alors une flèche vient se planter dans mon dos et ma vue se trouble. Cette immense douleur me fait perdre l'usage de tous mes muscles, et alors je tombe dans les bras de mon très cher Eric. La dernière chose que je peux entendre est l'echo de sa voix qui répète:

- Je t'aime.. 

***

05/08/2020

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 07, 2020 ⏰

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