Le Manoir

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      La pression monte au fur et à mesure que les heures passent. Je suis restée sous une douche bouillante je ne sais combien de temps. Je ne cesse de me demander pourquoi moi et ce qu'il adviendra de mon sort une fois là-bas.

Je commence à me préparer, il va bientôt être l'heure. Je me tourne vers ma garde-robe et choisis minutieusement une tenue noire de pole. J'opte pour un soutien-gorge noir en dentelle légèrement pailleté avec une culotte assortie, ne dévoilant pas trop mes formes rebondies. Je fais ensuite onduler mes cheveux blonds pour leur donner une jolie forme et je me maquille simplement avec tout ce qu'il y a de plus basique : un rouge à lèvres rosé, du mascara et un fin trait d'eye-liner. Je veux rester sobre et attirer le moins possible ce pervers. Après avoir mis ma tenue dans mon sac avec mes chaussures, j'enfile une robe noire satinée tombant à mes pieds et s'ouvrant dans le dos. 

L'heure approche, je me sens fébrile. J'ai pourtant l'habitude de me produire devant du monde mais j'ai l'impression que cette fois-ci quelque chose cloche. Il ne m'a pas tout dit... 

J'attends avec beaucoup d'inquiétude près de ma fenêtre, guettant l'arrivée du chauffeur de ce monsieur Hewitt. Finalement, il se pointe pile à l'heure avec une belle berline. Je ne veux toujours pas y aller mais je repense à ce que Tedd m'a dit. Je prends mon sac et je descends. Une fois dehors je respire une grande bouffée d'air, j'ai la sensation que je suis sur le point de m'évanouir. 

Je monte dans la voiture, le chauffeur est très gentil avec moi. Il doit me sentir tendue et me fait la conversation le long du trajet. Au bout d'une demi-heure, alors que nous avons quitté le centre-ville depuis un moment, il s'engage dans une longue allée menant à une grande bâtisse. Arrivés à l'entrée, je reste bouche bée lorsque le chauffeur vient m'ouvrir la porte. Il ne s'agit pas juste d'une grande bâtisse mais d'un manoir. En même temps, ce n'est pas étonnant vu le poste de l'homme qui occupe les lieux. 

Je dis bonne soirée au chauffeur et prends mon courage à deux mains pour me diriger vers les portes d'entrée. L'ambiance est étrange. Un tapis rouge a été déroulé et des torches encadre le passage. Je suis accueillie par un homme vêtu d'un costume noir ainsi que d'un loup pour protéger son identité. Cela me rappelle immédiatement que je devrais porter le mien. Je l'enfile rapidement avant de m'avancer vers le portier. Il ne semble pas me demander pourquoi je suis là, ni une invitation et me laisse entrer. Je pénètre dans le hall et aperçois quelques autres convives qui venaient d'arriver. Je commence tout doucement à comprendre dans quel genre de milieu je viens de plonger. Cela me donne des sueurs froides. Les autres invités ont l'air bien habillés mais ce ne sont pas de simples tenues de soirée. Au fur et à mesure qu'ils enlèvent leur manteau pour le donner à un domestique, je remarque d'abord les cuissardes noires en cuir vernis, les jupes beaucoup trop courtes laissant entrevoir des porte-jarretelles ou alors les longues robes fendues ne couvrant le torse qu'à partir du dessous de la poitrine, laissant celle-ci à l'air libre. Tous ces attirails sont évidemment luxueux, il ne s'agit pas de vêtements venant du premier sexshop du coin. J'aperçois également les tenues de certains hommes, costume pour la plupart ce qui reste classique mais soudain, je vois un individu enlever son pardessus pour laisser entrevoir une combinaison en latex. 

J'ai l'impression que la scène est surréaliste. Je n'ai jamais vu ça de ma vie. Ce qui suit me laisse encore plus perplexe. Une fois débarrassés d'une de leur couche de vêtements, quelques convives se mettent à genoux, présentant leur cou à la personne les accompagnant. Je vois alors les colliers en cuir les ornant, bientôt rejoints par une longue laisse. Une fois le rituel entamé, les convives se dirigent vers une autre salle et disparaissent de ma vue. 

- Puis-je vous débarrasser Madame ? 

Je me tourne avec étonnement, pendant tout mon temps d'observation, je ne m'étais pas rendue compte que j'étais restée dans le chemin à l'entrée. Un des domestiques était venu me trouver pour ne pas me laisser en plan là. Je balbutie un peu avant de lui donner mon manteau. Moi qui pensait que je serais habillée de manière à en faire trop, j'en arrive à la conclusion que je serai sûrement la plus ridicule de la soirée en étant "trop" vêtue. 

Prosterne-toi ou je te soumettrai...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant