La rencontre avec la réalité : les Sales Gosses de Babel.
Octavio est la ville avec ses travers d'obéissance aveugle. Quand il ouvre les yeux peu à peu, c'est la ville qui les ouvre au même moment que lui.
Quel est le point départ de tout ? L'excursion avec Ophélie chez le professeur Wolf. Il n'est pas encore perverti comme sa mère et croyait vraiment aux idéaux de Babel. La désillusion est terrible. Il en aura d'ailleurs tellement honte qu'il refusera qu'Ophélie le regarde.
La rencontre avec le Presque-sans-peur-et-sans reproche (PSPSR, cela ira plus vite ne m'en veuillez pas) commence avec un Octavio condescendant, franc et méprisant qui prend même le luxe de l'insulter, auquel s'ajoute de la répugnance. Dans un second temps, Octavio se montre assez naïf et incapable de comprendre ce monde qui lui fait face. Comment pouvait-il espérer que simplement en leur demandant ils allaient se rendre et se disperser (c'était bien tenté... Stupide mais bien tenté). On est loin de l'orateur charismatique du Tome 4, ici ses argument tombent à plat, il est incapable de reprendre pied dans la discussion. Ce n'est même pas du courage de tenir tête au PSPSR (ou pas tout à fait). Il ne pense pas encore qu'on pourrait vraiment exercer de la violence sur lui. Il n'a encore jamais subi de violence, on ne l'a jamais frappé. Comment craindre, ce qu'il n'a pas encore éprouvé ?
Même à l'arrachage de sa chaîne, il ne moufte pas et parvient encore à se contenir. Attardons-nous un instant sur ce point. Ce n'est pas la métaphore la plus discrète, elle a le mérite toutefois d'être évidente : l'arrachage des chaînes. Ces chaînes brisées dorée que l'on retrouve dans la littérature (Salammbô de Gustave Flaubert pour ne citer que lui) et marque la fin des convenances, de la retenu et enfin la vrai nature du personnage révélée. Ici les chaînes ne sont pas brisées mais arrachée.
Cela va vous paraître étonnant, pourtant c'est un détail qui a son importance. Octavio n'a pas choisi d'enlever ses illusions, il n'a pas choisi de comprendre : la vérité s'est imposé d'elle-même et la forcée à la regarder en face par le biais du Presque-sans-peur-et-sans-reproche. Le fait qu'on lui ait retiré ce choix rend la perte des illusions encore plus difficile pour lui et lui enlève définitivement le contrôle sur lui et son environnement qu'il pensait avoir.
Bref, cet arrachage n'est pas le déclencheur de sa fureur. Ce qui la déclenche est la demande graveleuse que le PSPSR fait à Ophélie associée à plusieurs remarques désagréables. Le PSPSR se prend son poing dans la figure.
Après la marque physique de sa supériorité hiérarchique, cet acte est encore plus symbolique. Ce qui faisait la supériorité d'Octavio était pour lui sa capacité à respecter les règles et à se contenir.
Là, on lui rappelle de force qu'il n'est qu'un homme qui saigne comme un autre et qui peut se battre comme un autre. Suite à l'arrachage de ses chaînes, il explose. Lorsqu'il frappe le Presque-sans-peur-et-sans-reproche, c'est l'expression de toute sa frustration : adieu le beau contrôle sur lui-même. C'est évident que de temps en temps, tout le monde a besoin de se défouler. C'est pour cela qu'il vaut mieux se détendre dès qu'on ressent de la pression. Sinon, tout cela s'emmagasine et je ne raconte pas les dégâts lorsque cela explose. Dans le cas d'Octavio, c'est des années de privation à se contenir qui explose ce soit là. En une soirée, il a connu plus d'interdits que toute sa vie durant. Cette soirée est un cataclysme.
Il réalise qu'il n'est pas parfait (contrairement à ce que pouvait lui répéter sa mère) et qu'il n'est pas capable de respecter ses valeurs, ce qui le rend aussi abattu lorsqu'il se réfugie chez Wolf.
Avant Ophélie il avait toujours su où était sa place, regarder le monde d'un air dominateur car il savait où il allait et qu'il avait la capacité d'y aller. A cet instant il doute, alors il se tourne vers Ophélie qu'il qualifie de sa seule et l'opinion de sa mère.
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L'Analyse de personnages - La Passe Miroir
Diversos« Au commencement, nous étions un ». C'est ainsi que commence le premier tome de la Passe-miroir. Lorsque j'ai lu cette phrase, j'ignorais que j'allais découvrir un aussi beau roman et me trouver autant transportée dans son univers. Et ce qui m'a l...