« [Archibald] appartenait à cette catégorie d'hommes envahissants dont on ne se débarrasse tout simplement pas ».
Lorsque j'ai débuté cette critique, cette remarque d'Ophélie dans les Disparus du Clairedelune m'a semblé tout à fait pertinente, non seulement pour débuter cette analyse, mais également pour résumer ce personnage.
En effet, Archibald, qu'on le veuille ou non, est une personnalité incontournable qui met les pieds dans le plat régulièrement... et surtout le nez où il ne devrait pas. Après des années à prendre des risques, ce sera en n'en faisant qu'à sa tête qu'il finira coupé de sa propre famille. Littéralement.
L'Ambassadeur est le premier de huit enfants, né dans un des trois clans principaux de la Citacielle : le clan de la Toile. On peut dire que sa charge d'aîné est la seule chose qu'il a pris au sérieux, du moins avant que la recherche d'Arc-en-Terre et de l'Autre ne devienne sa priorité. Ses cadettes sont au nombre de sept : Patience, Mélodie, Grâce, Clairemonde, Gaieté, Friande et Douce. Ce qui fait sept fois plus de chance de virer fou.
Ses sœurs, une bande de petites arrogantes et prétentieuses, ne rêvent que d'une chose : briller à la Cour, et c'est précisément ce que cherche à empêcher Archibald. Et il a du pain sur la planche avec toutes les dangers, les lieux de débauches et les crapules (dont il fait partie, je pense que c'est de bon ton de le préciser) qui pullulent dans la Citacielle.
Il veille sur ces dernières comme la prunelle de ses yeux, et il s'agit au départ des seules personnes auxquelles il tient. S'il pouvait les enfermer dans leurs appartements pour le restant de leur vie et ainsi les préserver de la Cour, il leur ferait. Seulement, quoique dociles fussent ses sœurs, les obligations de la Cour ne permettent pas exactement la réalisation de ce beau projet.
A l'occasion d'Opéra par exemple, elles sont exhibées à son grand désarroi devant la Cour, jetées en pâture à leur critique. Il essaye de contrôler comment elles s'habillent notamment lorsqu'elles sont en public, leurs fréquentations, réduites au minimum, n'hésitant pas à les éloigner de la Citacielle quand il le juge nécessaire, comme pour les envoyer aux Sables d'Opale.
Archibald est le cliché du grand-frère pour qui les petits amis approcheront ses sœurs quand il sera mort. Plus trois jours. Pour être sûr qu'il soit bien mort.
Bien évidemment, c'est de la Cour toute entière dont il veut protéger ses sœurs, pas simplement des prétendants. Il sait bien ce qu'elle peut faire à un homme. Il sait aussi qu'il en est la preuve et souhaite à tout prix éviter qu'elle transforme ses sœurs de la même manière qu'elle l'a changé, lui.
Il souhaite aussi les protéger de leur Esprit de famille qui serait bien capable d'intégrer une de ses sœurs à son harem. Farouk prête peu d'attention aux gens, mais lorsqu'il s'y intéresse... C'est rarement bon signe (pauvre Ophélie...). D'où son inquiétude par exemple dans les « Fiancés de l'hiver » à l'occasion de l'Opéra.
Contre Farouk qu'il hait et qui est l'Esprit le plus « indigne de son pouvoir de famille » (Dixit de la part d'un homme qui est quand même capable de venir en pyjama à trous à une cérémonie officielle), Archibald ne peut pas faire grand-chose. En revanche contre les autres...
Des moyens de pression et de menace, il en a. Issu d'un des trois clans de la Citacielle, celui de la Toile, il possède de la richesse, de l'influence et un statut qui le place déjà dans une position supérieure à la plupart des courtisans. Ajoutez à cela un poste d'Ambassadeur et vous avez un homme quasiment intouchable.
C'est étonnant que je n'évoque cela que maintenant : son impertinence est pourtant sa marque de fabrique. Archibald n'a de respect pour personne. En clair, il énonce tout haut ce que tout le monde pense tout bas et dit toujours le fond de sa pensée. En conséquent, il est plutôt connu (et apprécié par Ophélie) pour sa grande franchise, quand il ne donne pas seulement des semi-vérités. Il est bien le seul à ne pas mentir dans cette Cour. En ce sens, son pouvoir de transparence lui va comme un gant: il dit tout sans filtre.
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L'Analyse de personnages - La Passe Miroir
Разное« Au commencement, nous étions un ». C'est ainsi que commence le premier tome de la Passe-miroir. Lorsque j'ai lu cette phrase, j'ignorais que j'allais découvrir un aussi beau roman et me trouver autant transportée dans son univers. Et ce qui m'a l...