1. 22 juin 2017

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Le tic tac de l'horloge accrochée au mur faisait écho dans la pièce.
Les murs gris souris donnaient une ambiance sombre à la pièce, malgré les petites illustrations , sûrement des enfants, qui peinaient à égayer le lieu.
Dans un coin, sous la fenêtre, une plante verte, une langue de feu aux fleurs blanches, était disposée sur un petit bloc de bois clair, servant de tiroir par la même occasion.
Et au centre de la pièce, un bureau de bois, d'une teinte unie et relativement claire, autour duquel se trouvaient deux chaises d'un côté, et une de l'autre. Toutes trois en tissu matelassé de couleur blanche. Sans doute pour donner de l'importance au confort, en vue du manque de modernité de l'endroit.
Pourtant, personne ne semblait y accorder d'intérêt, ou du moins, ce n'était pas le principal sujet d'inquiétude dans la pièce.

Le regard rivé sur le parquet ancien sous ses pieds, et les mains accrochés aux accoudoirs de la chaise, elle ne bougeait pas. Ce qui commençait presque à lasser son interlocuteur, ou du moins, la personne qui parlait, apparemment dans le vide. La voix chaleureuse malgré son timbre naturellement grave, ne trouvait de réponses que dans le silence entrecoupé de cliquetis réguliers, provoqués par la machine servant à instruire de l'heure.
Pourtant, il posait des questions à cette fille.
À cette adolescente aux cheveux relativement courts, blonds, et sans frange. À cette jeune femme à la peau claire, et aux traits dirigés par une sorte d'indifférence des plus totales.
À cette patiente, qui, d'après son dossier, serait atteinte de certains troubles.

Troubles sociaux, tout particulièrement.

Mais manque de précision, et manque de communication, le psychologue face à elle ramait sur une mer agitée par le silence, à l'espoir d'atteindre la simple rive d'un peu de détails. Juste quelques mots, qu'il voudrait au moins apercevoir au loin, pour comprendre.

Mais rien.

Un silence qui entravait sa parole, et un calme qui ricochait contre les murs.
Elle restait silencieuse, au delà d'être "un peu taciturne" comme la décrivait ses collègues avant lui. Ses collègues qui n'ont pas compris, et, pour la plupart, ont trouvé le moyen de céder cette tâche à un prochain. Les autres se sont juste débarrassés du plus dur, et restaient uniquement à disposition, si elle serait assez coopérative pour s'exprimer un jour.

“Solène ? Tu es toujours avec moi ?”

En guise de réponse, l'interpellée releva son regard chargé d'indifférence vers celui qui tentait de l'en sortir. Ses yeux chocolats autrefois, il s'en persuadait du moins, plein de joie de vivre et brillant de curiosité, étaient à ce jour, quasiment vides de toutes émotions. Si ce n'est cette impression qu'ils renvoyaient. Cette impression que le psychologue l'embête, que tout ça l'embête, ou qu'au contraire, elle s'en fiche. Qu'elle veut partir d'ici pour toujours, ou bien, rester ici à tout jamais. Cette lueur qui lui semblait floue, incertaine, destabilisa un instant l'homme.

Plutôt baraqué et costaud, peau colorée et yeux noirs, il avait atteint la quarantaine d'années. Il avait déjà vécu bien assez pour savoir ce qu'est la vie de la trentaine, ou les folies de la vingtaine après l'obtention des diplômes par exemple.
Pourtant, Mark, nageur passionné durant sa jeune époque, s'est bien vite trouvé cette passion à aider les autres. Un revirement du destin, lui qui pouvait déjà entreprendre un niveau professionnel. Un talentueux sportif local. Qui pouvait facilement espérer certaines victoires, au moins nationales, s'il se donnait un peu les moyens. Mais ça a changé. Depuis sa blessure. Ou du moins sa prise en charge.

Lésion aux ligaments croisés, et fracture de l'épaule droite, abimant par la même occasion son articulation sterno-claviculaire. Suite à un accident. Un accrochage. Il était en vélo. La voiture était plus résistante que son pauvre bicycle, et lui-même.

SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant