Chapitre 3

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La fin de la semaine arriva assez vite. Samedi, alors qu'il se dirigeait vers l'établissement, qui était un jour de devoir sur table, Paul le rattrapa dans la rue qui menait au lycée.

- Tu sais pourquoi on a cours aujourd'hui ? demanda Paul, on n'a pas encore DS hein ? sinon je ne sais même pas que quelle matière cela porte...

- Non, juste une messe. C'était écrit dans le calendrier, mec, répondit Léon avec un faux sourire.

- Ah oui... je ne le lis jamais.

- Je sais. Ça me soule aussi... mais bon je me disais que sécher la première messe de l'année, c'était un peu gros ? surtout que je n'ai déjà pas brillé cette semaine.

- Ah oui, avec cette débile de Speaks...

Ils entrèrent alors dans le lycée et on leur indiqua d'aller directement à la chapelle. En arrivant, Léon fut surpris d'y apercevoir les parents de Jacques. Ils ont osé faire une messe en son honneur ? Sérieusement ? pensa alors Léon, qui sentait la douleur remonter. Mme Doiron, la mère de Jacques s'approcha de lui :

- Léon ! Je suis contente de te voir. Comment vas-tu ? Veux-tu t'asseoir devant avec nous ? l'interrogea -t- elle.

- Très bien, et vous ? répondit-il, froidement. Je préfère rester au fond, si vous n'y voyez pas d'inconvénients. Je ne crois pas en Dieu après tout.

- D'accord... nous pourrons parler après la cérémonie si tu le souhaites.

- Je n'ai rien à vous dire.

Sur ces mots, Léon tourna les talons et pris la place à l'extrême gauche de la chapelle au fond. Paul et Antoine l'y rejoignirent. Le jeune homme faisait de son mieux pour contenir sa tristesse mais aussi la haine qu'il portait pour les parents de son ami défunt, et l'hypocrisie ambiante. Sans eux, Jacques serait encore là. La cérémonie continua. L'élève se levait quand il fallait comme un automate. Issu lui-même d'une famille catholique, et dans cet établissement depuis des années, il connaissait les pratiques, même s'il n'avait jamais réellement cru en Dieu. Alors que les chants montaient dans la chapelle, Léon sentit malgré lui, les larmes lui venir. Ne voulant se montrer si faible devant ses amis, mais aussi ses camarades de promotion, il quitta la chapelle avec le plus de discrétion possible. « J'ai besoin d'air », pensa -t- il alors. En sortant par le fond de la nef, il prit à droite et sortit dans la cour de l'école. Ni Paul ni Antoine ne l'avait suivi, sûrement endormi ou craignant les remontrances des professeurs. L'air était frais, même si le soleil était encore là en ce mois de septembre. Il fit quelques pas, serrant les poings pour ne pas extérioriser son désespoir, sa colère. Il se concentrait sur une chose : ne pas pleurer ; tellement qu'il ne remarqua pas M. Monnerville qui passait par là. Ce dernier l'observa un instant, profitant de l'effet de surprise. Son élève serrait les poings et les dents comme pour résister à une douleur qui le torturerait. Pourtant, à part cela, de profil, l'élève semblait parfaitement normal remarqua le professeur. Rien ne sortait des clous cette fois : celui-ci arborait une chemise blanche, et un pull bleu marine sur un pantalon et des chaussures de ville noires – comme un parfait élève de St Ignace. Sauf peut-être sa coiffure remarqua malicieusement le professeur, ces cheveux noirs paraissant toujours se battre entre eux. Il l'interpella alors :

- Léon, vous séchez la messe ?

L'intéressé, surpris se tourna vers son professeur, le fixant de son regard vert le rendant aussi inexpressif qu'il le pouvait.

- Non, Monsieur. Je prenais juste l'air... J'y retourne.

- Vous savez que je n'y vais pas moi...

Quelque part dans l'inachevéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant